Nous, paysans

En à peine un siècle, les paysans français ont vu leur monde être profondément bouleversé. Alors qu’ils constituaient autrefois la grande majorité du pays, ils ne sont plus aujourd’hui qu’une infime minorité et se retrouvent confrontés à un défi immense : continuer à nourrir la France.
De la figure du simple métayer décrite par Emile Guillaumin au début du XXe siècle au lourd tribut payé par les paysans durant la Grande Guerre, des prémices de la mécanisation dans l’entre-deux-guerres à la figure ambivalente du paysan sous l’Occupation, de la course effrénée à l’industrialisation dans la France de l’après-guerre à la prise de conscience qu’il faut désormais repenser le modèle agricole et inventer l’agriculture de demain, le film revient sur la longue marche des paysans français, racontée par Guillaume Canet.
https://www.france.tv/france-2/nous-paysans/2264015-nous-paysans.html

Février 2021

 

 

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Couchée dans le pré…

Antoine de Saint-Exupéry a dit : » On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »

Un matin, je marchais sur un chemin de campagne de la Haute-Loire.
Je ne me souviens pas précisément où je me trouvais mais je me rappelle qu’on était en juillet. Tout en marchant, mes pensées vagabondaient dans cette belle matinée ensoleillée, car c’est souvent le cas, mon esprit s’était évadé.
Je me rappelle ce champ en friche plein de fleurs de coquelicot et de fleurs de bleuet.
Du rouge et du bleu qui s’entremêlent. Le spectacle était divin.
Je me suis arrêtée un moment.
J’ai posé mon sac à dos près d’un piquet de bois. Je me suis assise.
J’ai pris quelques photos.
Puis j’ai continué mon chemin.
Pas pressée d’atteindre ma destination mais la tête occupée à planifier mon prochain projet, mon prochain article.
Mon prochain…
Mon prochain…
Si je pouvais revenir en arrière, je retournerais exactement à cet endroit.
Je poserais encore mon bagage  dans le champ.
Pas juste posé contre le piquet, prêt à partir, non. Ça envoie le mauvais message.
J’aurais prévu une serviette dans mon sac à dos et je serais venue avec mon chien.
Je me serais allongée dans le champ, sur la serviette, j’aurais pris garde de ne pas trop abîmer de coquelicots et les bleuets
Et j’aurais vraiment regardé.
Pas  seulement avec les yeux, mais surtout avec le cœur.
J’aurais remercié le coquelicots de m’offrir leurs fragiles pétales qui s’envolent au moindre souffle de vent lorsqu’une  risée les secoue.
J’aurais pris sur mon doigt une coccinelle qui aurait décidé d’atterrir sur une herbe.
J’aurais apprécié ce moment léger et plein de grâce.
Sans gros bagages. Les bagages, on en transporte assez comme ça.
Faut les laisser à la maison.
Ils pèsent trop lourd.
La vie est trop courte, la nature trop précieuse, pour qu’on ne lui donne que cinq minutes avant de se remettre à marcher sur ce chemin tortueux de la vie, tout en se perdant dans le dédale de ses pensées.
Tellement simple, et tellement compliqué…

 

 

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Petits moments volés

Non, je n’oublierai pas la chambre mansardée
Le velux d’où diffusait le ciel étoilé
La chambre dans laquelle on se retirait
Dans une douce tranquillité et dans la paix.

Après des jours de grand grabuge,
C’est ici que je cherchais enfin refuge,
Où je venais m’abriter en transfuge
Loin des paroles et des sentences qui jugent.

Là-haut, sous le toit, j’étais chanceuse,
Je te retrouvais, ça me rendait heureuse
Je te disais mes pensées douloureuses
Qu’il avait induites par ses paroles désastreuses

Ensemble, nous bâtissions un monde apaisé
Ensemble, ma déprime vite s’évanouissait
Par l’aura  que tu diffusais,

Mon petit Clo, mon fils-fée.

