De Magali Amir qui s’est intéressée à l’environnement végétal de l’Auvergne dans les domaines du remède et de l’aliment…
Lexique :
- anti-catarrhal : adjectif qui signifie « contre le catarrhe ». Le catarrhe est une inflammation aiguë ou chronique des muqueuses engendrant une hypersécrétion de mucus au niveau de la zone enflammée, pouvant être ensuite le siège d’infection.
- apéritif : qui stimule l’appétit.
- astringente : l’astringence désigne une capacité à contracter les muqueuses. Certaines substances sont astringentes, comme les tanins du vin, le thé, la prunelle, le kaki ou le coing. Quand on ingère une substance astringente, la bouche se dessèche sous son action sur une protéine contenue dans la salive, l’amylase. Les traitements contre l’acné sont composés de produits astringents afin de resserrer les pores de la peau. Cela permet également une action rapide sur les piqûres d’insectes et petites plaies.
- béchique : qui guérit la toux.
- coricide : un coricide est une substance, issue d’une plante ou d’un médicament, qui agit localement pour détruire les cors aux pieds. Parmi les plantes coricides on peut citer la chélidoine.
- dépuratif : qui est propre à dépurer le sang en y éliminant poisons et diverses toxines.
- diurétique : Un diurétique est une substance qui augmente la production d’urine. Ce terme désigne le plus souvent une classe de médicaments qui fait partie des plus prescrites. Mais il existe aussi des diurétiques naturels comme le thé vert, le pissenlit, l’ortie ou le vinaigre de cidre qui peuvent être utilisées en cas de rétention d’eau et de symptômes qui vont généralement avec les jambes lourdes, les sensations de gonflement ou de ballonnements.
- emménagogue : On appelle emménagogues des plantes médicinales qui stimulent le flux sanguin dans la région pelvienne et l’utérus. Des plantes telles l’absinthe, l’armoise commune, le persil, l’angélique, l’achillée millefeuille, la muscade et le gingembre ont été utilisées par des femmes pour stimuler l’apparition des règles.
- émolliente : substance qui amollit, relâche les tissus tendus et calme l’inflammation dont ils sont le siège.
- fébrifuge : qui fait tomber la fièvre.
- hépatique : qui a trait au foie.
- hypoglycémiante : qui diminue le taux de sucre dans le sang.
- laxatif : substance accélérant légèrement le transit intestinal et l’évacuation des selles.
- stomachique : qui est bon pour l’estomac.
- tonique amer : un tonique de gout amer, tels que la quinine, gentiane, quassia, etc., qui agit principalement par la stimulation de l’appétit et l’amélioration de la digestion.
- vulnéraire : du latin vulnerarius (de vulnus, blessure) désigne de manière générale ce qui est propre à la guérison des plaies ou des blessures.
Emménagogue, antihémorragique, cicatrisante, fortifiante.
Bien reconnaissable le long des chemins en juin, elle découpe ses feuilles à l’infini – trois à quatre fois en fait, jusqu’à ce que les parties les plus petites soient de simples segments très courts – et fleurit d’ombelles de fleurs pareilles à de toutes petites marguerites, d’un rose délavé ou d’un blanc pur.
Au cœur de l’été, pendant le temps des vacances, certains enfants de la région allaient récolter la plante entière en pleine floraison afin de la vendre aux herboristes et gagnaient ainsi quelques sous.
Plante liée au sang, celui des femmes, des blessures et des bêtes, l’achillée millefeuille est nommée dans certaines régions d’Auvergne achillée mille-fleurs ou plus simplement mille-fleurs – et c’est vrai que ce nom va aussi bien à la multitude de petites fleurs qui composent cette « boule de neige ». Elle était préparée en tisane pour aider les premières règles de la jeune fille. Elle servait aussi en cas de coupures et de blessures, pour arrçeter le sang et aider à leur cicatrisation.
En usage externe, on la compare parfois à la camomille car son infusion adoucit les irritations et les inflammations des yeux.
Armoise : artemisia vulgaris
Emménagogue, anti-hémorroïdaire
Une tige haute rainurée de rouge, des feuilles découpées, vertes dessus, blanches et cotonneuses au-dessous signent l’armoise, très commune au bord des talus, dans les décombres et sur les remblais le long des routes.
