Ma grand-mère


Ma grand-mère ici à droite, ma mère à gauche.

Quand ma grand-mère Victorine Archer revenait d’un de ses voyages ferroviaires à Perpignan et à Figueras, à la frontière espagnole, vêtue de son manteau d’astrakan, en vraie campagnarde, elle réanimait tout, d’un geste, d’un regard. Elle extirpait de ses valises de carton bouilli, les paquets enveloppés de papier kraft et dûment ficelés  de chanvre. Quelle rapidité d’exécution ! Quelle promptitude de geste ! Captivée par cette cérémonie extraordinaire et très inhabituelle, j’assistais sans mot dire et sans broncher, au déballage de ces trésors venus de loin au goût d’exotisme et d’inconnu. D’un coup de ciseau, elle coupait les fibres  écrues, libérait les richesses empaquetées, repliait soigneusement l’emballage qui sentait bon le neuf et le voyage. Elle racontait son expédition, parlait à son chien Pied-Blanc qui avait tant guetté son retour et qui, maintenant, flairait ses poches et s’enivrait de cette odeur retrouvée, elle jetait des coups d’œil à son monde qui faisait cercle autour d’elle, observait furtivement l’oncle André, vérifiait s’il n’avait pas maigri, posait sa main sur mes cheveux, reprenait l’ensemble de sa maisonnée. « Tout s’est bien déroulé ? Il a fait beau temps? Le boulanger est passé ? La Rosa et le Marcel sont venus comme ils me  l’avaient promis ? »
Au milieu de ces questions rapides et décousues, elle me tendait le carton à chaussures que j’ouvrais aussitôt pour en sortir la paire de mocassins de cuir crème. « Essaie-les pour voir s’ils sont bien à ta pointure et s’ils ne te font pas mal, surtout le pied gauche ! Tu sais qu’il est toujours plus grand que le droit ! »
Elle ramenait, enveloppée de papier journal, une bouteille de muscat de Rivesaltes pour l’oncle André. « Vous le boirez bien en apéritif pour changer de votre quintonine  !  Vous verrez, c’est très bon ! Ça vous revigorera quand vous aurez reviendrez de couper le bois dans votre cambuse ! »
Elle s’enquerrait de ses bêtes et de la maison : « La Rosa est venue traire  tous les jours comme elle l’avait dit ? La Bretonne lui a pas donné de coups de pied au moins ? Je lui ai apporté un paquet de café et du bon, elle qui aime tant en boire une tasse ! Son Élie n’a pas fait le travers ? Vous avez été chez la Louise et l’Albert voir la piste aux étoiles ? Ils vous ont payé le vin chaud ? Et la tante Marie, vous êtes allés chez elle pour la veillée ?  Madame Marrant va mieux ? Et les vaches ?  Vous les avez faites sortir ? Vous avez bien donné à manger aux poules ? Et les lapins ? La Rosa a bien mis le lait dans les bouteilles ? Et le jardin ? Où il en est ? Vous avez arrosé comme il faut ? Les petits pois ont donné ?»  Le déluge ininterrompu de questions pleuvait. Elle l’interrompait seulement une brève seconde pour reprendre sa respiration. Nous n’avions pas le temps de répondre, nous nous contentions de l’écouter et de la regarder, subjugués par son aura lumineuse qui traversait nos corps trop longtemps endormis  sans elle.
Dans la cour, elle inspectait les fleurs qu’elle avait bouturées, plantées et soignées. Car elle était experte dans l’art de cultiver les plantes, les fleurs et les herbes aromatiques, elle avait la main verte.  (Elle m’a d’ailleurs légué ce don par atavisme ainsi que la passion des jardins.) Elle s’empressait immédiatement de couper les fleurs fanées sur le buisson généreux du rosier qui poussait à côté de la fenêtre  et elle respirait goulument celles épanouies pour vérifier leur parfum. Elle s’apercevait que, sur un de ses géraniums rouges qu’elle conservait durant l’hiver en les suspendant la tête en bas, une branche pendouillait, cassée mais encore vivante. Aussitôt, elle cherchait une petite attelle de bois  pour soutenir et rattacher à l’aide d’un bolduc ramené dans ses bagages,  le rameau mal en point. Une fois inspectés ses géraniums qu’elle avait  patiemment repiqués dans des demi tonneaux métalliques, elle contrôlait ses précieux phlox roses au pied des acacias. « Ils se sont étoffés, tu ne trouves pas ?  Je pourrai bientôt  les dédoubler », jetait-elle à la cantonade. Nous la suivions, la regardions, captivés, tout en écoutant son monologue intarissable.
