La consoude


La consoude (Symphytum officinale), de la famille des Boraginacées est  une de ces plantes dont la réputation a traversé les siècles. Elle est facile à reconnaître grâce à ses larges feuilles pointues, longuement pétiolées, et à ses hampes florales portant à 80 cm ou plus au-dessus du sol des grappes denses de fleurs en forme de cloche allongée de couleur variable : blanche, jaunâtre, rose, violette… Les grappes sont recourbées sur elles-mêmes pour former une « cyme scorpioïde », inflorescence « en queue de scorpion » caractéristique des Borraginacées : on la retrouve chez le myosotis par exemple. C’est encore par le toucher que l’on identifiera la consoude avec la plus grande certitude : ses feuilles et ses tiges sont couvertes de poils courts et raides donnant à celui qui la touche l’impression de caresser une joue mal rasée…
Cette sensation doit toujours être présente lorsque l’on cueille les feuilles de consoude : soyez sur vos gardes si vous avez affaire à de douces feuilles couvertes de poils soyeux. Il s’agit probablement de la mortelle digitale ! Si la confusion s’évite facilement quand les plantes sont en fleurs [La digitale que l'on nomme aussi "gant Notre_Dame" , possède de grandes fleurs pourpres en forme de gant,] elle est plus difficile à distinguer au printemps, avant que les hampes florales ne se soient développées. Et il est arrivé que des gens préparent au lieu de filets de consoude des « filets de digitale » qui auraient pu les libérer de tous leurs soucis terrestres s’ils n’avaient été prévenus à temps de leur erreur ! Alors, commencez peut-être par ramasser la consoude au cours de l’été, lorsqu’elle fleurit.
La récolte est rapide car les feuilles sont, bien qu’un peu rêches, faciles à cueillir. Les plus jeunes ajouteront une note toute personnelle aux salades composées. Quant aux plus anciennes, il n’en est de meilleur usage que ces moelleux « filets de consoudes », dont la saveur rappelle de façon surprenante celle de la sole !
C’est une plante vivace très robuste, à la floraisojn décorative. J’en ai trouvé des plants le long de la voie verte à Brives-Charensac et les ai plantés dans mon jardin; ils ont fait des petits. La consoude est utilisée depuis 2 000 ans en médecine traditionnelle. Elle est utilisée aussi de nos jours dans le traitement des contusions ou des entorses. Elle favorise la cicatrisation des blessures. Elle dispose de propriétés émollientes et expectorantes.
En cuisine, elle servait autrefois comme composant dans les salades ou les soupes. Elle a aussi été utilisée comme plante fourragère grâce à sa haute teneur en protéines et sa faible teneur en cellulose. On la considérait comme un aliment de choix pour les volailles et les porcs.
Le purin de consoude, est un complément parfait au purin d’ortie. Moins chargé en azote, mais contenant plus de potassium et de minéraux, il constitue un engrais de choix pour les plantes fleuries au jardin d’ornement ou pour les légumes et les petits fruits au potager. Il fortifie les plantes et leur permet de mieux lutter contre les maladies et les carences.
Quelle extraordinaire plante que la consoude ! En plus de ses qualités gustatives, sur lesquelles tout le monde s’accorde, elle possède d’importantes vertus diététiques. Ses feuilles renferment environ 5 % de protéines (en poids frais, près de 30 % en poids sec) équilibrées en acides aminés, c’est-à-dire de valeur équivalente, aux protéines animales, supérieures même à celles de la viande ! Et sa productivité est énorme : d’après des essais réalisés en Grande-Bretagne, un hectare de consoude peut produire environ huit fois plus de protéines que la même surface plan­tée en céréales et cinquante fois plus que si l’on y élevait du bétail pour la viande ! Peut-être y aurait-il quelque chose à creuser dans cette direction…
Attention néanmoins car la plante renferme, surtout dans sa racine, un alcaloïde pyrrolizidinique. À doses élevées, celui-ci s’est montré expérimentalement toxique vis-à-vis des animaux de laboratoire, provoquant de graves maladies du foie, potentiellement mortelles. Cependant, les études effectuées sur les êtres humains semblent avoir prouvé que la consommation raisonnable de consoude était sans danger. en Angleterre et aux États-Unis, des gens en mangent depuis trente ans sans connaître de problèmes de santé. La controverse déchaîne néanmoins les passions.