Janvier 2021

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Mariana Vole, notre voisine

Elle est morte le 23 avril 2016 par un jour de ce printemps qu’elle devait aimer.
Elle avait 97 ans.
Sa maison désormais vide est tout orpheline sans sa présence.
Ce qui est vraiment bizarre, c’est que notre chat, le gros noir, a disparu presque en même temps. A ce moment là, Léo autre chat de hasard, était entré dans notre vie.
Mariana Volle était une dame vraiment originale qui habitait seule dans sa petite maison à côté de la notre. Je la connaissais un peu depuis 2001  pour avoir bavardé quelquefois avec elle.
Elle adorait son jardin, – je dirais même, vénérais – ce petit coin de nature. Je me souviens en  particulier de la clématite rose, un cadeau pour mes yeux. Et encore d’une touffe de  marguerites jaunes et d’un petit arbuste dans l’angle qui éclaboussait le mur de ses fleurs rosées et blanches au printemps.
Hélas, son gougnafier d’héritier a tout coupé, scié, arraché, jeté, détruit sans égard pour cette vielle dame. Jusqu’au pommier de son jardin… Qui sait s’il n’est pas coupable de la disparition  de notre chat !

 

Janvier 2021

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Ginette et Marie-Louise sur la passserelle de Vabres

Deux femmes intrépides se sont risquées à traverser la rivière à Vabres. Il s’agit de personnes de ma famille, deux sœurs et cousines, Ginette Wigan et Marie-Louise Gras, nées Joussouys et aujourd’hui défuntes.
Détruits par un jour funeste de 1973, les câbles de cette passerelle qui enjambe l’Allier furent arrachés et emportés par une crue de la rivière, mettant ainsi fin à trente-neuf ans de bons et loyaux services.
La passerelle avait été construite, bénie et inaugurée en 1936 avec une messe suivie d’un repas champêtre.
Le passage était quelque peu périlleux car les oscillations étaient importantes les jours de grand vent et seuls les téméraires et les gamins se risquaient à la traversée sur l’autre rive.
Ginette Wigan était une personne adorable, intéressante, sensible, ingénieuse, bourrée de qualités, que j’ai fréquentée dans les années 1670.
Nous avons entretenu une petite relation épistolaire et je ne résiste pas à publier une de ses correspondances afin d’honorer sa mémoire.

Le 5 septembre 2012

Coucou Viviane,
J’ai bien reçu ta lettre et les petits journaux que je lis toujours avec plaisir. J’ai parcouru le n°5 et apprécié l’histoire de l’ortie. C’est bon pour tout et je me rappelle qu’étant petites, nous en ramassions. Ma mère faisait « la soupe à l’ortie », la même recette que celle de ton cahier.
L’histoire du petit chat que tu as récupéré est émouvante. Je préfère quand ça finit bien.
Je serai ravie de vous voir en novembre. Préviens-moi, vous mangerez avec moi. Ma cousine Jeanne sera la bienvenue.
Nous avons passé une excellente journée au Pont au printemps. Nous sommes allés au cimetière mais, avec mon fauteuil, je ne peux pas y rentrer. Nous avons acheté quelques victuailles à la ferme du Bout du Monde à Alleyras. J’adore mon village natal. C’est toujours un plaisir d’y retourner bien qu’il ait tellement changé. J’avais dix ans quand je l’ai quitté définitivement, n’y retournant que quinze jours en septembre.
Il y avait alors plein de poules picorant dans les rues (de terre battue). Le village était animé. Les gamins (ines) couraient derrière leurs chèvres, quelques paysans allaient « garder ». Pas de grands troupeaux comme aujourd’hui qu’on ne voit guère d’ailleurs car les éleveurs gardent leurs bêtes à l’étable. Pauvres bêtes toujours enfermées, mangeant du foin ou des céréales. Finie la belle herbe verte des prés, sauf peut-être en Auvergne !
En ce temps-là avant la guerre, les petits paysans n’avaient quelquefois que trois ou quatre vaches.
Ma mère m’avait raconté une histoire vraie. Une vieille femme gardait ses deux chèvres sur la route d’Alleyras. Les bêtes maigrichonnes broutaient sur les talus car la pauvre femme ne possédait aucun pré. Voilà que les gendarmes passent par là et lui donnent une amende. La vielle, qui était veuve d’un cheminot, le raconte aux employés de la gare. La vengeance ne s’est pas faite attendre : les gendarmes à vélo avaient l’habitude de suivre la voie ferrée  sur le bas côté carrossable. Ils retrouvaient la route plus loin et n’avaient plus qu’à regagner leur caserne proche. Les cheminots se sont donnés le mot : dès que l’un d’eux voyait la maréchaussée emprunter le sentier longeant les rails, il se précipitait et leur interdisait le passage ; « Propriété privée, personne ne peut longer la voie… ». Il ne leur restait plus qu’à prendre la route et à monter les côtes…
Ma mère disait que l’histoire était vraie.
J’écris rarement, mes doigts se paralysent.
La mémé Delphine et le pépé Jean-Pierre Archer ont eu treize enfants dont trois sont morts en bas âge.
Je suis contente que ta santé se soit bien rétablie. Tu es courageuse, tu as fait beaucoup d’efforts, je souhaite que tu profites longtemps et pleinement de ta retraite avec ton cher Serge à qui tu voudras bien faire un gros bisou de ma part.
Salue toute ta famille de ma part.
Je t’embrasse très fort.

