Guerre scolaire au temps des béates à Saint-Privat-d’Allier

René Dupuy a écrit un article dans les cahiers d’histoire sociale, numéro 5, année 2014, duquel  j’ai tiré un résumé.

La politique antireligieuse a provoqué une rupture profonde entre ceux qui sont restés attachés aux valeurs traditionnelles et ceux qui ont adhéré aux idées nouvelles nées des Lumières du XVIIIème siècle. La laïcité est née de cette rupture.
De son acceptation ou de son refus se sont construits les clivages politiques futurs. Aujourd’hui, l’attachement à la laïcité est majoritaire en France. L’école fut en première ligne de cette bataille. Car la haute-Loire comme la Vendée et la Bretagne, de forte tradition catholique, furent très concernées par cette dualité scolaire.
Au XIXème jusqu’à la Grande Guerre, saint-Privat-d’Allier  est un exemple que l’on peut étendre à d’autres communes comme celle d’Alleyras.
La bataille y  connut trois phases : d’abord l’instruction des des garçons au chef-lieu de la commune, puis celle des filles dans le même lieu, en fin la création d’écoles mixtes dans les hameaux de la commune les plus éloignés.

I L’essor de l’enseignement primaire en France au XIXème siècle :
Sous l’ancien régime, l’Église avait le quasi monopole de l’éducation. La Révolution a laissé aux autorités locales, sans appui de l’État, l’instruction qui va végéter. Mais elle a posé les principes fondamentaux : l’éducation est une mission de l’État, elle est à la base de la démocratie, elle concerne tous les citoyens.
La première moitié du siècle fut consacrée à la scolarisation des garçons des villes et des bourgs. La loi Guizot de 1833 oblige les communes de plus de 5 000 habitants à entretenir une école publique de garçons.
La deuxième moitié du siècle se préoccupa de la scolarisation des filles.
A la fin du XIXème et au début du XXème, les lois Ferry de 1881-1882 densifie le réseau d’écoles publiques et énonce l’obligation scolaire. la veille de la grande guerre, la bataille de l’alphabétisation est à peu près gagnée.

II Saint-Privat-d’Allier, une commune représentative de la réalité altiligérienne :
Les hameaux sont nombreux, dispersés et éloignés du bourg. Les ressources du pays au XIXème viennent du travail de la terre, de la vente des grains et des bestiaux mais restent modestes au regard des 1 600 habitants. Ceux-ci vivent en quasi autarcie malgré l’ouverture due aux nombreuses foires. La population est très religieuse, attachée au clergé. Les notables locaux sont conservateurs et exercent une forte influence sur les habitants.
Les naissances sont très nombreuses jusqu’en 1914 et génèrent une importante population à instruire.

III Créer une école publique de garçons :
Il n’y a pas d’école dans la commune avant 1835. Les archives conservent la trace de Denis Beraud, frère des écoles chrétiennes, doté de son brevet de capacité et d’une autorisation d’enseigner. Il tient une école à Saint-Privat de 1823 à 1833 au moins. A cette époque vivent aussi sur le commune cinq ou six béates réparties dans différents hameaux. C’est à cette date que la municipalité décide de se doter d’une école communale de garçons, comme l’oblige la loi Guizot.

1835- La municipalité veut une école publique de garçons :
Le bourg ne possède aucune maison propre à recevoir ni instituteur, ni élèves. Le conseil municipal veut y pallier. Son projet est très ambitieux puisque le coût de la construction est estimé à 12 903 F, ce qui équivaut à quatre fois le montant total des recettes  au budget de la commune. Mais la requête auprès du préfet n’est pas suivie d’effet.
Dans les années qui suivent, la municipalité acquiert un terrain convenable pour y installer une école et nouveau projet est lancé : on ne parle plus d’école laïque mais d’école religieuse. En effet, le curé de la paroisse, Pierre Gire, dont la personnalité a une très forte influence sur ses ouailles, ne ménage ni sa peine ni ses deniers pour que le projet aboutisse. Pour lui, il est hors de question que le maître de la future école soit un laïc sortant de l’école normale. Aussi contacte-t-il la Société des frères de Marie à Saint-Chamond pour qu’elle envoie un frère enseignant à Saint-Privat.  Le projet traîne en longueur car l’argent manque.