Pour être une habitante commune de Pont d’Alleyras, il ne lui manquait dans les années soixante que l’esprit de médisance. Car elle était trop accaparée par ses ardeurs jardinières, son amour des bêtes, son dévouement à la famille, son rôle de maîtresse de maison qui  la poussaient à mener la barque d’une main sans faille et à toujours prendre des initiatives. Veuve à vingt-six ans, dans la fougue de sa jeunesse, elle avait dû assumer seule le rôle de chef de famille, mère de deux fillettes en bas âge. Je ne l’ai jamais entendue s’en plaindre ni déplorer cette solitude matrimoniale qu’elle n’avait pas choisie mais qui lui était tombée fortuitement dessus.  Levée tôt et par tous les temps, elle conduisait la maison qui vivait et s’endormait à son rythme.
Les souvenirs qu’elle ramenait de ses voyages bisannuels dans le sud de la France où résidait une de ses filles -elle en profitait pour se rendre à proximité, en Catalogne-l’approvisionnaient en images et souvenirs dans lesquels elle puiserait les autres deux ans à venir. Après chaque périple, elle revenait à la maison, lourde de marchandises lointaines et étrangères, de coupons soyeux et moirés dont elle ferait confectionner une jupe et un corsage par la Marie Chauchat,  couturière à Alleyras; elle revenait chargée aussi de comestibles étrangers, de bonbons insolites, de chocolats en barres enveloppés de papier argenté, de prospectus de tourisme vantant telle ville ou telle curiosité, d’eau de Cologne et même parfois d’eau de Lourdes qu’elle avait le secret de dégoter un peu partout.…
Mais surtout, elle nous ramenait son regard clair, lumineux et vif, ses pommettes saillantes sous lesquelles se creusaient des fossettes rieuses, ses yeux légèrement bridés, son chignon relevé, sont front lisse et serein, son teint halé que l’âge ridait à peine. Elle nous revenait pétulante et aussi pétillante que le champagne, inquiète et  agitée de tout ce qui, privé de sa présence, avait pu advenir à la maisonnée. Elle n’a jamais su combien son absence, fut-elle épisodique, nous avait été lourde et que l’oncle André en avait perdu sa bonne humeur et son appétit de vivre tant il avait langui de sa présence sans la chaleur de  laquelle  nous  ne pouvions plus nous réchauffer.