Ginette

P.S. : Merci à mon cousin Michel Couprie qui m’a récemment envoyé ce cliché.

Janvier 2021

 

 

 



 

 

 

Portraits de quelques utilisateurs


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Notre greffier de hasard, Léo

Félin qualifié à tort de domestique, cet animal familier qu’est Léo reste un étranger pour nous, les humains. Il conserve sa part de mystère, son indépendance forcenée, son rythme de vie tout à fait différent de celui de ses logeurs.
Il vient ronronner, se frotter contre mes jambes, se blottir contre moi et l’instant d’après, il stoppe soudain ce  câlinage pour partir, dédaigneux et indifférent, sans jeter le moindre regard derrière lui.
Il a plus urgent et important à faire et peut sans ménagement, me donner un petit coup de griffe pour mettre fin à mes minauderies.
Il aime le confort que lui procure notre domicile, cet étrange petit animal qui vit surtout la nuit, qui chasse relativement peu, qui vide sa litière par des pétarades bruyantes.
Il a vraiment peu de points communs avec ses maîtres hormis  le moelleux, le douillet, la douceur d’un logement huppé. Il affiche les goûts de luxe des grands bourgeois.
Comme tous ceux de son espèce, le chat éprouve sporadiquement le désir de s’encanailler.  Régulièrement, il prend la poudre d’escampette pour s’en aller courser la souris ou le petit gibier. Mais par-dessus tout, il adore courir le jupon près des gouttières et conter fleurette  aux minettes grimpées sur les toits. Il s’abandonne aux nuits orgiaques et bruyantes de son sabbat.
Éreinté, rompu, le poil en bataille, parfumé de senteurs félines, l’innocent revient au bercail avec les yeux sournois de celui qui voudrait qu’on lui donne le Bon Dieu sans confession. S’il devait raconter ses débauches nocturnes, ses hôtes en seraient outrés.
L’imposteur file aussitôt s’affaler sur un fauteuil rembourré ou sur un coussin moelleux et récupère de sa nuit de turpitudes, impassible à l’agitation de la maison.
Il rêvera à ses conquêtes, reprendra des forces avant de reprendre la clé des champs à la première occasion venue.
Ne nous y trompons pas, le greffier n’est ni dissimulateur ni hypocrite, il adopte simplement le comportement que nous lui édictons.
Il se conforme à vivre sa vie de chat, seigneur en pantoufle dans son chez lui.