1841 – Les Mercœur, châtelains de Saint-Privat, créent l’école et imposent une congrégation enseignante :
Vue sur le château et la vallée de Saint-Privat-d'Allier.
Le 26 décembre 1840, coup de miracle, madame Gabrielle de Romanet de Lestrange, veuve de Mercoeur et riche, informe le maire qu’elle souhaite faire un don à la commune de 4 000 F pour la construction d’une maison d’école et d’une rente annuelle perpétuelle de 4 00F. Cette donation est faite aux conditions suivantes : le ou les professeurs seront toujours d’un des ordres enseignants et non des laïques; que la commune fournisse un terrain pour construire l’école d’après les plans fournis par Mme de Mercœur, que l’école porte le titre de Mercœur qui sera placé sur un écriteau au dessus de la porte principale.
Le conseil municipal accepte l’offre et ses conditions, trop heureux de trouver une solution à ses soucis.
Ce don très important indique la volonté de la noblesse d’affirmer son emprise sur la population et son attachement aux valeurs religieuses traditionnelles.
La construction de l’école publique de garçons est achevée fin 1844. Mais depuis cette donation, on ne parle plus d’école publique mais d’école chrétienne.
Pendant que la municipalité s’active à régler les formalités administratives et les questions matérielles, le nouveau curé de la paroisse succédant à feu Pierre  Gire, l’abbé Brun, s’emploie à trouver des religieux brevetés pour l’école. Les tractations avec les frères maristes de Saint-Chamond n’ayant pas abouti, il choisit la congrégation des frères de l’instruction chrétienne dite Sacré-Cœur dont la maison mère se trouve à Paradis sur la commune d’Espaly-Saint-Marcel. La négociation est rude.
Outre le traitement annuel de 1 200 F pour les trois frères, la commune doit équiper l’internat, acheter le matériel pédagogique et  le trousseau personnel des frères.
La municipalité accepte et l’école ouvre à la Toussaint 1845. Elle comporte deux classes et accueille des élèves externes.
Le 7 février 1876, elle est détruite par un incendie. Le devis pour sa reconstruction s’élève à 8 385 F. L’assurance en prend en charge la moitié, un secours de 1 500 F est accordé par le ministère de l’Instruction publique. Les habitants sont encore mis à contribution. Les travaux sont promptement menés et terminés le 30 juin 1878.

1886 – La laïcisation de l’école provoque un grand émoi et des troubles dans la commune :
Dix ans après l’incendie, la loi Goblet ordonne la substitution d’un personnel laïque à celui congrégationaliste des écoles publiques. A Saint-Privat, cela ne se fit pas dans la sérénité. Il est vrai que la situation est confuse : l’école communale se prénomme école chrétienne, elle a été créée et fonctionne grâce à la générosité de la famille de Mercoeur dont la trente annuelle couvre le tiers  du traitement des trois frères chrétiens. Le préfet nomme deux instituteurs laïques dès la rentrée 1886 sans en aviser la municipalité. Celle-ci proteste. Un fervent républicain informe le préfet de l’agitation qui règne à Saint-Privat avec l’arrêté d’expulsion des frères et lui conseille la fermeté. Celui-ci se fait menaçant et exige que le local soit mis à la disposition de MM. Gardès et Roux, les instituteurs nommés par arrêté. Il envoie en même temps une lettre au commandant de la brigade de gendarmerie de Monistrol d’Allier.
L’école publique de garçons devient donc laïque en 1886. La famille de Mercœur demande par conséquent à la commune le remboursement du capital (4 000 F) et les intérêts depuis le départ des frères.C’est encore l’occasion d’une empoignade entre conseillers conservateurs et conseillers républicains.

