Voici quelques années, Anne Lemare éditait un journal appelé jardin des sens, une publication du foyer d’accueil médicalisé Après. Elle travaillait en équipe avec Serge Guégan. A l’occasion de la sortie d’un numéro, elle avait ajouté un petit supplément intitulé dictionnaire des idées reçues d’après une idée de Viviane. Le voici…
Préface : Ce dictionnaire est dédié à toutes celles et à tous ceux qui ont fréquenté peu ou prou le jardin du F.A.M. Après, que ce soit pour mettre la main dans la terre (très argileuse au demeurant), pour y trouver son menu, pour y découvrir sa manne d’idées littéraires, journalistiques, créatives, photographiques, pour se mettre au vert, etc.
Au départ, ce jardin est essentiellement l’œuvre de deux personnes : Serge Guégan dit le chef (… du jardin) et l’ancienne directrice Claudine Poncy qui va toujours de l’avant contre vents et marées.
Le numéro 6 du jardin des sens relatait l’histoire de ce jardin, situait sa place deux ans après sa création dans un article et envisageait son avenir. Les quatre compères au début du jardin : de gauche à droite, Serge, Denis, Philippe, Michel
Ce dictionnaire se veut plein de clins d’œil à l’adresse des forces vives du jardin : les bêcheurs*, arroseurs*, semeurs*, planteurs*, désherbeurs*, tailleurs*, greffeurs*, décaillouteurs*, doux rêveurs, maraudeurs et la liste n’est pas exhaustive. Certains se reconnaîtront dans ce catalogue bien réel et sans idée reçue.
Notre jardin tient une large place dans notre reconstruction. Il nous a permis d’émerger de la déprime, de marcher aussi droit que possible, de voir qu’il était encore possible de voir, de sentir les odeurs (surtout pour ceux qui ne fument pas ou plus), de continuer sa route. Il a permis à certains de devenir des écologistes, des philosophes, des connaisseurs de plantes, des végétariens en herbe, même si Denis Thomas rêve encore de plants sur lesquels pousseraient des côtes de bœuf ou si Charles éradiquerait toujours les épinards.
J’espère que ce supplément au journal vous rappellera dans le futur des souvenirs de petits événements qui auront compté pour nous à un moment donné de notre vie.
* bêcheurs et bêcheuses : qui manient la bêche mais seraient volontiers adeptes de la grelinette. Comme Manu Dutheil.
* semeurs : Sérafine Foglia jette des graines qui s’envolent au vent, telle la semeuse de Millet.
* arroseurs : on dit que l’arroseur est arrosé; je pense surtout à Philippe Justiniani, le roi du tuyau qui en avait un bon.
* planteurs : tous les adeptes du rhum ou du punch.
* désherbeurs : néologisme qui vient du verbe désherber et dont les aficionados comptent Viviane Rousset-Gouin que les mauvaises herbes agacent surtout celles qui font des racines nouvelles à foison telle la potentille.
*tailleurs : on a vu Maurice Martel muni d’un sécateur couper les branches des osiers pour leur tailler une silhouette de rêve et ce n’est pas une illusion.
* greffeurs : ceux qui se sont essayés à la greffe en écusson sur les pommiers. Je revois Frédéric avec un greffoir et notre infirmière Chantal Fanget ligaturant le greffon avec un élastique.
* décaillouteurs : ceux qui ramassent les cailloux avant de les mettre en tas derrière le garage. Une pensée pour Denis Thomas la malice qui conduit comme personne les brouettes pleines mais les décharge parfois sur le chef qui a fini dans les barbelés et une pensée pour Hélène Viau qui finit ses jeudis dans la caillasse.
* doux rêveurs : Manu Dutheil dans toute sa quintessence.
* maraudeurs : Manu et Viviane depuis le coup des fèves.
A
ABRICOTS. Comme nous n’en n’avons pas greffé, nous n’en récolterons pas encore 
cette année.