Ses fleurs nombreuses, d’un jaune un peu pâle, sont petites et passent inaperçues. Son nom lui vient d’Artemis, Diane chez les Romains, la déesse grecque de la chasse et des femmes libres !
Les grands-mères la faisaient sécher en bouquets pendus aux poutres des greniers, afin d’en préparer des tisanes emménagogues. On en buvait quand on était indisposée. Dans l’ancien temps, on soignait ses règles sans en rien dire à personne, c’était très discret ces choses-là.
Pour faire venir les règles, on faisait une tisane avec les jeunes feuilles d’armoise. On peut rapprocher l’usage des jeunes feuilles aux jeunes filles dont les premières règles tardent à se déclencher.
Ces propriétés emménagogue et calmante des douleurs des menstruations sont très répandues dans les campagnes françaises. Par contre, un usage qui semble moins courant concerne les hémorroïdes. On en prenait alors des bains de siège de la décoction.
Arnica des montagnes : arnica montana
« Pour les coups », maturatif, cicatrisant
Les fleurs d’arnica, groupées par deux ou trois sur la tige, grandes marguerites entièrement jaunes – ligules et fleurs du « cœur » – parsèment d’or les prairies siliceuses d’altitude. On les reconnait grâce à cette allure toujours un peu ébouriffée d’une belle sortant du lit aux premièrs rayons du soleil, ou que le moindre souffle de vent décoiffe. Les Auvergnats savent bien qu’on peut facilement les confondre avec d’autres fleurs. Alors ils donnent les détails pour bien la repérer : feuilles opposées, lancéolées et légèrement duveteuses, odeur très particulière, couleur jaune vif, et puis l’endroit où elle pousse, les tourbières pleines de fleurs en été.
Creux qui habitent en altitude allaient la cueillir près de chez eux, mais les Auvergnats des plaines allaient la récolter en été, parfois à l’occasion d’un pèlerinage dans un lieu saint, effectuant alors des kilomètres à pied.
Cette fleur, précieuse entre toutes, était mise à macérer dans l’eau-de-vie ou dans l’alcool.
Quand on s’était fait un coup, qu’on avait un bleu, on prenait un coton qu’on trempait dans ce jus et on frottait. C’était efficace. Ou même, on sortait simplement une fleur pour frictionner avec, sans coton.
Pas sur les blessures ni les plaies ouvertes, dit encore une dame d’ici. On préparait aussi, avec la même mixture, des cataplasmes pour les abcès ou dans lres cas de phlébite.
Dans le Cantal, on mettait les fleurs à macérer dans l’huile de noix, qui renforçait le côté adoucissant.
L’aubépine : crataegus monogyna
Calmante, astringente, équilibrante
En mai, l’aubépine sculpte d’une dentelle neigeuse les haies impénétrables le long des chemins et des routes fr campagne. Les feuilles d’un vert foncé, comme lustrées, étalent leurs cinq lobes arrondis. Les fleurs petites et délicates, à cinq pétales d’un blanc pur, groupées en ombelles fournies, donnent plus tard, en début d’été, des pommettes d’un rouge éclatant à la peau lisse et sucrée. La chair est farineuse, avec un gros noyau central - on les mangeait quand on était petit, mais il y a beaucoup d’os ! Ces grignotages enfantins rappellent que la cenelle de l’aubépine a longtemps servi de complément de nourriture en période de disette.
On cueillait le petit bouquet fleuri – certains spécifient « en lune descendante pour mieux la conserver » – juste en début de floraison. Ceux qui avaient des problèmes cardiaques, des douleurs ou des angines de poitrine s’en préparaient des infusions.
C’est aussi une plante qui agit sur la sphère nerveuse. Prise en infusion du soir, elle calme les angoisses, aide au sommeil et permet d’éviter les cauchemars.
Enfin, certaines personnes vantent ses effets sur les maux de gorge. Son effet astringent permet de resserrer les tissus irrités.