Par contre, il deviendra petit fauve dès qu’il aura franchi la chatière. Il suit en cela la loi de la nature que régit sa détermination génétique.
Le greffier est le compagnon des écrivains. Il se pose sur leurs genoux ou sur leur bureau. Leur attirance n’est pas un hasard. Écrire est un exercice difficile, laborieux et parfois douloureux. L’écrivain doute, cherche, s’interroge, remet sans cesse son ouvrage en question, modifie sa phrase, précise ses mots et ses pensées. La présence de l’animal silencieux et affectueux paraît le réconforter et lui apporter sérénité et apaisement, peut-être à cause de son silence, son calme, sa grâce.
Le chat doit sans doute se trouver tranquille auprès de cette personne assise et pensive, maniant la plume et s’interrompant pour une caresse à la boule de poils. Ce curieux échange reflète la connivence de ces couples insolites.
Le chat se comporte en être libre de penser, bouger et vivre sans aucune contrainte ; il n’a ni Dieu ni maître.
C’est sans doute une raison pour laquelle je l’apprécie. Il mène sa vie, se moque des convenances, des conventions, des bonnes manières. La démarche fière, la queue dressée, il taille sa route à sa guise.
Il fait fi de toute contrainte et se rebelle en ce cas. L’homme n’a pas réussi à modifier sa nature.
Il mérite bien cet hommage que je lui fais ici.

Novembre 2020

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Mon père

Mon père naquit le 26 septembre 1920 et quitta ce monde le 30 décembre 1990. Il venait de fêter ses soixante-dix ans. Il se prénommait Albert mais ses copains l’appelaient Bébert.
Je l’avais revu l’été précédent son décès, nous avions déjeuné ensemble dans une cafeteria. Puis, nous ne nous sommes plus revus jusqu’à sa disparition.
Il est mort subitement en quelques minutes. Ma mère m’a raconté qu’il rentrait de la ville ; il s’était rendu chez un de ses copains dont il s’occupait du chien en l’absence de son maître.
Ma mère l’a trouvé à bout de souffle lorsqu’il a ouvert la porte de leur appartement après qu’il eût monté les deux étages. Il est entré sans prononcer un mot, s’est couché. Ma mère a appelé sa voisine qui est venue. Et il est mort comme ça, sans dire grand-chose.
Le médecin n’a pu que constater son décès. « Infarctus massif » a-t-il déclaré.
Il n’a pas souffert. Il est mort d’un seul coup comme il le voulait. Il venait d’avoir soixante-dix ans en trois mois auparavant.
Au cours de notre dernière  entrevue, il m’avait dit dans la conversation que son cœur « taconnait », c’est-à-dire qu’il donnait comme des coups de pointe.
J’ai pris le train pour rejoindre sa dépouille à la Grand-Combe. Il gisait déjà dans son cercueil lorsque je suis arrivée. Néanmoins, et comme je l’avais lu dans les souvenirs de Marguerite Yourcenar, j’ai ouvert la fenêtre de la chambre où se trouvait son corps pour que son âme puisse s’envoler… On ne sait jamais.

Marié à l’âge de trente ans et pendant quarante ans, Albert travailla durement dès dix-huit ans comme mineur puis comme artificier aux houillères des Cévennes à la Grand-Combe. Il me parlait du puits Ricard.
Je ne peux pas me dire qu’il eut une belle existence car ce ne fut pas le cas. Néanmoins, il sut profiter de la vie et se montrer épicurien quand l’opportunité se présentait à lui.
Son mariage ne fut ni heureux ni joyeux. Le couple se supportait plus ou moins bien ; mais on ne divorçait pas en ce temps-là. Il noyait régulièrement dans l’alcool son trop-plein de désenchantement conjugal. Il ne fut absolument pas un homme autoritaire.
Il ne croyait  guère en Dieu, ne fréquentait les églises sauf pour les enterrements. Il se disait catholique parce qu’il avait été baptisé.  Et sa foi s’arrêtait là. Il ne lui resta plus que les conventions générées par le catholicisme régnant sur les mœurs campagnardes.
Il avait été vraisemblablement éduqué avec les hordes de préjugés de son époque et de son milieu social, mais il s’était débarrassé des pires. Je ne l’ai jamais vu ni entendu guidé   à mon égard par des préjugés ou par des idées convenues.
C’était plutôt un père gentil, pragmatique et bienveillant. Cependant,j’avais du mal à supporter son côté vantard, travers à cause duquel sa femme le traitait souvent de menteur en ma présence. Moi, je lui pardonnais volontiers ce défaut parce que je le connaissais et que j’en savais la cause :  elle remontait à son enfance et à son jeune âge : son très modeste milieu et le manque d’argent de son père a fait que, lorsqu’il se comparait à d’autres familles plus aisées que la sienne, il acceptait difficilement cette condition de pauvre, en souffrait et se réfugiait dans les fables bien plus avantageuses qu’il inventait.
C’était surtout un gros travailleur. Par contre et c’était bien dommage, il se flattait éhontément d’une gloire irréelle et se créditait d’attributs pécuniaires et d’honneurs scolastiques et sociaux chimériques.
Il avait dix-neuf à la déclaration de la guerre de 1939-1945. Il avait été mobilisé au service du travail obligatoire.
Il n’avait eu un seul enfant, il avait regretté de n’en pas en avoir eu au moins un autre. Mais sa femme ne voulait pas d’enfant.
Il aurait voulu faire des études, mais il passa seulement le certificat d’études, et il reporta son ambition ans celles futures de sa fille et de ses petits-enfants.