1894 – La guerre scolaire débouche sur la création de deux écoles de garçons :
Les partisans de l’école religieuse, majoritaires, décident de construire une école privée religieuse. Les Mercœur y consacrent l’argent nécessaire.
Dès 1894, la maison d’école est prête. Le conseil départemental donne son accord pour qu’elle reçoive 38 élèves internes.
Après 1904 et la politique anticléricale du ministère Combe, l’enseignement de tout ordre et de toute nature est interdit en France aux congrégations. Pour pouvoir continuer leur mission éducative, beaucoup d’entre elles décident de séculariser leurs personnels : les maîtres d’école sont des laïques mais l’école reste une école privée religieuse. Cette « école des frères » ferme en 1957.
La guerre scolaire débouche donc sur une solution aberrante : deux écoles de garçons identiques et concurrentes au chef-lieu et pas de véritable école dans les hameaux. Les familles riches envoient leurs enfants à l’internat, les enfants des pauvres restent dans les villages où les écoles non autorisées sont tenues par les béates.
En 1912-1913, les effectifs accueillis traduisent les choix des habitants : 46 élèves pour l’école publique, 76 pour l’école privée. Il est question de supprimer le poste d’adjoint de l’école publique, ce que refuse l’inspecteur pour éviter la fermeture de l’internat car cela favoriserait l’école privée.
Dans ce climat de tension, le conseil municipal décide de donner à l’école publique le nom d’ »école Valette »,  le 7 mars 1920 en l’honneur d’un instituteur mort pour la France.

IV Éduquer et instruire les filles :
Avant 1870, les filles à la maison ou chez la béate :
En 1819, une lettre au préfet adressée par le maire signale que les parents instruisent les filles ou les font instruire hors de chez eux (sans doute chez la béate). Quelques années plus tard, le maire signale l’existence des demoiselles Girard et Descours appuyées par le curé M. Gire. Elles ont 70 élèves pendant l’hiver.
Un peu plus tard encore, pour l’année 1838-1839, sont signalées six institutrices pour les filles dans la commune pour 207 élèves accueillies en hiver et 71 en été.

1870 – Les religieuses de Saint-Joseph créent une école privée de filles, en 1877 elles s’installent au château :
La loi Falloux de 1850 prévoyait l’existence d’une école de filles dans les communes de plus de 8 000 habitants. Celle de Saint-Privat qui en compte le double, devra attendre 20 ans.
En décembre 1870, le maire informe le préfet qu’il met à disposition de la congrégation de Saint-Joseph du Puy un immeuble pour y établir une école privée. La première institutrice est sœur Élodie. Les locaux sont vite trop étroits. En 1877, La congrégation de Saint-Joseph achète le château des anciens seigneurs de Saint-Privat. Elle installe une école privée payante accueillant internes et externes.