L’aulne glutineux : alnus glutinosa
Fébrifuge, anti-inflammatoire, adoucissant, cicatrisant
L’aulne glutineux aime l’eau, il pousse au bord des ruisseaux, sur les cailloux dans les lits des rivières et des marécages. Au printemps, les rives en sont grenat, car les bourgeons ont cette couleur particulière. Les feuilles arrondies avec une petite échancrure caractéristique à l’extrémité du limbe portent des nervures parallèles très marquées. De la m$ême famille que le noisetier, les fleurs mâles pendent en longs chatons et les fleurs femelles se regroupent en cônes donnant des fruits écailleux de la grosseur d’une noisette, mais non comestibles.
En interne, on utilisait peu la feuille d’aulne en Auvergne, et il semble uniquement pour ses vertus fébrifuges.
En usage externe, les cors aux pieds étaient adoucis et ramollis en frottant la feuille fraîche. Dans le Sancy, c’est l’infusion des feuilles qui est considérée comme cicatrisante, on s’en sert en cas d’ulcères et de plaies.
Quelques échos nous parviennent des rites qui associent plantes et magie. Ainsi, dans les cas de brucellose, des branches d’aulne (ou de viorne) « étaient plantées aux quatre coins de l’étable par un guérisseur qui disait un secret en même temps, et la brucellose s’arrêtait ».
Le cassis : ribes nigrum
Anti rhumatismal
Le cassis, arbuste bien connu des jardins, pousse spontanément dans les bois humides du nord et de l’est de l’Europe. C’est donc une plante qui aime la fraîcheur et que l’on trouve souvent dans les potagers de chez nous, même en altitude. Toute la plante – bourgeons, feuilles lobées d’un vert cru et couvertes de glandes jaunâtres sur la face inférieure, exhale une forte odeur musquée. Les fruirs sont acidulés, un peu âpres mais mleur saveur est incomparable. On fabrique une confiture très prisée en Auvergne et aussi une liqueur dont les recettes varient à l’infini. On ramasse les cassis, on les fait macérer avec du sucre, on rajoute un peu d’alcool. Il faut être patient, attendre plusieurs semaines avant de goûter.
Ce sont les feuilles qui sont médicinales, on les récolte en été, on les fait sécher à l’ombre. On les coupe en petits morceaux pour les remiser dans un pot. On fait infuser un poignée pour une tasse d’eau d’eau bouillante pendant un quart d’heure. Cette tisane parfumée est un excellent remède anti-rhumatismal.
Le cerisier : prunus cerasus sl
Diurétique, laxatif
Cet arbre, bien connu cultivé dans les jardins donne les délicieux fruits rouges si évocateurs du début de l’été. Les pédoncules – les queues – qu portent les cerises sont médicinaux. Le plus simple est de les préserver quand on les déguste ou quand on fabrique de la confiture. Mais certains ne boudent pas la forme sauvage, le merisier (prunus avium) qui élance ses longs fûts en bordure des champs ou des chemins et qui fournit aux oiseaux – d’où son nom – de petites merises, aux formes et aux saveurs variées. Les queues sont alors plus longues, souvent plus fines, plus difficiles à atteindre, mais leur côté rustique est le garant d’une qualité irréprochable, surtout quand on va faire sa cueillette un peu loin des routes.C’était la cerise sauvage, on ébranchait l’arbre, on retirait les cerises, on les mangeait et on faisait sécher les queues en les étalant au grenier. Elles étaient minuscules, rouges ou noires, les ronges un peu acides et les noires bien sucrées. Et puis les feuilles étaient données aux lapins, rien n’était perdu.
Dans cette société d’économie de moyens et dans les familles les plus pauvres, c’était la feuille qui était cueillie pour les mêmes usages. Feuilles et queues sont diurétiques et leur infusion aide les personnes qui ont des difficultés à uriner, des problèmes de rétention d’eau. Ainsi, par ses propriétés diurétiques et laxatives, la queue de cerise aide à éliminer.
Le genévrier : juniperus communis
Dépuratif, digestif, anti-catarrhal
Le genévrier, arbrisseau aux feuilles piquantes striées d’une seule bande blanche sur la face inférieure, habite les landes où il tord son tronc fibreux. Les fruits, « fausses » baies violacées au goût résineux, d’abord âcre puis sucré, murissent en automne après deux ans de maturation. Ils entrent dans la cuisine pour leur parfum et leurs vertus digestives, on en fabrique des boissons réputées comme le gin - gin et genévrier ont la même racine -, et ils sont aussi utilisés comme remèdes avec des propriétés nettoyante et apéritive. On les croque alors qu’ils sont encore frais en vue de se dépurer le sang.