AMANDES. Nous devrions mettre en terre celles du lycée de Clermont-Ferrand sis sur la colline aux amandiers car ces arbres sont adaptés au climat de montagne auvergnat. Projet à ne pas enterrer. Ne pas oublier non plus d’amender notre terrain.
ASPERGES. Nous n’en planterons pas non plus cette année, la terre n’étant pas sableuse… « Y’a qu’à »… dit le chef. Pourtant, il paraît si simple de faire un trou (les pelles sont conçues pour cela), de commander du sable chez Paulin, de la faire transporter au F.A.M. et déposer dans ledit trou.
ARROSAGES. Les cuves d’eau ne bénéficieront plus des bras tatoués et adeptes du culturisme de Philippe pour étancher la soif de notre jardin. Que Dieu le garde !
B
BETTERAVE.
Parfois qualifiée de coccinelle par Manu, elle rougit son extérieur en déployant ses spirales blanches et rouges.
BETTES. Également appelées cardes, elles arborent leurs côtes multicolores car elles sont loin d’être bêtes !
BOIS. Le bois et le terreau sont propres à composer des vers. Les pêcheurs les ramassent mais ont des difficultés pour en faire : une truite vit cet appât mais point n’y céda.
C
CAMPAGNE. Les gens de la campagne respirent un air bien meilleur que celui des villes, enviez leur sort !
CÈDRE. Celui bleu du Liban est une merveille. Ne pas le planter à côté du mur de son voisin en extrapolant les racines futures afin de conserver des rapports courtois et d’éviter le tribunal.
CHÂTAIGNE. Femelle du marron. Évitez d’en ramasser une sur la poire !
CRAPAUD. Mâle de la grenouille. Possède un venin fort désagréable. Pas très réjouissant quand on a la même face que lui.
CYPRÈS. Pousse dans les cimetières, si près des tombes. Glas, glas, glas…
D
DAHLIA. Originaire d’Amérique du sud, ses fleurs embellissent notre jardin et ses tubercules ont un goût entre les salsifis et l’artichaut, dégustés en salade et accompagnés d’une vinaigrette.
DOLIQUE. Dit haricot kilomètre et très apprécié des Chinois de Polynésie. Il ne file pas la colique même si ces deux mots riment.
DORYPHORE. Ennemi de la patate et grand consommateur de bouillie, surtout à Bordeaux.
DOUCETTE. Salade de douceur qui s’associe avec le blé.
E
ÉPINARD. Charles le déteste malgré sa teneur en fer; à lui conseiller pourtant en cas d’anémie.
ENDIVE. La cuisine centrale du Puy ferait bien d’en cuisiner un peu plus en salade ou braisées au lieu de proposer autant de charcuterie salée. Y a-t-il une diététicienne dans l’appareil ?
ÉTIENNE. Ami des jardins et des oiseaux, gagne sa vie à la sueur de ses fourneaux et fournisseur de choux et de pommes à l’occasion. Alors, à la tienne, Étienne
F
FÈVE. « Punition » des retardataires et régal potager du matin; sanction à ne pas réitérer sous peine de frais de graines supplémentaires et de trou dans le budget.
FRAISE. Comme Philippe n’est plus là pour les désherber, penser à un voile de paillage pour les empailler comme on voudrait le faire quand ceux-ci les mangent.
FRAMBOISE. Autre nom de Françoise. Son coulis accompagne le canard et se prépare en pâté de foie de volaille. Susceptible de remplacer les fèves en juin lorsque le chef sévira.
G
GINGKO BILOBA. Dans trente ans, nous découvrirons si c’est un mâle ou une femelle que nous avons planté car nous verrons si cet arbre pond ou non des œufs et s’ils sont meilleurs à la coque ou en omelette.
GIROFLÉE. N’a rien à voir avec le clou 
mais peut être le clou d’un spectacle au printemps lorsqu’elle est ravenelle.