1881 – 1887 La municipalité résiste à la laïcisation et défie le préfet :
Les lois Ferry de 1881-1882 qui obligent les communes à entretenir une école publique de filles forcent le conseil municipal à en créer une. Mais il demande que celle-ci soit dirigée par les religieuses de Saint-Joseph dans l’école qu’elles ont ouverte à l’ancien château. Mise en demeure d’ouvrir une école publique, la municipalité refuse de prendre les frais de réparation de la maison qu’elle met à disposition et qui abrite aussi la mairie. Elle parvient à rallier à sa cause le délégué cantonal, pourtant républicain, qui appuie auprès du préfet une solution négociée entre la municipalité et les religieuses de Saint-Joseph. Informé par son inspecteur primaire, l’inspecteur d’académie alerte le préfet.
Deux camps s’opposent : les républicains favorables à l’école publique, minoritaires dans la commune mais appuyés par l’administration et les conservateurs en faveur des congrégations religieuses et majoritaires à Saint-Privat-d’Allier. Le préfet reste inflexible et ordonne au maire de reprendre le projet antérieur d’appropriation d’une maison. Paroles fortes mais non suivies d’effet. Quatre années plus tard, l’inspecteur d’académie revient à la charge : il n’y a toujours pas d’école publique de filles à Saint-Privat, la commune compte 146 jeunes filles d’âge scolaire, dont 75 seulement fréquentent l’école privée congréganiste, près de la moitié sont donc non scolarisées ou fréquentent les écoles non autorisées des béates. L’administration décide donc la création d’une école publique et nomme une institutrice pour la rentrée 1887. Le local communal n’étant pas prêt, l’école ouvre dans une maison louée, propriété de l’institutrice ! Le registre matricule conservé indique seulement trois inscriptions au 1er octobre 1887, aucune en 1888, dix-sept en 1889. Les débuts de l’école ne sontpas faciles.

1903 – 1906 La loi interdisant l’enseignement aux congrégations relance la guerre scolaire :
Devant la perspective de la fermeture  l’école privée, l’école publique qui accueillait déjà trente élèves dans une salle de 29 m2 devra être agrandie pour en recevoir une cinquantaine au moins et pas mal de travaux doivent être réalisés . Leur  réalisation va être l’occasion d’une nouvelle chicane entre l’administration et la municipalité.
Mais l’afflux d’élèves n’eut pas lieu. Trois nouvelles inscriptions seulement auxquelles on peut en ajouter trois autres au cours de l’année scolaire. Car la fermeture de l’école privée tant espérée par les autorités académiques et le préfet n’eut pas lieu. Car la congrégation de Saint-Joseph avait trouvé une parade à l’interdiction d’enseigner : la sécularisation des personnels de l’école. Le 23 septembre 1903, par devant un huissier de justice, Mélanie Assézat, institutrice, dépose une déclaration d’ouverture d’une école primaire privée de filles avec pensionnait dans les locaux appartenant à la congrégation de Saint-Joseph. Comme pour les garçons, il y a donc deux écoles de filles au chef-lieu, toutes deux avec un internat.
L’école publique de filles restera dans la maison vétuste et même insalubre. Ce n’est qu’en 1930 que la municipalité décide la construction d’un bâtiment neuf et moderne abritant aussi la mairie. L’école s’y installe à la rentrée 1935. Mais la concurrence scolaire perdure encore longtemps et cette guerre cesse faute de combattants. Du côté de l’école publique, la baisse des effectifs entraîne la fermeture de l’école de garçons du chef-lieu en 1951; l’école de filles devient mixte. Le scénario est identique pour l’école privée avec le regroupement des deux sexes dans les vastes locaux de l’ancien château en 1957, fermeture en 1989.

V – Instruire les enfants des hameaux :
Nombreux et dispersés sur tout son territoire, les hameaux les plus éloignés sont à plus de 4 ou 5 kilomètres du chef-lieu. Comment scolariser leurs enfants ? L’altitude crée un problème supplémentaire en compliquant les déplacements en hiver où la fréquentation scolaire s’accroît.

Au XIXème siècle : la béate ou le caméristat :
Il serait plus juste de les appeler « sœurs » car on les appelait ainsi à Saint-Privat. Les « assemblées », ces petites maisons appartenant aux villageois abritent leur résidence à l’étage et la salle d’école au rez-de-chaussée.  Leur raison d’être est davantage religieuse qu’enseignante

Maison de la béate rénovée à le Villard

Pourtant les habitants parlent bien d’école lorsqu’ils se mobilisent pour construire leur assemblée.
Dans la commune de Saint-Privat, il y a sept béates en 1880 dans les hameaux un peu importants. Leur instruction est limitée mais elles savent lire.
Les familles un peu aisées des hameaux scolarisent leurs enfants dans les écoles publiques ou privées du chef-lieu qui comportent toutes un caméristat. Qu’est-ce ? Les maîtres d’école peuvent loger et nourrir leurs élèves. Leurs régimes varient mais l’hygiène, la propreté et la décence sont très déficientes.  Dans les années 1960-70, ce caméristat est remplacé par le ramassage scolaire.

