Un chasseur chassé

Nous habitions sur l’île de Raiatea. Ma fille Alice était alors en classe de cinquième quand elle a écrit ce texte que je viens de retrouver dans notre ordinateur.

Il faisait vraiment très froid ; la neige recouvrait la campagne de son blanc manteau et, à l’horizon, on n’apercevait qu’une étendue immaculée de laquelle dépassaient des touffes d’herbe rabougrie, des arbustes et des arbres aux branches dénudées et quelques sapins croulant sous le poids de la neige. Beaucoup d’animaux hibernaient, tapis dans leurs terriers. D’autres, plus protégés du froid grâce à leur épaisse fourrure, erraient – l’estomac criant famine – en quête d’une nourriture rare ; nombreux étaient leurs jours de jeûne forcé et beaucoup mouraient car il fallait déjouer les pièges du chasseur qui habitait non loin de là, dans une vieille ferme. Cet homme tuait les renards, lapins et autres animaux à fourrure pour récupérer leur peau qu’il revendait. Il haïssait son jeune voisin Marc Laroche, le protecteur des animaux de la région. Une nuit, Marc entendit un hurlement désespéré, suivi d’un gémissement qui n’en finissait pas. Il se leva, se vêtit chaudement et suivit cette piste. Il découvrit un renard pris au piège qui s’acharnait sur sa patte pour se délivrer. Il s’approcha doucement de la pauvre bête qui comprit vite que l’homme ne lui voulait aucun mal. Il prit les mâchoires du piège et tenta de dégager la patte. Mais les dents de fer étaient si bloquées qu’il était impossible de les écarter sans outil. Il emmena donc l’animal gémissant chez lui et, après plusieurs tentatives, il réussit à délivrer la patte. Il vit alors une plaie très profonde. Une immobilisation immédiate était nécessaire. Le lendemain, Marc, horrifié par la scène qu’il avait vécue la veille, décida de rendre une visite à son voisin chasseur. Celui-ci, l’air peu engageant, le reçut sur le seuil de la porte. Marc prit son courage à deux mains et l’interpella : – C’est une honte de faire souffrir de pauvres animaux innocents ! Si jamais je retrouve un renard ou une autre bête prisonniers d’un de vos pièges, vous allez entendre parler de moi ! – Comment ? Vous avez trouvé un renard dans un piège ? demanda le chasseur calmement. – Ne prenez pas cet air étonné, vous savez aussi bien que moi qu’il n’y a que vous pour accomplir des actes si cruels ; c’est scandaleux ! – Allez au diable ! dit le chasseur qui claqua la porte au nez du jeune homme. Une fois chez lui, Marc repensa à cette entrevue. Il était assez content de lui. Mais cet homme cruel allait-il modifier son comportement ? Il décida de sortir faire un tour pour se changer les idées, laissant le renard se reposer seul. L’air s’était adouci. Que c’est agréable ! pensa-t-il. Malheureusement, en marchant, il faillit se faire prendre le pied dans un piège enfoui sous l’épaisse couche de neige. « Encore un ! » s’exclama-t-il. Puis, Marc chercha dans les alentours et découvrit plusieurs autres pièges qu’il ramena chez lui. « Il faut donner une leçon à ce maudit chasseur ! » pensa-t-il. Au bout de quelques minutes, il s’écria surexcité : « Eurêka ! » Il devait agir cette nuit même… Quand la nuit tomba, Marc sortit pour mettre en œuvre son plan. Il plaça soigneusement les pièges autour de la ferme du chasseur pour que celui-ci se prenne les pieds dedans. Il n’avait plus qu’à attendre que le jour se lève. Marc guettait à se fenêtre le moment qu’il espérait tant. « Ah ! enfin ! Il sort ! » murmura-t-il, voyant le chasseur se diriger droit sur l’un des plus gros pièges. « Bing ! Bang ! Aïe ! » entendit-il. Le chasseur s’était fait prendre dans son propre piège. Il méritait bien ce qui lui arrivait. En fin de compte, le chasseur devient gibier et Marc sauve les animaux d’une mort horrible. Cette petite anecdote illustre bien l’expression « tel est pris qui croyait prendre ».
Alice Gouin,
5ème 2

Avant de publier le texte de ma fille, je consulte le web et je trouve cet article de presse qui tombe à pic.

Cahors : Un renard, des oiseaux et un chasseur piégés

La capture d’espèces animales protégées est un délit. Un boucher à la retraite, qui s’adonne à l’élevage d’un « fond de chasse » (faisans, lièvres, lapins…), à Gramat, en a eu la confirmation à ses dépens. Hier, cet homme de 65 ans comparaissait à la barre du tribunal correctionnel de Cahors pour « capture et destruction d’animaux non domestiques et d’espèces protégées », en l’occurrence un milan noir, trois grands corbeaux et une chouette effraie. « Mon objectif n’était pas d’attraper ces espèces mais de capturer un renard et un blaireau qui s’attaquaient à mes bêtes », a-t-il expliqué. Le piège s’est refermé sur lui le 25 juin dernier. Les corbeaux servaient d’appât et devaient duper le renard. Un certain La Fontaine a prouvé que seul le contraire pouvait fonctionner. Des oiseaux estropiés par les pièges ont succombé. Avant le passage annoncé des représentants de l’Office national de la chasse, l’éleveur-chasseur a tenté de dissimuler les pièges à mâchoires et d’autres outils de capture. En vain. La ligue de protection des oiseaux, l’Association de protection des animaux sauvages et le Gadel (Groupement associatif de défense de l’environnement du Lot) se sont portés parties civiles dans ce dossier où Tiffany Gamain, substitut du procureur, a placé le prévenu face à ses responsabilités : « Être chasseur, c’est aussi s’impliquer dans la préservation de la biodiversité. Un chasseur n’a pas à utiliser des pièges mutilants », a-t-elle insisté avant de requérir une amende et une suspension du permis de chasse. « Le déséquilibre naturel ne serait-il pas plutôt causé par l’utilisation de pesticides ? », s’est interrogé Me Massol, avocat du prévenu. Délibéré le 17 mars. Le chasseur a reconnu les faits et jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Le renard et la poule ne font pas bon ménage :
https://www.youtube.com/watch?v=d_9qcKWqeTo

 

 

 

 

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