 

RECETTE : Filets de consoude

  • Préparez une pâte à crêpe assez liquide avec de la farine, des œufs, du lait (ou de la bière) et un peu de sel.
  • Collez deux à deux de belles feuilles de consoude, dos à dos, en appuyant avec la main ou un rouleau à pâtisserie (ou une bouteille) pour qu’elles adhèrent bien ensemble.
  • Trempez les feuilles dans la pâte puis déposez-les dans une poêle graissée très chaude. Faites dorer des deux côtés et dégustez chaud avec un filet de citron et quelques grains de sel

https://www.youtube.com/watch?v=hdkDCkzf8As

Novembre 2014


 

 

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4 réponses à La consoude

  1. Agnes dit :

    Bonjour ,
    J’ai découvert votre site par Alice ,une jeune femme superbe , qui habite actuellement à la chossonie .
    Au début nous étions que de simple voisins et maintenant il y a une grande amitier entre Alice et Yann .Nous échangeons nos connaissances et voilà que maintenant je vais sur votre blog que je trouve extrêmement intéressant ,et j’apprends beaucoup de choses .
    bravo ! et peut -être à bientôt .
    Agnès.B

    • viviane dit :

      C’est complètement étonnant que la voisine actuelle de ma fille Alice et de sa « crème de compagnon » Yann m’envoie un commentaire. Il me touche beaucoup d’autant qu’Alice et Yann que je vois moins souvent me manquent. Comme je sais que vous êtes une amoureuse des plantes, que vous ayez choisi la consoude pour me contacter me surprend moins; Vos bulbes de dahlia que j’arrose consciencieusement promettent une belle floraison. A quoi ressemblera-t-elle ? Mystère ! Les fleurs sont cachottières, elles réservent leur secret jusqu’à l’épanouissement. Je vous remercie pour toutes vos précieuses graines.
      Nous aurons l’occasion de nous rencontrer à la Chossonie. Pour le moment, mon merlin l’enchanteur de mari Serge et moi avons une multitude de choses à faire : les jardins, l’écriture, nos associations dans lesquelles nous sommes chacun présidents : l’association française des traumatisés crâniens pour lui, le G.E.M. Galaxie pour moi. Mais mon blog a dû vous apprendre beaucoup de choses !
      Bien à vous,

  2. Alice dit :

    Nous avons mangé beaucoup de filets de consoude cet été avec Yann. Je me suis amusée aussi à faire des filets de bourrache, mais avec une grande feuille seulement trempée dans la pâte à crêpe car son goût est plus prononcé.
    Accompagnés d’une salade, c’est vraiment bon.

    J’ai relu sur la consoude le chapitre que lui consacre François Couplan (« Dégustez les plantes sauvages ») que tu as d’ailleurs repris sauf cette précision que je trouve très intéressante à une époque où la consommation de produits carnés atteint des sommets et où on tombe donc dans l’extrême inverse, le végétalisme :  » la consoude renferme de la vitamine B12, que l’on prétendait absente du règne végétal et dont on pouvait, théoriquement, craindre la carence chez les adeptes d’un régime végétarien strict, ou végétalien ».

    Sur ce sujet, ça vaut le coup aussi de se pencher sur l’ortie : sujet d’un nouvel article ?

    • viviane dit :

      La première fois que quelqu’un m’a parlé de manger de la consoude, c’est Serge Guégan qui avait demandé à la cantonade comment faire manger du poisson aux enfants. De fil en aiguille, je me suis documentée et j’en mets un peu partout dans le terrain. En plus, c’est beau ! Avec celle hybride que tu m’as passée, je serai moins envahie. Je passerai à l’ortie et après la presle, un tryptique de choix !

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