Elle nous racontait quelques unes de ses aventures vagabondes:  » Madame Courbier m’attendait à la gare de Beaucaire où le train s’est arrêté un bon moment. J’étais bien contente de la voir. Elle m’a donné une poule en chocolat avec ses œufs pour Viviane; j’espère qu’ils ne seront pas cassés ni fondus; elle m’a apporté aussi du tissu pour qu’on lui fasse une robe. »
Elle poursuivait : « Figurez-vous que j’ai rencontré dans le wagon une algérienne juste avant Béziers ! On avait sorti nos repas de nos sacs. Elle m’a offert du pain algérien, on aurait dit de la brioche ! C’est dommage qu’on n’en fasse pas au Puy, j’en achèterais. En échange, j’ai voulu lui donner un peu de saucisson. Mais elle a refusé en me disant que sa religion ne lui permettait pas d’en manger. C’est dommage pour elle, elle ne savait pas ce qu’elle perdait; tout le monde ici me dit que je fais le saucisson et les saucisses sèches les meilleures ! Quand même, pauvre femme ! Et son petit qui avait l’air d’en avoir envie ! Le pauvre lui aussi, ça l’aura privé ! Quand j’y repense ! »
Elle enchainait dans son élan: « Avec Simone et Jean, on est allé au pic du Canigou; on a pris une route tout en virages et ça tombait à pic au bord de la route quand on montait. Une de ces dévalades ! J’avais tellement peur que j’ai mis mon foulard devant mes yeux pour ne pas voir le vide; j’en tremble encore ! »
Elle continuait avec animation : « En Espagne, on a acheté des langoustines grillées qu’on a mangées sur un banc avec des olives. On voyait la guardia civile patrouiller partout. J’avais attaché mon porte-monnaie sur moi avec une ficelle pour ne pas qu’on me le vole. J’ai ramené une mantille de là-bas et je la mettrai quand j’irai à la messe. »
Elle mettait provisoirement fin à son récit pour s’inquiéter de notre repas dont elle se chargeait habituellement. Car elle préparait et cuisinait tout ce qui provenait de la maisonnée : légumes des jardins et du champ que cultivait l’oncle André, fruits de nos plantations arbustives, viande du cochon qu’elle engraissait, volailles et lapins qu’elle élevait, produits laitiers tirés de la traite de ses trois vaches, Perle, Montagne et Bretonne, truites que l’oncle André pêchait à la main dans le bief amenant l’eau au moulin, girolles et cèpes qu’il cueillait avec moi  dans les bois de Babonnès près de Thoras ou mousserons ramassés  dans les prés autour de la maison.
C’est qu’elle était très active, sans cesse en mouvement ou affairée par quelque ouvrage. Elle n’était pas une ménagère soigneuse et maniaque mais une femme dynamique, entreprenante et travailleuse.
La famille comptait beaucoup pour elle. Elle pouvait recevoir de grandes tablées en été,  préparait pour ses convives de la macédoine, des tomates et des œufs à la poêle, de la salade batavia, des rattes sautées. Au dessert, elle faisait souvent du pain perdu et du riz au lait.
Les après-midi chauds de juillet et d’août, elle s’installait en compagnie d’une de ses filles, d’une voisine ou d’une amie sous les acacias de la cour. Chacune s’asseyait sur une chaise en paille après avoir bu le café rituel et se mettait à sa tâche respective. Victorine crochetait des petits carrés de laines de couleurs diverses qu’elle assemblait ensuite pour réaliser une couverture composée de ce patchwork coloré que formeraient la multitude de carrés réunis. Je conserve toujours précieusement et protégé des mites voraces un de ces couvre-lits chamarrés qu’elle m’avait offert.
Quand elle quittait la maison pour s’adonner à quelque besogne de campagnarde, terrienne jusque dans l’âme, elle chaussait selon le temps ses galoches à semelles de bois  ou ses bottes en caoutchouc trop grandes pour elle et qui montaient jusqu’à ses genoux. Elle avait enfilé son tablier muni de grandes poches dans lesquelles elle avait placé un opinel-couteau indispensable-, de la ficelle -on sait jamais- , un sécateur -au cas où-, une boîte d’allumettes -ça peut toujours servir-. Et elle partait à la conquête du dehors. Elle revenait plus tard avec une brassée de petit bois, des pignes ou un sac en plastique plein de serpolet, ou des noix, ou un autre trésor qu’elle avait glané au fil de son errance. Avant de rentrer dans la cuisine, elle quittait ses bottes qu’elle plaçait devant la porte d’entrée et chaussait ses charentaises. Je me souviens qu’un jour de dévergondage, j’avais mis un crapaud dans une de ses bottes. Quand elle avait voulu les enfiler, elle avait bien constaté qu’un corps étranger se trouvait au bout d’un de ses pieds mais, pressée comme toujours,  elle avait malgré tout vaqué à ses occupations. Ce n’était qu’en les retirant qu’elle avait constaté le forfait. Le crapaud sonné mais toujours vivant était heureux de recouvrer la liberté !
