Juchés sur les talus du chemin de fer, les coquelicots regardent d’un œil noir passer les trains. Il y a de quoi ! Aujourd’hui S.D.F., ils furent jadis les compagnons messicoles du bleuet. Associés à la blondeur dorée du blé, ils inspiraient les poètes, les peintres et les chemineaux qui trouvaient dans leur présence un petit réconfort à leur vie de traîne-misère. Maintenant, l’armée en déroute des coquelicots regarde passer les trains climatisés emportant derrière leurs vitres teintées des voyageurs qui n’ont même pas un regard pour eux.
Une vie de S.D.F., je vous dis, que celle du coquelicot de nos jours !
Ce fils du vent ne doit plus sa survie qu’à une chaîne de petits hasards qui font que la vie ne s’arrête jamais : une bourrasque incongrue qui a soulevé sa robe ponceau, , froissée comme un papier crépon et fait s’envoler quelques graines; un oiseau « musardier » qui l’a frôlé de si près que dans les plumes de ses pattes, il en a transporté quelques unes jusqu’à la gouttière en zinc déglinguée du toit; l’ombrelle d’une élégante, indifférente, qui a fauché sa fleur; les petits doigts maladroits d’une enfant, retournant ses pétales pour s’en faire une poupée…
Au hasard de nos paysages, au bonheur des chemins, entre deux pavés, miraculeusement épargné, le coquelicot continue de vivre, de survivre pour qu’un jour, un enfant de Mouloudji, ayant assez de poésie dans le cœur et un grand jardin dans sa tête comme moi, écrive une autre chanson…
http://www.dailymotion.com/video/x648mo_mouloudji-comme-un-petit-coquelicot_music
Fière comme un fringant porte-drapeau, voilà qu’une petite fleur rouge entre en résistance écologique et se décide, alors que tout un chacun la croyait condamnée, à hisser haut son pavillon vermillon. Bravant les pesticides, elle représente le porte-parole des plantes injustement maltraitées. Elle revient en force avec son cortège de vertus précieuses et son pouvoir de faire du bien à l’âme.
Ecoquelicologie :
Le coquelicot appartient à la famille des Papavéracées. Elles produisent un latex blanc ou coloré. Les fleurs ont deux sépales et quatre pétales, elles sont généralement grandes et de couleur éclatante, elles ne produisent pas ou peu de nectar. Les fruits se présentent sous forme de capsules plus ou moins allongées.
Les coquelicots sont d’abord et avant tout des pavots sauvages rouges des champs. Ils sont annuels. Leurs graines sont minuscules, moins de 1 mm de long.
Coqueliculture :
Ces fleurs n’ont jamais fait l’objet de cultures intensives et pourtant, elles donnent un résultat spectaculaire. Son introduction comme plante d’ornement est relativement récente. De tempérament impertinent, le coquelicot se ressème tout seul si votre jardin lui plaît. Pour germer, la graine a besoin de lumière et de froid et demande un semis superficiel d’automne sur un sol peu enherbé ou nu puis griffé et tassé après semis par le dos d’une bêche. Floraison assurée et spectaculaire dès le mois de mai suivant.
Coquelicutilisation :
- En élevage : La feuille a longtemps servi à la nourriture du bétail, distribuée en vert ou en fourrage sec. En pâtée pour la volaille, associée à de la farine, elle fait pondre les poules et grossir les œufs. Pensez à ajouter de l’ortie pour un meilleur résultat !
- En teinture végétale : Les pétales ont un puissant pouvoir tinctorial. Il suffit de presser une fleur entre les doigts et d’exprimer un jus rosâtre caractéristique pour le vérifier. La croûte rouge des fromages de Hollande étaient colorée avec du Ponceau avant l’apparition du colorant de synthèse.
Coquelittérature : La symbolique du coquelicot est liée à ses caractères biologiques marquants : sa couleur rouge sang et la durée éphémère de sa fleur.. La Révolution l’a placé sur la cocarde tricolore à côté du bleuet et de la marguerite.
Coquelimets :
- Soupe du Roi-Soleil :
Ingrédients :
250 g de feuilles de coquelicot
250g de jeunes feuilles d’ortie
3 belles pommes de terre
parmesan râpé
pain grillé
eau
sel, poivre
Préparation :
Faites cuire ensemble les feuilles jeunes et tendres des légumes sauvages et les pommes de terre dans l’eau salée. Après cuisson, passez au mixer et assaisonnez à votre goût. Servez sur un lit de croûtons grillés et de parmesan.
