André Parat qui habite Pont d’Alleyras a écrit ce conte paru dans le magazine Volcan n° 87 de décembre 2016-janver 2017.
Par dessus son grand nuage, le Père Éternel regardait le père Noël s’affairer dans son immense atelier pour préparer les cadeaux pour les enfants de la terre.
Il l’interpela : « Dis-donc l’ami, tu te bouges doucement, tu seras en retard pour tes livraisons« . Le Père Noël répondit : « Tu me surveilles… et bien oui, tout ce travail commence à me peser. Je me fais vieux, comme toi d’ailleurs. Mais je ne suis pas Dieu, je ne fais pas de miracle. Je crois être un humain, ou presque, qui en a plein les bottes. Tu sais, sur la terre, ça bouge drôlement : manifestations en tous genres, défilés, grèves… Jusqu’à présent, j’ai gardé le silence. A moi maintenant de manifester. Tu vas connaître l’enfer ! »
« Oh là là » dit l’Éternel, « même les pères Noël font le souk. Tu penses qu’il n’y a pas assez de bazar sur notre pauvre terre mal barrée. Écoute, nous allons discuter de tout ça devant une bonne table. Aux deux barbus. D’accord ? A demain. »
Le bon Dieu descendit sur son nuage… radioactif, cadeau des humains, et son vieux copain l’attendit sur son vieux traîneau écolo. Ils prirent place et choisirent le menu : buchette de Voie lactée, Saint-Pierre à la sauce Archange, cheveux d’anges à la pluie d’étoiles filantes, Barbe à papa aux rayons de lune, vins des Rois Mages.
Après le dessert, le Père Noël posa ses conditions : « Il me faut un bon remplaçant après les fêtes car je prends ma retraite, que ça te plaise ou non ! Un nouveau traîneau pour me promener avec deux jeunes rennes. Un bungalow dans un pays chaud avec un ange de ménage pour la mère Noël; si tu acceptes, je finis la saison, sinon j’arrête de suite et… à toi le travail ».
Le père Éternel ne céda rien du tout. Mais, obligé, il descendit d’en haut pour remplacer le Père Noël. Il attaqua le travail. Il parcourut la « grande » liste des enfants à gâter, répartit tous ces cadeaux dans les hottes et pensa aux livraisons.
Le Père Noël, d’abord étonné puis confus, prenant pitié de son vieux patron, descendit à la
rencontre de son remplaçant : « Allez, à deux, ça ira plus vite ».
Et l’on vit, pour la première fois, travailler avec entrain et bonne humeur deux extraterrestres, le Père Éternel et le Père Noël et assurer les livraisons pour la grande joie des petits enfants en cette nuit de Noël et donner aux habitants de la Terre un exemple de réconciliation, de bonne entente et de paix.
Décembre 2016