Elle préparait tous les deux jours une soupe de légumes ou faite d’orge et de châtaignes dont nous nous délections. L’oncle André y rajoutait dans son assiette creuse Cibon ornée de roses, un peu de vin. Elle la rangeait pour la conserver jusqu’au lendemain soir dans « la pièce de derrière » qui donnait au nord et qui contenait aussi le lait dans des biches en terre. La mémé, comme je l’appelais, retirait avec une écumoire, la crème qui était remontée à la surface pour la transformer en beurre. Elle m’embauchait pour baratter cette crème. L’opération s’avérait longue et fastidieuse.  J’ai d’abord connu la baratte à batte verticale en bois; il fallait que j’actionne vigoureusement le bâton qui traversait le couvercle de ce récipient pour que s’opère la transformation attendue. Ensuite, Victorine a acheté une petite baratte en forme de tonneau. Il fallait tourner une manivelle; le mécanisme  actionnait des pâles qui brassaient le liquide épais qui finissait par se transformer en beurre  « Après, je le laverai et le moulerai. Je pense que j’en ferai bien trois. La tante Marie, madame Flouret et madame Dupin m’en ont commandé. Tu iras leur apporter ce soir. » Pendant que je barattais, Victorine avait extrait de son épicerie un paquet de petits beurre; elle faisait fondre une tablette de chocolat sur le fourneau et déposait une cuillerée de la préparation  obtenue entre deux de ces gâteaux qu’elle collait ensemble  avant de les laisser reposer pour laisser durcir ce chocolat fondu. « Tu en prendras un en revenant de l’école; ça te fera comme des B.N. et tu les tremperas dans ton cacao chaud».  Elle choisissait presque toujours le mercredi pour faire le beurre : c’était justement le jour où le boulanger du village, le père Moury, faisait ses tourtes de pain de seigle. « Tu iras en chercher un quart de tourte, on s’en coupera une tranche et on y étalera un peu de beurre frais dessus. » Elle s’en régalait d’avance.
Sa tâche accomplie, elle franchissait le seuil de la maison pour retrouver ses chères plantes et les herbes de la cour qui agissaient  sur elle comme un véritable remède. Son effervescence se calmait, elle les auscultait longuement,  les touchait avec précaution, les arrosait, les débarrassait des « mauvaises herbes », relevait les tiges pendantes, ôtait celles flétries. Sa bordure végétale s’enrichissait de nouvelles trouvailles récupérées au hasard de ses flâneries et visites d’autres jardins villageois et d’échanges botaniques ou de trocs. Je viens moi-même, en mémoire d’elle, de réaliser plusieurs boutures du vieux rosier de sa cour que m’a données Suzanne,  l’épouse de son petit-fils Jean-Marc. L’une d’elle a déjà pris. Ainsi, la présence de Victorine se perpétuera chez moi à Espaly, dans l’épanouissement floral de juin.  Justement, elle est morte à l’hôpital un jour chaud de juin  1976 sans revoir les fleurs de sa cour qui doivent surement encore la pleurer.
« Vois comme les chrysanthèmes seront beaux. J’en apporterai au cimetière pour la Toussaint. Quand je pense que ça fait bien plus de trente ans que je les ai plantés ici. Il faudra que je leur mette un peu de fumier décomposé au pied. »
A Pont d’Alleyras, presque aucune maison n’était privée de jardin. Il se trouvait parfois un peu loin mais chacune possédait un emplacement tout proche où semer un peu de persil, de ciboulette ou de menthe destinés à aromatiser les recettes de cuisine et où assouvir le plaisir des yeux et de son odorat. J’ai toujours connu les hautes marguerites blanches, les soucis jaunes et orangés, les fragiles fleurs blanches à cœurs jaunes juchées au sommet des tiges graciles de la camomille romaine, les impatiens annuelles aux couleurs vives, semées tous les printemps, la misère increvable que la mémé sortait aux beaux jours et rentrait avant qu’il ne gèle.
Cette cour donnait un le ton à l’esprit de la maison sur laquelle Victorine régnait en souveraine. On y vivait l’été, on y faisait bouillir le linge blanc dans une grande chaudière chauffée au bois, on y faisait aussi cuire les pommes de terre pour les poules et  cochon,  le boudin et les caillettes enveloppées de crépine dans une autre, les écrevisses pêchées à la balance par l’oncle André dans le Malaval, on y stérilisait les bocaux de conserve, on y faisait sécher les plantes et les champignons sur un grillage posé au-dessus de cagettes en bois….