- Velours de radiquelicot :
Ingrédients :
Fanes de radis et de coquelicot
3 c à s de flocons d’avoine
2 verres de lait
1 c à s de crème fraîche
gruyère râpé
Préparation :
Lavez vos légumes puis faites-les cuire dans l’eau bouillante salée avec les céréales. Au bout de 15 mn environ, sortez du feu, ajoutez le lait et la crème fraîche et passez au mixer. Ajoutez le gruyère râpé et servez bouillant.
- Caillettes du Vivarais :
Ingrédients :
50 g de coquelicot
250 g d’épinards
250 g de bettes
250 g de foie de porc
autant de mou de viande de porc
1 oignon
1 pointe d’ail
sel, poivre
Préparation :
Hachez grossièrement les fleurs de coquelicot. Faites de même avec les autres légumes, après les avoir blanchis. Hachez ensemble les viandes. Mélangez le tout en assaisonnant selon votre goût. Avec la préparation, faites des boulettes de la taille d’une balle de tennis, enroulez-les dans de la crépine et placez-les dans un plat au four. Piquez d’un lardon et faites cuire à four très chaud. On peut remplacer le mou par 6 œufs pour faire le liant. Peut être accompagné d’un plat de riz.
- Pâté en croute :
Ingrédients :
250 g de pâte feuilletée
Plantes entières : 100 g de coquelicots, 100 g de jeunes orties, 200 g de bettes
300 g de pain rassis
6 œufs
2 oignons
ail, sel, poivre
Préparation :
Faites tremper le pain dans du lait quelques heures. Préparez vos légumes, hachez-les menu. Faites-les blanchir puis égouttez-les. Faites revenir les oignons dans un peu d’huile et braisez les légumes 5 mn. Sortez du feu, ajoutez le pain, les œufs, assaisonnez selon votre goût. Nappez une terrine à pâté allant au four avec la pâte feuilletée, versez-y la préparation et faites cuire à feu vif 40 mn
environ.
- Coquel’izotto :
Ingrédients :
2 verres de riz
125 g de moules précuites (1 bol)
100 g de bleu d’Auvergne
1 oignon
2 poignées de feuilles et quelques fleurs de coquelicot
1 citron
assaisonnement
Préparation :
Faites cuire le riz. Egouttez-le. Faites fondre l’oignon puis poêlez avec le coquelicot. Lorsque la feuille est cuite, ajoutez le riz, les moules et le bleu. Laissez mijoter en touillant de 5 à 10 mn. Au moment de servir, arrosez du jus du demi-citron et décorez le plat avec le demi-citron restant coupé en tranches et les fleurs de coquelicot.
- Bonbons de coquelicot :
Ingrédients :
100 g de pétales
200 g de sucre
Préparation :
Passer les pétales frais au mixer. Ajoutez le sucez et faites cuire jusqu’à consistance sirupeuse sans ajouter d’eau. Cette préparation est déroutante car, en début de cuisson, le mélange est très sec, mais peu à peu, à force de remuer, le jus apparaît. Arrêtez la cuisson lorsque votre préparation a la consistance du caramel. Laissez ensuite refroidir avant de couper en petits dés.
- Sirop de coquelicot :
Ingrédients :
500 g de fleurs
1/ l d’eau
500 g de sucre
Préparation :
Mettez les pétales dans un saladier, couvrez-les avec l’eau bouillante et laissez infuser 24 h dans un lieu chaud. Puis redonnez un bouillon avant de tamiser en exprimant bien les pétales. Faites fondre le sucre dans un verre d’eau chaude, ajoutez au jus de coquelicot et reprenez la cuisson jusqu’au stade du sucre perlé.
Pharmacoquelicologie :
Le coquelicot a la réputation de procurer un sommeil serein, calme et réparateur, contrairement au pavot somnifère qui génère un sommeil agité. Son action sédative est sa principale vertu, remède utilisé pour faire dormir les enfants et adultes. Cette vidéo vous donnera quelques renseignements quant à cette utilisation.
https://www.youtube.com/watch?v=HcKJ4YjKNHo
Mars 2015