Moi, sa fille unique n’ai eu qu’un seul enfant, Olivier, qu’il connût de son vivant et avec lequel il appréciait de tenir son rôle de grand-père.
Petite, je le voyait peu souvent puisque ma mère et moi habitions chez ma grand-mère à environ deux cent kilomètres du lieu de son travail paternel. Il prenait le Cévenol tous les quinze jours pour nous rejoindre et pour venir passer ses congés. Je me souviens qu’il les employait à faucher les prés et à faire les fenaisons. Il s’accordait seulement une sieste dans le foin de la grange.
Quand j’eus douze ans, il passa son permis de conduire et acheta une 2  CV avec laquelle il me ramenait dans le lycée ponot où j’étais pensionnaire. Il l’utilisait aussi pour nous emmener en balade dans les environs.
En énumérant ces quelques faits, je ne dis pas grand chose. Je réalise qu’au fond je le connaissais peu.

Octobre 2020

 

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Fantastiques bonbons de mon enfance

C’était dans les années 1950-1960 !
À l’époque, aller à l’épicerie constituait un intermède quasi incontournable sur le chemin de l’école ou le jeudi avant une virée sur les chemins, les prés et les bois. Avec mes copines et copains, Gilbert, Roger, Dédé, Pierrette et Danielle, j’y faisais provision de confiseries avec mon argent de poche, quelques francs ou centimes glanés en récompense d’une bonne note ou le plus souvent, simple obole de tendresse de mon oncle André.
Je ne dis pas qu’on ne chipait pas malgré tout deux ou trois bonbons avant que Victorine -c’était le nom de l’épicière qui était de surcroît ma grand-mère-, alertée par la clochette qui tintinnabulait à la porte, ne sortît de sa cuisine.
Qui sait si elle ne nous accordait pas quelques secondes d’attente pour commettre notre menu larcin ! À tout le moins, pouvions –nous préciser notre choix, en passant en revue des yeux,  les bocaux bourrés de friandises posés sur le comptoir.
On y voyait des rouleaux de réglisse aux rubans enroulés comme des escargots et décorés en leur cœur d’une perle de couleur dragéifiée, des boîtes rondes de cachou Lajaunie, des boîtes en hosties remplies de réglisse qui s’appelaient Coco boer, des coquillages roudoudous, ces fameux roudoudous, des sachets de Mistral gagnant dont on aspirait la poudre avec une paille, des car-en-sacs, petits sachets de bonbons multicolores en forme de gélules, des caramels à un franc, des carambars, des sucettes Pierrot Gourmand, des sachets de petits pois au lard, des bâtons de guimauve, des bâtons de chocolat praliné Malakoff…….
J’oubliais les célèbres malabars roses de la société Kréma, enveloppés dans du papier glacé à l’effigie d’un  célèbre blondinet aux biceps bien dessinés. Avec eux, les plus doués dépassaient des records lors des concours de bulles dans les cours de récréations. Parfois, ces bulles trop gonflées, éclataient sur nos visages dépités, collant sur la peau !
Le succès de ce chewing-gum rose tenait aussi aux vignettes à l’intérieur de l’emballage, présentant les décalcomanies et les devinettes « le saviez-vous » qui nous fournissaient des rudiments d’érudition.
Souvent, j’aidais ma grand-mère à l’épicerie ; elle me donnait parfois une petite boîte de Coco Boer à  l’hostie de la couleur de mon choix qui renfermait une poudre de réglisse jaune ocre. Alors, après avoir mouillé mon index, je  le trempais dans la poudre puis je le suçais.