Dans les années 1900 : comment généraliser l’instruction primaire dans les villages isolés ?
Lorsque l’administration décide la généralisation de la scolarisation au début du XXème siècle par un réseau d’écoles mixtes dans les villages, l’exode rural sévit déjà et la forte fécondité fait que les enfants sont nombreux. En janvier 1902, l’inspecteur d’académie conclut dans un rapport qu’il faudrait quatre écoles mixtes : à Varennes, à Praclaux, à Mercœur, à Rougeac.
Les habitants de ces hameaux commencent eux-mêmes à pétitionner dans ce sens. L’administration et le préfet vont donc faire le forcing auprès de la municipalité pour obtenir deux créations les plus urgentes : Varennes et Praclaux. Celle-ci, hostile aux écoles laïques, va d’abord refuser puis faire preuve d’inertie et de mauvaise volonté lorsque l’administration opiniâtre décide leur ouverture d’office en 1906.

Création de l’école de Praclaux : les « Ribeiroux » ont la pétition facile :
Comme la municipalité n’a rien fait pour cette école de Praclaux, le premier local convenable semble être la maison d’assemblée. D’abord opposés, les habitants poussés par ceux des hameaux voisins qui signent des pétitions et contre-pétitions donnent leur accord; la béate se sentant rejetée quitte le village et libère les lieux.  L’école est donc créée sans attendre la rentrée suivante avec une institutrice à sa tête. La municipalité se décide alors à mettre en chantier une maison d’école en bordure de Praclaux afin de limiter les trajets des enfants des autres hameaux. Le 8 décembre 1911, l’institutrice prend possession  de la nouvelle maison. Elle fermera définitivement en 1989.

La création de l’école de Varennes exacerbe les tensions entre républicains et conservateurs :
Le scénario de la création de l’école de Varennes reprend  celui de Praclaux. Pétitions pour et contre . Ici aussi, c’est l’administration qui prend les devants en créant d’office un poste d’instituteur. Devant l’inertie de la municipalité, le préfet met en demeure la prise de mesures d’urgence pour l’installation de l’école : louer un local, acheter le mobilier nécessaire.  L’école ouvre à Pâques 1907.
Le projet de construction d’une école neuve est conduit en même temps que celui de Praclaux. Là aussi, la baisse des effectifs rendra inévitable la fermeture en 1967.

La création de l’école publique de Mercœur : une école laïque sur les terres du marquis de Miramon ?
Un conseiller municipal écrit à l’inspecteur d’académie le 15 octobre 1907 pour l’ouvrir. Dans les années suivantes, celle-ci ne se fait pas car il n’y a pas assez d’élèves en 1911.  En 1919, même situation. Les familles les plus aisées scolarisent leurs enfants à Saint-Privat dès qu’ils ont 8-9 ans. Les enfants des familles pauvres vagabondent dans les rues des hameaux.  Après avoir décompté les enfants d’âge scolaire, 52 à 60 de 6 à 13 ans, l’inspecteur conclut à la nécessité d’une école à Mercœur.
Une foi encore, l’administration prend l’initiative en créant à titre provisoire puis définitif une école mixte en 1919. Comme elle est nstallée à l’étroit dans l’ancienne assemblée du village, le conseil municipal  décide la construction d’une école neuve en 1936. Hélas, le projet traîne, la guerre arrive et ce n’est qu’en 1957 que sa réalisation est effective.
Quant à Rougeac, la baisse de population est telle que le projet tombe. Les enfants de ces villages sont contraints d’être internes jusqu’à la mise en place des transports scolaires.