Chez nous, ce sont surtout les branches et les feuilles qui sont requises pour se soigner. Les anciens ramassaient les branches de genévrier qu’ils plaçaient sur des braises dans un genre d’étouffoir et ils faisaient des fumigations quand ils avaient le nez bouché; ça servait pour les gens et aussi pour les bêtes.
La gentiane jaune : gentiana lutea
Apéritive, fortifiante, tonique amer, dépurative, stomachique
La gentiane jaune lance ses hampes robustes et élégantes dans les prairies d’alpage jusqu’à 2500 mètres d’altitude et elle domine toutes les autres plantes. Les fleurs se regroupent en verticilles fournis tout au long de la tige et les pétales jaune d’or s’étalent en étoile. Les feuilles grandes, aux nervures parallèles, d’un vert un peu glauque s’opposent deux à deux sur la tige. On peut la confondre aisément – et tous le savent et s’en méfient – avec le vératre, très toxique, qui pousse aux mêmes lieux et qui lui ressemble fortement, mais dont les feuilles sont alternes et velues en dessous. Jusqu’à ik y a peu de temps, quand la récolte de la gentiane était réglementée, les gens montaient en altitude ramasser la racine aux grandes et multiples vertus. C’est en effet une des plantes médicinales majeures de chez nous et surtout en montagne, on avait très souvent recours à ses bienfaits. Son amertume lui confère une action dépurative et apéritive. Elle est en outre fortifiante et digestive.
Autrefois, on coupait la racine en petits bouts, on la mettait à macérer dans du vin rouge pendant huit jours et il fallait boire ça quand on avait mal à l’estomac, pour se fortifier aussi.
Certains utilisaient la fleur en infusion et la prenaient pour nettoyer les intestins. Cette infusion était aussi appliquée pour faire « mûrir les panaris ».
La grande camomille : tanacetum ou leucantheum parthenium
Digestive, hépatique, calmante, dépurative, « pour les yeux »
On la rencontre derrière les fermes et dans certains jardins où elle a été invitée pour ces propriétés médicinales alliées à son aspect décoratif et où elle se ressème spontanément. Une tache claire qui joue avec la lumière du soleil, dans une ambiance ombragée, une tige qui balance des petites marguerites blanches au cœur jaune et des feuilles découpées d’un vert printanier, telle se présente cette camomille. Elle pousse dans les lieux secs, mal aérés, il y en avait toujours dans un coin du jardin. Elle est réputée et grandement appréciée.
Digestive, on en buvait une infusion quand on avait trop mangé et aussi pour soulager les douleurs d’estomac, les coliques, les gaz intestinaux et quand les enfants avaient des vers. A forte dose, elle est vomitive.
Cette même infusion calme les personnes qui s’endorment difficilement et les enfants énervés.
En usage externe, on utilisait sa décoction pour calmer les yeux irrités, enflammés, en compresses ou en bain d’œil et encore contre les orgelets. Elle passe aussi pour atténuer les taches de la peau, de rousseur ou de vieillesse et pour vider et nettoyer les furoncles.
La joubarde des toits : sempervivum tectorum
Émolliente, vulnéraire, adoucissante, coricide.
La joubarde des toits met à profit les moindres fissures pour étaler sa rosette de feuilles charnues et juteuses, serrées les unes contre les autres à la manière de l’artichaut (c’est d’ailleurs un de ses noms populaires), d’où se lance une hampe de très jolies étoiles d’un rose ancien. Quand cette hampe fane, toute la plante sèche et se meurt. Associée à Jupiter, d’où vient son nom de joubarde, elle était souvent plantée sur le toit ou près de la maison, car elle était censée la protéger de la foudre. En Auvergne, on la rencontre dans tous les étages de la végétation puisqu’elle pousse de 200 à 2800 mètres d’altitude.