On pouvait aussi y manger quand il avait beaucoup de monde à la maison, on y tuait les lapins, la volaille, le cochon ou un chevreau récemment acheté. On y coupait sur un billot du petit bois pour allumer le fourneau, on y besognait toute l’année et par tous les temps. C’est là que je m’exerçais à faire du vélo. On m’avait acheté un petit vélo; j’ai d’abord utilisé quatre roues puis les deux roulettes ont été retirées. Je faisais plusieurs fois le tour de la cour sous l’œil attentif de la mémé et de l’oncle André. Un jour, j’étais tombée du vélo et ma cuisse éraflée saignait et me brûlait. Preste, Victorine avait détaché une grande feuille duveteuse du haut bouillon blanc et l’avait posée sur ma blessure. « Garde-la un moment, ça te soulagera ! » avait-elle conclu.
Il y avait en ce temps-là des hivers froids et neigeux, des étés ardents, des  saisons marquées. J’ai connu  alors des étés torrides où le soleil craquelait la terre qui devenait poussiéreuse et il fallait porter à bout de bras les lourds arrosoirs pour verser l’eau bienfaisante aux pieds des fleurs assoiffées et des arbres replantés à la dernière sainte Catherine. Mais, je n’ai plus retrouvé ensuite cette torpeur estivale ni cette couverture neigeuse et immaculée des vrais hivers de mon enfance.
Nos chambres étaient contiguës. Le soir, quand nous montions nous coucher, j’aimais rejoindre pour un moment celle de ma grand-mère. Je m’allongeais à ses côtés. Elle était abonnée au magazine Confidences qu’elle recevait chaque semaine. Cet hebdomadaire s’articulait en deux parties : des nouvelles sentimentales et romantiques d’une part, des témoignages et récits personnels de lectrices d’autre part. Je lui faisais la lecture de mes pages favorites. J’aimais lire à haute voix. C’est ainsi que j’ai lu les épisodes successifs des romans d’Anne et Serge Golon que publiait cet hebdomadaire. J’ai commencé par Angélique marquise des anges, poursuivi par Angélique et le roi, continué avec indomptable Angélique, Angélique se révolte, Angélique et le nouveau monde… Des images évocatrices de la séduisante Angélique aussi belle que Brigitte Bardot et de son fascinant mari et pourtant boiteux et balafré, Joffrey de Peyrac, me donnaient la chair de poule. Je faisais avec cette lecture mon éducation sentimentale par héros interposés, sous le patronage de mon aïeule. Et j’échafaudais à l’avance avec ma grand-mère des hypothèses sur la suite du prochain épisode.
Je ne sais pas si les autres petits-enfants qu’elle a laissés ont gardé d’elle un souvenir aussi prégnant que n’est le mien.
Vivifiante et chaleureuse, sa présence rayonnait autour d’elle, apportant une véritable cure de jouvence à ses intimes. Avec son visage halé et teinté de jaune comme celui d’une gitane, sous ses longs cheveux retenus par deux peignes et des épingles, elle avançait dans une sorte d’ardeur bucolique, une ferme assurance, une certitude assurée, un bouillonnement chevillé à l’âme d’éternelle nomade vagabonde.
Sa maison était à son image par le léger désordre que refusent les femmes conventionnelles  et policées.  Ma onzième année vit la séparation d’avec cet univers féérique et je ne fus plus que présente par jours qui m’étaient comptés, ceux où je pouvais m’évader de la ville qui me retenait, prisonnière de ses bâtiments sans herbes folles ni fleurs où poser le regard et alimenter l’imaginaire champêtre de mon enfance magique que la fée Victorine m’avait apporté en cadeau.
Ma grand-mère et mon oncle André fin1973

Décembre 2015

https://www.youtube.com/watch?v=pyxwA3X_638

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