Enquête : le jardin d’Après

Ruisseau bruit de l’eau qui coule :
http://www.youtube.com/watch?v=UhnAOrRgQFw

Au foyer d’accueil médicalisé de Mons-près-le-Puy se trouve un jardin formidable dans et sur lequel j’ai travaillé le temps de ma reconstruction. Il a contribué à ma résilience. Il me fournissait en outre le prétexte d’écrire régulièrement des articles dans  le journal des sens dont découle celui-ci . Quand je suis venue ici début 2008, Claudine P. m’a très vite présenté Serge G. qui faisait réaliser par les personnes accueillies des bâtons de pluie décorés selon la fantaisie de chacun. Serge m’a expliqué qu’il étaient faits d’une tige d’angélique sèche. Il ne savait pas vraiment l’état désespéré dans lequel je me débattais ni l’immense douleur qui emplissait chacun de mes instants. Et là, dans son atelier, j’ai aperçu des pépéronias et d’autres plantes ainsi que l’enthousiasme qui émanait de sa personne lorsqu’il parlait du jardin. Je crois que je peux maintenant parler d’espoir et d’avenir. Bien sûr,  je savais déjà que quelqu’un qui est jardinier et bricoleur ne peut pas être un imbécile et j’ai rapidement compris l’aide qu’il était susceptible de m’apporter. Depuis ce moment-là, le jardin ne m’a amené que des bonheurs et la certitude que je pouvais progresser. C’est pourquoi celui-ci tient une importance capitale dans ma vie. Par ailleurs, il me permet intellectuellement de m’enrichir, de me cultiver. Serge nous apprend la greffe, nous parle de légumes oubliés, de façons de les conserver par la lactofermentation, de recettes rares, il nous donne des idées d’articles de presse, bref il nous pousse à aimer jardiner. J’ai demandé à des résidents ce qu’ils pensaient du jardin. Certains m’ont envoyé promener tandis que d’autres ont circonstancié leurs réponses. Manu m’a déclaré : « Quand je suis arrivé ici, j’étais un peu dans les choux. D’y découvrir le jardin m’a fait l’impression de regarder une femme enceinte : c’est magnifique lorsqu’on voit le bébé grandir et là, on suit vraiment la croissance d’êtres vivants. Plus tard, je sèmerai un petit coin avec des légumes rares après avoir fait un coin classique. Avant, j’avais jamais eu de jardin et Serge a réussi à m’y intéresser. Avant, mes seuls centres d’intérêt étaient la 2 CV et la bouffe et un peu la politique. » Chantal poursuit : « J’aime bien le jardin. Il me rappelle mon enfance. Ce serait agréable d’avoir des parcelles surélevées. Avant, j’avais un jardin potager. J’aime bien les fleurs pour leur gaieté et qu’elles soient mélangées aux légumes. Nous avions chez ma tante des rosiers séculaires; les gens s’arrêtaient sur le trottoir pour les regarder. » Denis plaisante : « La terre est basse. Le jardin est un moment de liberté, de convivialité, un endroit où on peut s’exprimer. Mais ici, le jardin, c’est le bordel : il est mal rangé, les salades ne sont pas placées là où il faudrait, les patates se trouvent avec les fleurs, les allées ne mènent à rien et les fleurs ne sont pas séparées des légumes. En plus, le jardin manque de place pour s’y déplacer. Je distingue mal les allées et je confonds les légumes car je ne les vois pas. Je les reconnais parce que je les touche et que je connais l’endroit où ils sont placés. J’aime arroser, ramasser les haricots, passer le motoculteur, écosser les petits pois. Par contre, je déteste désherber et ne pas reconnaître ce qui pousse. Serge est très agréable, très méticuleux et surtout plein de bon sens même quand il est en colère. D’ailleurs, il a bien fait de foutre à la porte de l’atelier Viviane et Manu car ça leur a permis de manger toutes les fèves ! »

2009

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