On la connait comme coricide et c’est l’une de ses indications majeures dans tous les endroits où elle est présente. Ma grand-mère retirait la peau d’une demi-feuille de joubarde et l’appliquait sur les cors qu’elle avait au pied. Elle enroulait un pansement par-dessus.
On l’apprécie aussi pour ses vertus vulnéraires dans les cas de brûlures, coupures, boutons, « tous les bobos de la peau ». Elle arrête les saignements, calme les démangeaisons de toutes origines et les piqûres d’insectes. Certaines personnes l’ont expérimentée dans des problèmes d’escarres qui n’arrivaient pas à guérir et l’ont trouvée souveraine. C’est alors son suc qu’on presse directement de la feuille sur la partie malade.
La menthe : mentha spicata
Digestive stomachique, antispasmodique
De la famille des lamiacées qui comporte de nombreuses plantes aromatiques, la menthe comprend plusieurs espèces aux parfums plus ou moins puissants, fins et agréables, souvent rafraichissants. Mais toutes les menthes sont considérées dans la perception populaire comme possédant à peu près les mêmes vertus. Elles fleurissent de petites fleurs roses disposées, selon les espèces, en épis allongés ou sphériques, des feuilles opposées plus ou moins glabres ou veloutées, souvent dentées et avec des nervures saillantes qui leur donnent un aspect plus ou moins gaufré.
La menthe est considérée comme excitante. Pour d’autres, elle au contraire, elle est préconisée comme calmante, on en boit une infusion pour avoir un meilleur sommeil. Il semble que cette indication se rapporte plutôt à la propriété digestive de la menthe. Quand on digère mieux, le sommeil est meilleur. Car tous s’accordent à dire qu’elle facilite la digestion. Pour d’autres, elle est antispasmodique.
Le millepertuis : hypericum perforatum
Cicatrisant, vulnéraire, adoucissant, « calmante des maux de tête », antidépresseur
Le millepertuis offre au solstice d’été ses bouquets de fleurs d’un jaune solaire ponctuées de glandes rouges sombre. Les feuilles opposées tout au long de la tige sont elles aussi comme percées de trous, des billes d’huile essentielle transparentes. C’est une des plantes les plus réputées, elle entrait souvent dans la pharmacie familiale sous forme d’une préparation cicatrisante. Très connu comme vulnéraire, le millepertuis est aussi utilisé pour calmer les maux de tête. On fait alors un cataplasme de fleurs séchées avec de l’eau bouillante.
La myrtille : vaccinium myrtillus
Hypoglycémiante, bonne pour l’acuité visuelle.
Les pentes nord des montagnes de chez nous, les sous-bois siliceux sont couverts de myrtilles, arbrisseau aux tiges ramifiées et aux racines souterraines formant un lacis dense. Les feuilles arrondies ont des bords crenelés et les fleurs en forme de grelot d’un rose très pâle donnent en quantité ces fruits délicieux, bleutés et recouverts d’une pruine argentée, à la saveur douce et à la chair violette. C’est un fruit sauvage qui a été beaucoup récolté pour la confiserie, les bergers et les enfants gagnaient quelques sous en les vendant.
Outre la confiture que l’on confectionne toujours dans les familles, la myrtille a quelques usages édicinaux et on l’utilisait toutes les parties de cette plante. Les baies étaient réputées pour donner de « bons yeux », une bonne vision, on les mangeait crues, en tarte ou en marmelade. La confiture est bonne pour les intestins, elle est considérée comme anti-diarrhéique. La feuille en infusion était recommandée en cas de diabète.
Le noyer : juglans reggia
Dépuratif, stomachique, antidouleur.
Chez nous, on rencontre surtout le noyer dans les prés frais, ceux qui bordent les rivières, plutôt à basse altitude. On reconnait ce bel arbre, le plus souvent planté mais aussi spontané, à ses feuilles lisses et épaisses, composées de cinq à sept folioles, et bien sûr à son fruit, la noix.
Les noix de la Saint-Jean, vertes et tendres, servent encore couramment à la préparation du vin de noix.
L’infusion des feuilles est dépurative, on la prenait en cure d’une semaine aux mois de mars ou d’avril.