Dans mon enfance, il y avait aussi des friandises appelées têtes de nègre que les gamins mangeaient sans pour autant verser dans le cannibalisme. Ovales et plates, hautes de deux centimètres et faites de réglisse, elles  présentaient sur une des deux faces, la tête stylisée d’un noir. Un vieux relent de colonialisme dans la réglisse que les adultes ne dénonçaient pas !
Mais, le roudoudou, c’était quelque chose ! Du sucre cuit, coloré et parfumé coulé dans un vrai coquillage de praire !
Je le léchais avec délice au point que ma langue et mes lèvres prissent la teinte du colorant. Je me rappelle qu’il ne coûtait qu’environ cinq à dix centimes.
La saveur menthe se retrouvait dans les pastilles Vichy, les pastilles à la menthe, les mini gommes vertes triangulaires enrobées de sucre, les bonbons durs à la menthe claire de la pie qui chante.
Victorine, elle, était adepte  de ceux à la sève des pins des Vosges et de ceux au miel fabriqués par quelques moines. Mon oncle préférait les pastilles Pulmoll censées apaiser la gorge irritée.
Quand j’étais une enfant, la vie était simple : c’était un bonbon qu’on laissait fondre dans la bouche, doucement,
en le suçant longuement…

Octobre 2020

 

 

 


 

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Des cyclistes dans les années 1960

Mes cousins germains, Michel et Jean-Marc Couprie, les fils de Simonne Archer et de Jean Couprie  ont mis pied à terre pour les besoins de la photo.
Ils sont dans la montée, sous le soleil dont témoignent leurs casquettes et leurs tenues légères.
Jean-Marc arbore fièrement une casquette Mercier comme la portait Raymond Poulidor, l’éternel second sur le Tour de France, épreuve qu’il n’a jamais gagnée mais dont il détient le record de podiums .
Devant les roues de leurs vélos, on voit sur la route une ligne blanche qui doit retracer sans doute quelque glorieuse étape cycliste.
Ce devait être dans les années 1966-1969. Au bord de la route, derrière les deux grimpeurs, on voit une Dauphine, une R4 et une Peugeot 404.
Mes cousins qui habitaient Perpignan venaient tous les étés en vacances chez notre grand- mère Victorine et amenaient leurs vélos avec eux pour sillonner les routes de chez nous et accomplir à leur façon leur tour d’Alleyras et de ses environs.
Cette photo de la famille réunie lors  de leur départ à la fin de leurs vacances et prise devant l’ancienne pompe à essence Antar  rappelle ces souvenirs.
Sur le toit de leur voiture sont solidement arrimés leurs vélos, témoins de leurs performances sportives estivales dont la famille était fière.

Août 2020

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Vers 1935 dans l’Allier à Pont d’Alleyras

C’était un jour d’été. Il faisait beau, l’Allier miroitait sous le soleil. Ils se baignaient tout en discutant, le sourire aux lèvres.
Eux, c’était qui ?
De gauche à droite, ma tante Simonne Archer-Couprie, mon grand-oncle André Archer et ma mère Jeanne Archer-Rousset, la soeur de Simonne. Tous trois sont morts aujourd’hui mais il reste cependant des images surprenantes et insolites de leur jeunesse à savourer.

Août 2020

 

 

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