L’usine Canard et le Gem

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L’association « groupe d’entraide mutuelle mutuelle Galaxie » de la Haute-Loire a habité après sa  création en 2007 au Puy-en-Velay, dans un grand appartement place du Breuil, situé au-dessus du café du Palais. On voit à gauche le grand balcon duquel on avait une belle vue.
Puis, le GEM a déménagé pour lune petite maison située rue des Capucins au Puy-en-Velay. Celle-ci se trouve juste en face de l’entrée d’une grande maison de maître et tait sans doute habitée autrefois par le concierge de l’inspection académique.

LE PUY EN VELAY - L'USINE " CANARD " & LE QUARTIER - Le Puy En Velay
Cette grande maison de maître a une riche histoire : le 25 septembre 1904, le personnel de
l’entreprise Canard pose pour la photographie sur le long balcon d’une façade du bâtiment.
Celui-ci devient ensuite l’Hôtel Royal en 1929.

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette demeure abrite les services du ravitaillement, avant d’être cédée au département en 1951.
De 1953 à 2003, elle loge l’inspection académique puis est revendue à un privé dont l’épouse, sous le nom de « Royal Détente » utilise une partie comme salon de coiffure.

C’est l’opportunité de faire une page historique:
Auguste Canard (1852-1925) crée à Lyon une entreprise de fabrication de coiffes de chapeaux (partie tissée placée à l’intérieur des chapeaux). Mais, en conflit avec la municipalité lyonnaise et connaissant l’habileté des dentellières ponotes, il s’installe au Puy et achète une grande partie de la colline du Mont Ronzon.
En 1893, il crée sur ce terrain une usine de 1 000 m2 avec un chauffage à vapeur actionné par une dynamo. Ces bâtiments ont été détruits en 1977 et le lotissement Les Feuillantines construit sur cet emplacement.
En contrebas de l’usine, il fait construire en 1903 la grande maison de maître déjà évoquée plus haut, également bureau de la direction.
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L’entreprise emploie jusqu’à 339 salariés en 1908. Jusqu’à 100 000 coiffes à chapeaux sortent tous les jours de l’usine  et sont expédiées dans le monde entier. La « réclame » est traduite en anglais, allemand, espagnol et italien.
Les sirènes de l’usine Canard rythment la vie des Ponots, bien plus que les cloches des églises.
Pour ses productions, l’usine utilise du cuir, ce qui la conduit à ouvrir un atelier de tannerie à Vals.
Cettte prospérité ne dure pas. L’entreprise est victime de la guerre de 1914-1918, de la mort du fondateur en 1925, de la crise de 1929 et de l’abandon de la mode du chapeau. Les fils Canard continuent à gérer cette activité en déclin.
Avant la Seconde Guerre mondiale, la société constituée par Auguste Canard-fils et Jean Morel s’appelle la SIFHE (Société industrielle française d’habillement et d’équipement). Elle fabrique, à partir de la peau de mouton, des moufles, des canadiennes et des chaussons. Elle fournit en canadiennes l’armée de l’air française.
Après la guerre, les productions de la société sont commercialisées par les tanneries Sidem. A partir de 1953, celui-ci loue les bâtiments industriels de la rue des Capucins et de la tannerie de Vals. C’est la fin de l’entreprise industrielle Canard. Elle aura été la plus importante usine industrielle du bassin du Puy avant celle de Sidem, quarante ans plus tard.
La ganterie Canard gérée par ses fils emploie une quinzaine de salariés jusqu’en 1972 avec comme publicité « Le gant Canard ne craint pas l’eau ».
Denis, un autre des fils Canard, ingénieur chimiste, refuse de devenir salarié de Sidem. Il crée une tannerie artisanale à Espaly-Saint-Marcel en 1954.

Canard, des coiffes, un grand industriel
Auguste Canard, cet homme « qui s’est fait tout seul » a un sens aigu des affaires. Il est républicain, franc-maçon et patron paternaliste. Il sait aussi améliorer les conditions de vie des salariés. Il crée une société de secours mutuel, une pouponnerie d’entreprise avec 12 berceaux, pour que les femmes puissent allaiter leurs enfants pendant le travail. Les mères de famille ont deux semaines de congés maternité. Des visites médicales gratuites sont payées par l’entreprise.
Tous les ans, un grand banquet réunit tout le personnel et l’harmonie musicale de l’entreprise de 50 personnes anime la soirée.
En 1908, pour remercier son patron, le personnel lui offre une plaque en bronze de l’artiste Marcelin Sabatier sur laquelle est inscrit « En semant vos bienfaits, vous récoltez notre reconnaissance« .
Auguste Canard compte dans la cité : il devient président de la chambre de commerce, administrateur de la banque de France, adjoint au maire du Puy.

Ce patron de combat décoiffe
Industriel engagé, la position d’Auguste Canard sur la rédaction du temps de travail décoiffe !
Après le vote de la loi relative à la journée de 8 heures (en 6 jours), le 23 avril 1919, il mène un combat acharné contre la réduction du temps de travail au nom de la chambre de commerce du Puy. Il prononce un véritable réquisitoire contre cette mesure dans une plaquette de 1922.
Voilà l’histoire de l’industriel qui a fait construire la maison de maître où réside l’actuel propriétaire de la maison située en face de son entrée que loue actuellement le Gem.

Décembre 2016

 

 

 

 

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