En usage externe, la décoction de feuilles de noyer servait à préparer un bain dans lequel on trempait les enfants atteints de convulsion. On dit aussi que « l’écorce de la racine n’ayant pas vu le soleil était appliquée sur la face extrerne de la joue, à l’endroit d’une dent malade ». C’est là un écho de pratiques de cueillettes qui exigeait parfois des conditions très précises. En effet, les anciens tenaient compte des lunaisons et des saisons pour faire leursd récoltes. Ces pratiques ont tendance à disparaitre et il reste, de ci, de là, des témoignages d’une vision très cosmogonique de l’univers et du domaine des soins.
Dans le Cantal, on versait quelques gouttes d’huile de noix dans l’oreille dans les cas d’otites.
L’ortie : urtica dioïca
Anti-rhumatismal, circulatoire, fortifiante.
L’ortie piquante aime la compagnie des gens et des bêtes, et surtout l’azote dont ceux-ci enrichissent la terre par leurs déjections. On la rencontre ainsi dans tous les lieux où les vaches séjournent, près des étables ou des chalets s’estive, les reposoirs dans les prairies, auxalentours des maisons. Ses feuilles opposées deux à deux, irrégulièrement dentées, sont couvertes de poils piquants dont la base, une petite glande translucide, renferme un acide proche de l’acide formique. C’est lui qui donne cette sensation de brûlure urticante qui vient dès qu’on caresse la plante d’un peu trop près.
On faisait sécher les feuilles d’ortie au moment des foins pour en avoir des provisions pour l’hiver. C’était pour la circulation du sang.
En externe, la principale indication des orties concerne les rhumatismes dont on se frictionnait.
La pensée sauvage : viola tricolor
Dépurative, antitussive, anti-anémique
On va chercher les pensées sauvages dans les terres à genêts et à bruyères et les terrains pauvres qu’elles égaient de leurs couleurs vives. De la famille des violettes, la pensée est d’ailleurs nommée communément violette. Elle associe dans ses cinq pétales – quatre supérieurs dressées et l’inférieur en éperon – de différentes teintes allant du blanc crème au violet foncé en passant par les jaunes plus ou moins soutenus. Les fruits laissent échapper par trois salves une quantité de petites graines rondes.
Elle possède de nombreuses vertus. Au sud-ouest du Puy-de-Dôme, on différencie les indications selon la couleur de la fleur. L’infusion des fleurs jaunes séchées était donnée aux nourrissons quand ils avaient de l’eczéma. La blanche était censée combattre la constipation des jeunes enfants. Car la pensée sauvage est’une des rares plantes qui soignent les tout-petits. On en buvait l’infusion quand on était engorgé, pour ses vertus dépuratives.
Elle était aussi appréciée comme antitussive et réputée bonne pour les bronches.
Enfin, à l’extérieur, on s’en servait en bains pour les yeux irrités.
Le pin sylvestre : pinus silvestris
Béchique, antitussif
Le pin sylvestre couvre de grandes surfaces de forêts entre 500 et 1300 mètres d’altitude, seul ou parfois associé au bouleau, comme espèces pionnières des terres siliceuses à l’abandon. On reconnait le pin sylvestre à son tronc de couleur rougeâtre et souvent tortueux, à ses petits cônes et à ses aiguilles par deux, relativement courtes. Avec la sève, on fabriquait de manière semi-artisanale des bonbons réputés comme antitussifs. Au niveau familial, ce sont les bourgeons qu’on utilise pour ces propriétés, avec différentes méthodes. Quelles qu’elles soient, il faut d’abord aller ramasser les bourgeons au tout début du printemps, quand ils forment des cônes roussâtres à l’extrémité des branches, juste avant qu’ils s’allongent pour former les nouveaux rameaux. on les fait ensuite sécher en couche mince à l’ombre d’un grenier ou d’une remise. on peut alors les préparer en infusion en cas de rhumes, de maux de gorge.
Le pissenlit : taraxacum officinale
Laxatif, diurétique, nettoyant
Le pissenlit si commun dans nos campagnes, couvre d’un jaune d’or les prés au printemps. On le reconnait parmi fd’autres fleurs de cette famille des acéracées, également à fleurs jaunes, à des feuilles lisses, dentelées de différentes façons, d’un vert foncé et à ses capitules de fleurs en languettes se chevauchant les unes les autres, tellement serrées qu’on dirait une seule fleur de velours, le tout sur une tige unique et creuse. Les fruits en aigrettes s’envolent au moindre souffle de vent. C’est un aliment remède consommé cru et cuit, et avec des vertus médicinales. Il est considéré comme diurétique et surtout laxatif mais il est rarement bu en infusion.
