Pour toi, je suis allé à Cayres,
Je ne sais pourquoi, va savoir,
J’ai posé ta planche de lavandière
A l’entrée de cet intarissable lavoir.
En ouvrant sa porte, j’ai relu ton histoire…
Délicatement, j’ai trouvé la poignée
Que pour la dernière fois, un jour, tu as fermée.
Hésitant, j’ai ouvert la porte pour entrer
Dans ce lieu qu’à jamais tu as quitté.
Quelque part, je suis fier
Du poème de la lavandière
Que pour toi j’ai composé,
Mon imagination est à son apogée.
Ton pays, où se dresse ton clocher
Qu’avec tant de fougue tu nous as parlé,
Insatiable il pleut toujours ton eau,
Et ta terre, tes ajoncs, tes roseaux…
Les murs ont été refaits
Et seule la porte est restée.
A elle seule, elle a scellé
Dans ses pierres ta vie passée.
Dans ces rues, j’étais comme un enfant
Pensant très fort à toi, maman,
Marchant dans les rues froides de ce printemps
Pour redécouvrir cet endroit émouvant.
Entre ces quatre murs
Le clapotis de l’eau
Chantonne comme un écho
Cette pensée belle et dure.
Plusieurs fois, au bord de cette eau captive
J’ai posé ta planche de lavandière
Sur ces côtés comme une rive.
Une émotion, des sentiments, une prière…
Croyante, c’était un peu ton prie-dieu
Tu te mettais à genoux sur cette caisse de bois
Avec courage et volonté tu faisais de ton mieux.
Joies et peines sont restées à cet endroit.
Cette porte chargée du poids du temps
A elle seule, a gardé le secret,
Dans l’eau de ses bacs aux mille reflets,
Celui d’une jeune fille offerte à sa destinée.
Sur ce chemin qui conduit à ta fontaine,
J’ai assouvi mon envie de boire
Je me suis attardé ici pour voir
L’empreinte qui coule dans mes veines.
Je jetterai dans l’onde
Toutes les belles fleurs du monde.
Elles flotteront en couronnes et bouquets,
Formant peut-être un hymne à la paix.
Cette belle porte forgée
Et si habilement ouvragée
En tournant sa poignée,
J’ai ici tout refermé.
Mai 2016