GROSEILLE. Ne craint pas les gelées mais peut être mangée en gelée.
H
HARICOT. Donne à profusion en venant d’Espagne. Si quelqu’un court dessus, c’est qu’il très énervant ou s’il travaille pour eux, c’est qu’il est bien courge. A ne pas imiter.
HÉRISSON. Ami du jardinier, il se met en boule au moindre mouvement et recherche le compost riche en vers, surtout en alexandrins.
HERBE. Autre appellation du gazon qui rend fou; se fumer en joints. Il est mal élevé de la couper sous les pieds de quelqu’un.
I
IF. Espèce de conifère qui se prête bien à la taille et prénom de la chienne de Yann, une border colley remarquable.
ILLÉGAL Planter de l’herbe et du tabac est interdit par la loi mais les gardiens du désordre seraient bien mal venus d’arrêter tous les délinquants en herbe car les prisons déborderaient.
IMMORTELLE. Fleur de la famille des marguerites dont on fait des bouquets secs qui conservent leurs coloris, d’où leur caractère d’immortalité.
IRIS. Fleur souvent bleue qui se développe par rhizomes, très sensible à la pluie et qui orne les talus.
J
JARDINIER. Est en principe loin d’être idiot. S’acoquine avec la jardinière pour y faire des semis au printemps.
JARDIN ANGLAIS. Plus naturel que le jardin à la française; paysage des peintres.
JOUBARDE. Ou sempervivum. Ressemble aux petits artichauts qu’on mange à la croque au sel. Famille des crassulacées présente dans les jardinières.
K
KILO. Unité de mesure utilisée pour peser les patates et les carottes, suivie de -gramme ou utilisée pour mesurer les haricots chinois suivie de -mètre. Un belge demandera un kilo de haricots alors qu’un Chinois voudra des haricots au kilomètre.
KARITÉ. Dommage que cet arbre à beurre ne pousse qu’en Afrique équatoriale car il nous servirait pour accompagner nos radis et ajouter à nos épinards.
KIOSQUE. Celui du jardin Henri Vinay est utilisé pour abriter les musiciens et leurs instruments en cas de pluie ou de forte chaleur pendant que les auditeurs se les pèlent ou se brûlent.
KOKOPELLI. Préservateur de graines dont nous avons épousé la cause et ennemi de Baumaux qui ne tolère pas que les jardiniers produisent et échangent leurs semences.
L
LAITUE. La variété sucrine est ma
favorite et le dispute avec la reine des glaces.
LILAS. Il se décline en blanc ou mauve et embaume tous ceux qui l’approchent; ses bouquets sont parmi les premiers du printemps.
LENTILLE. Spécialité du Puy et de sa région, on ne la trie plus pour ôter les petits cailloux qui émaillaient ses grains
M
MAÏS. Venu du Mexique, il aime la chaleur et l’eau; ses épis multicolores sont une de nos curiosités potagères.
MELON. Il nécessite un arrosage répété à la belle saison et fait le délice de ses amateurs lorsqu’il est sucré. Préférer la variété petit gris en Haute-Loire.
MOUTARDE.
Nos grands-mères l’administraient en cataplasmes alors que Serge Guégan l’utilise comme engrais vert ou alors il lui arrive qu’elle lui monte au nez.
N
NAVET. Très bon dans la soupe ou glacé, il peut être jaune, blanc, rose ou noir. A ne pas aller voir au cinéma.
NÈFLE. Se consomme lorsqu’elle est blette après un coup de gel; se greffe sur le cognassier; en général, il est déconseiller de travailler pour des nèfles.
NETTOYER. Le jardin a bien besoin de l’être au printemps. Y penser très fort !
O
OIGNON. Si certains l’ont au pied, il en fait pleurer d’autres.
ORTIE. Se consomme en soupe dans son
assiette ou en purin sur les plantes.
OSEILLE. Denis Thomas en manque souvent et en gave Françoise Vérots.