On ramasse les feuilles de pissenlit avant la naissance des boutons dans le cœur feutré, et on les déguste en salade pendant tout le printemps. Dans certains coins, les feuilles de pissenlit sont mangées demi-cuites avec du lard.
Le poireau : allium porrum
Diurétique, maturatif, adoucissant
Le poireau est originaire d’Asie Mineure où il a été cultivé depuis la plus haute antiquité. Ses feuilles aplaties le différencient de l’oignon aux feuilles ronde, de la même famille (les liliacées) et aux vertus thérapeutiques.
En usage externe, on se sert du poireau dans les cas de brûlures et de piqûres d’insectes; Il faut frotter une feuille et faire suinter le jus sur la partie endolorie. Ainsi, le poireau aux propriétés émollientes car riche en mucilages, a la faculté d’adoucir les irritations.
Autre indication : les feuilles de poireau cuites dans du saindoux sont efficaces dans les cas de furonculoses, les panaris, les abcès, les boutons qui s’infectent.
La reine-des-prés : spirea ulmoria
Diurétique, anti-rhumatismale, emménagogue
Belle élégante des terres humides et des bords des ruisseaux, la reine-des-prés – quel beau nom pour une plante !- lance ses hautes tiges terminées par une inflorescence triangulaire formée de petites fleurs d’un blanc crème au pollen jaune d’or. Ses feuilles sont composées de trois à dix-sept folioles dentées et les fruits s’enroulent en spirales, d’où son nom. Connue depuis la Renaissance pour ses vertus médicinales, elle a une place privilégiée dans les pharmacies. L’infusion des sommités fleuries entre dans la pharmacopée pour des affections assez diverses. Elle est diurétique, sert à faire pipi, dans les cas de rétention d’eau. Elle permet d’éliminer en cas d’infection urinaire. En outre, elle fait tomber la fièvre et calme les douleurs menstruelles. Ses propriétés anti-rhumatismales sont aussi réputées.
La ronce : rubus fruticosus
Adoucissante, antitussive, anti-diarrhéique
La ronce est un remède populaire en Europe occidentale. Très commune, elle pousse à proximité des villages où elle forme des haies parfois inextricables. Nos ancêtres en ont fait de nombreux usages et ont tout utilisé dans cette plante : jeunes pousses, feuilles, fruits et tiges. La pousse de ronce est décrite comme médicinale, c’est-à-dire le bourgeon avec juste une feuille et parfois la première feuille. Il faut la ramasser au printemps pour la pousse, en été pour la feuille. On en fait provision pour l’hiver en la faisant sécher sur un journal, à l’ombre.
L’infusion avec une cuillerée de miel est efficace contre la toux, les maux de gorge, les enrouements et même les angines.
La gelée ou la confiture de mûres servent aussi de remèdes dans les mêmes indications.
Le tilleul : tilia sp
Calmant, digestif, adoucissant
Grand arbre des forêts, très souvent planté près des fermes, le tilleul embaume de sa floraison généreuse le début de l’été. Une bractée jaune pâle ee tend comme une main vers la fleur odorante, brillante de nectar et de pollen, gorgée de sucs et d’abeilles ivres. Les feuilles ont des formes différentes selon les espèces, en forme de cœur pour les unes, dentées et pointues pour d’autres, ou argentées en dessous.
On récolte toujours bractées et fleurs en pleine floraison, en fin juin, début juillet. On les fait sécher au grenier ou dans une remise, bien à plat sur du papier journal. Le tilleul est connu pour ses vertus calmantes. Celles adoucissantes – la fleur est riche en mucilages – calment les brûlures et les irritations de l’estomac ou des intestins, on en boit l’infusion pour mieux digérer.
En usage externe, ses propriétés calmantes et émollientes se conjuguent dans les cas d’entorses par exemple. On fait un cataplasme de feuilles bouillies.
Juin 2016