Conclusion :
La commune de Saint-Privat-d’Allier illustre parfaitement le long combat pour l’instruction primaire.  La scolarisation de tous les enfants de 6 à 13 ans des communes rurales pauvres coûtait cher. Mais plus que le coût financier, ce sont les mentalités qui ont mis beaucoup de temps à évoluer et jusqu’aux années d’entre-deux guerres les enfants de la plupart des paysans ne sont scolarisés que de Toussaint à Pâques.
La notion de laïcité a eu beaucoup de difficulté à être acceptée.  La laïcité que la IIIème République a voulu imposer  à partir de 1880 a produit un véritable choc culturel dans la société. Le rejet a été total par les personnes attachées à leur croyance religieuse et soumises au clergé tout puissant avec une guerre tantôt larvée, tantôt aiguë des deux camps.
L’influence des notables et des familles nobles a marqué cette communes comme d’autres communes semblables.
Quant à la guerre scolaire, ici comme ailleurs, elle a cessé faute de combattants  : il ne reste plus qu’une école à deux classes dans la commune qui a perdu les deux-tiers de sa population alors qu’avant la Première Guerre il y avait sept écoles et dix classes.

Juillet 2016

 

 

 

 

 

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2 réponses à Guerre scolaire au temps des béates à Saint-Privat-d’Allier

  1. Danielle Rodde dit :

    Encore une fois, Viviane, tu nous ramènes dans la petite histoire de nos racines et à la lumière de celle-ci, on comprend mieux les dires, les sentiments et ressentiments qui couraient dans notre enfance qui est loin mais qui nous marque à jamais! Le résultat des querelles entre les écoles à St-Privas, ma mère les a vécus à fond et nous en parlait. Elle est née en 1910, à Mercoeur, en face du château partiellement en ruine à l’époque et c’était son aire de jeu durant toute son enfance. Sa promenade favorite, une fois vieille, c’était d’aller au château de Mercoeur, de pique niquer dans son allée sous les arbres plusieurs fois centenaires. Elle nous parlait des châtelains qui venaient de temps en temps mais ne vivaient plus là: M. De Miramont de Mercoeur.
    Elle a appris toutes ses prières et quelques rudiments d’alphabet et de calcul avec la sœur Paulet, béate de son village (nous avions une photo d’école de cette période mais où a-t-elle passée? Je n’en sais rien). Après, durant 3 ou 4 ans, elle est allée comme pensionnaire chez les soeurs de St-Joseph, au château de St-Privat, juste à côté de l’église et que l’on voit très bien sur la photo qui illustre ton texte (la grosse bâtisse à gauche). Elle y allait de novembre à mai, comme tu le dis.
    La sœur Torrent, (qui m’a fait l’école) religieuse enseignante de la congrégation de St-Joseph à Alleyras, était de St-Privat et est allée aussi à cette école primaire. Elle nous rabattait les oreilles avec sa reconnaissance envers les familles nobles bienfaitrices des écoles religieuses. À Alleyras, c’était les De la Garanderie Roland de la Baume. Il fallait, ordre de la sœur, les recommander à Dieu dans nos prières.
    C’était bien rétrograde ce que nous avons vécu là. Heureusement que ma mère nous a sorties de là et que nous avons eu la chance, à l’école laïque, d’avoir Melle Maranne, une jeune institutrice de 20 ans, dynamique et devouée qui nous a fait rattraper notre retard

    • viviane dit :

      Tes précisions concernant cet article sont extraordinaires et m’incitent à faire des recherches aux archives; elles touchent en plus des personnes d’Alleyras dont ta mère. dans le prochain Volcan (journal de la communauté de Cayres-Pradelles) devrait paraître une photo réunissant filles et garçons scolarisés à Pont d’Alleyras dans l’année 1936-1937. Leurs noms seront mentionnés.

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