Le moulin de Perbet


Qui connait la vallée de l’Aubépin, située entre Laussonne et Saint-Front, dans le département de la Haute Loire ?
De jour et à la belle saison, elle apparait souriante sous le bleu du ciel, avec son ruisseau -l’Aubépin- dont l’eau coule sur un lit de pierres grises, refuge pour les truites.
Mais la nuit, tout change, et ce qui n’était que banal en journée, prend alors d’étranges dimensions. Ainsi, les « Pierres longues » imposants blocs granitiques, se transforment, dans l’obscurité, en d’inquiétants géants, chargés de surveiller la vallée… Parfois, une lumière blanche, à l’origine inconnue, danse dans les bois l’entourant.
Celle-ci est peu habitée aujourd’hui : seules quelque maisons éparses témoignent d’une présence humaine. On peut y voir les vestiges d’un hameau -le hameau des Crochets- envahi par les arbres. Il est émouvant de visiter ces pauvres ruines, et de songer que là, des hommes, des femmes, des enfants vivaient pourtant il y a cent ans. Le promeneur, longe ce qui était la maison de la Béate -les Béates, institution typique de la Haute Loire du XIXème siècle-, pénètre dans ce qui reste du moulin des Crochets…
Ce moulin défraya non seulement la chronique locale, mais également internationale à la fin de l’année 1902. De multiples articles de journaux relatèrent les mystérieux phénomènes -toujours inexpliqués- dont il fut le théâtre. La presse belge, la presse écossaise s’emparèrent également du sujet !
Aujourd’hui encore, les quelques habitants de la vallée ne consentent à parler, que du bout des lèvres, de ces mystérieux faits ; pourtant ils ne les ont pas connus! mais de génération en génération, ceux-ci portent l’effroi dans les âmes simples.
S’il est une étrange histoire de maison hantée dans le département, c’est bien celle du moulin Perbet, tapie dans des lieux particulièrement isolés, qui forment aujourd’hui encore un cadre idéal pour une telle histoire.

Les filles du meunier projetées en l’air par une force invisible
L’origine des faits remonte à décembre 1902. Sur le chemin de Laussonne marchent vaillamment trois paysans de retour du marché. C’est alors qu’ils entendent pleurs et hurlements à hauteur du moulin, niché au milieu de nulle part. N’écoutant que leur courage, ils décident de s’y rendre. Les trois hommes vont découvrir en ces lieux une scène de hantise typique de ce qu’on appelle aujourd’hui le poltergeist (un phénomène paranormal spontané et répétitif, se manifestant par des déplacements ou lévitations d’objets, par des coups sonores… selon le Larousse, NDLR).
Les deux filles du meunier, Marie et Philomène, âgées de 12 et 14 ans, ont les yeux révulsés et sont en proie au phénomène paranormal. Elles sont projetées en l’air sans raison, et traînées sur le sol par une force invisible. Tout autour d’elles, les éléments se déchaînent dans la maison : la vaisselle vole en éclat et se brise pendant que les meubles se renversent. Des couvertures quittent les lits des chambres et vont recouvrir les vaches à l’écurie (de nombreux témoins disent l’avoir vu, NDLR).
Malgré leurs efforts, les paysans n’arrivent pas à maîtriser les jeunes filles. Un sabot est projeté contre un carreau comme par magie et le brise. Une pierre arrivant de l’extérieur brise l’autre carreau. L’un des paysans qui la touche explique qu’elle était brûlante.

Le moulin attire foule et journalistes
Dans les jours qui ont suivi ces événements, une centaine de personnes se sont rendus à la ferme pour assister aux phénomènes. L’histoire raconte que bon nombre d’entre elles ont finalement dû quitter les lieux, car de nombreux objets de la maison leur tombaient dessus, mus par une force invisible et diabolique. Les curieux recevaient sur la tête des savons, des pierres, des sabots… Ces événements se sont seulement arrêtés lorsque les deux filles, que les gens avaient surnommées « les filles du diable », ont quitté le moulin pour Paris.
L’affaire avait cependant fait grand bruit et défrayé la chronique dans la presse locale et nationale. Il y eut, notamment, une publication dans L’Avenir de la Haute-Loire et surtout la présence de journalistes venant de Londres et de Belgique pour narrer les événements. Une carte postale avait même été éditée (notre cliché).

« Les gens ne sont guère bavards sur cette histoire »
Patrice Rey, qui tient le Musée des croyances populaires au Monastier-sur-Gazeille, féru d’histoires extraordinaires et de légendes, note « que les gens d’ici, même ceux qui descendent des témoins de l’époque, ne souhaitent pas parler de cette histoire, ni dire à qui que ce soit où se trouve le moulin ».
En 1903, Jean Lafarre avait publié un ouvrage intitulé Les Mystères du moulin de Perbet dans lequel se trouvaient de très nombreux témoignages, ce qui démontre la véracité de cette affaire encore aujourd’hui inexpliquée.
Gérard Adier gerard.adier@leprogres.fr

Mars 2018

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