P
PETITS POIS. Aiment se faire « écossais » sans cornemuse ni biniou et toujours sans tambour ni trompette.
PATATE.
PIOCHE. Elle permet d’enfoncer des piquets, d’avoir la tête dure, d’en faire une bonne ou une mauvaise selon la chance.
Q
QUAND. Mot interrogatif débutant la question angoissante du jardinier : « Dis, quand le printemps reviendra-t-il ? »
QUETSCHE. Prune alsacienne qui ne pousse pas pour des prunes mais pour se transformer en eau de vie; elle est bonne cuite !
QUEUE DE CERISE. En général, les gens qui ne s’en prennent pas pour une sont détestables.
R
RADIS. Mon légume favori depuis l’enfance.
RAMASSER. Les feuilles se ramassement à la pelle mis les souvenirs et les regrets aussi.
RAYMOND. Prénom associé à poireau, résident du F.A.M. qui adore le goût de ce légume et l’odeur de sa soupe.
ROUE. Utile pour actionner la brouette; celui qui l’a inventée a bien fait.
S
Sauge. Peut se consommer en tisane et se consumer divine (conseil émanant d’Hélène) mais à vos risques et périls ou est réputée, dans son jardin, éloigner le médecin.
Sens. Notre journal se nomme ainsi et s’adresse à eux.
Souci. On les laisse dans le jardin où ils fleurissent longtemps sans se lasser.
T
Taupinière. Maison des taupes qui se sont infiltrées à notre insu.
Tomate. Se marie bien avec la cerise sans prendre sa queue.
Topinambour. Légume oublié, star de la dernière guerre mondiale. A résisté à Hitler en s’enterrant.
U
Urbain. Monde actuel, bétonné, goudronné, où les jardins sont rares et que le monde rural tend à copier. Opposé au jardinier qui n’y trouve pas où semer.
Uriner. Peut se faire contre un abricotier si on en a dans son jardin mais ça ne sentira pas la rose.
Urticaire. Peut être provoquée par l’ortie et la fraise et donner lieu à des crises.
V
Valériane. Herbe aux chats qui adorent lers racines et que l’ombre de l’ombelle abrite. Valérie et Anne ont un chat, comment s’appelle-t-il ?
Ventouse. Utile à la vigne vierge de Vecchi pour s’agripper aux murs et aux grands-mères pour remplacer les cataplasmes de moutarde.
Ventre à terre. Tel le cheminement du ver de terre avant sa rencontre avec une taupe.
W
Wallon. Cultive les chicons mais préfère les frites.
W.C. Siège d’aisance installé sous les osiers d’Après.
Wombat. Animal inconnu des gens de notre jardin, gros marsupial herbivore australien qui creuse des terriers profonds, pourrait être un fléau du potager comme les campagnols.
X
Xanthine. Base organique dérivée de la purine qui donne sa couleur jaune à l’urine.
Xéranthème. Plante herbacée annuelle des régions méditerranéennes, communément appelée immortelle.
Xérès. Nom du vinaigre andalous préparé et vieilli deux ans au moins en fut de chêne.
Xylophène. Produit de traitement du bois des jardins qui imprègne les traverses de chemin de fer pour les rendre imputrescibles.
Y
Ypreau. Substantif qui vient de la ville belge d’Ypres où on aime le chicon.
Yucca. Plante arborescente ornementale à tige ligneuse qui fait s’exclamer à sa vue : « Yucaïdi, aïdi, aïda ! »
Youpi. Interjection marquant la joie, l’enthousiasme, la liesse. » Youpi, les carottes sont cuites ! » signifie que tout s’est bien passé.
Z
Zébra. Nom d’une variété de tomate verte dont le prénom est Green. Succulente et insolite.
Zinc. La toiture du kiosque du jardin Henri Vinay en est recouverte.
Zinnia. Fleur composée ornementale et exotique.
Novembre 2014