La maison de Victorine (vers 1950 ?)


Cette photo est intéressante à plus d’un titre, pour moi qui ai passé mon enfance dans ce cadre et pour les personnes qui ont connu cette maison et ses habitants.
Elle est riche d’observations et induit une série de commentaires.
Prise en plongée de biais depuis en éminence rocheuse, on devine en contrebas du talus situé au premier plan le ruisseau Le Malaval qui suit sa course.
Au-dessus de ce talus arboré de pruniers sauvages, la route mène de Pont d’Alleyras à Alleyras.
Entre cette départementale et le talus, mon oncle André Archer avait constitué à force de brouettées de terre, une petite plate-forme sur laquelle il posait du bois destiné au chauffage et sur laquelle il installait une « chèvre* » servant à recevoir les troncs et les branches qu’il mesurait par un marquage à la craie puis débitait en bûches de la longueur du foyer du fourneau à feu continu de la marque Piesel (orthographe incertaine). Légèrement à gauche, on distingue un tas de boulets de charbon que mon père Albert Rousset faisait ramener depuis la Grand-Combe où il travaillait aux houillères des Cévennes. Car les mineurs recevaient du charbon comme avantage en nature.
De l’autre côté de la route, le petit bâtiment de bois surmonté d’un seul pan de toiture qu’on appelait la remise a été démoli quelques années après le décès de Victorine survenu en 1976. Mon oncle André l’utilisait quotidiennement : il y rangeait le petit bois destiné à alimenter le fourneau de la cuisine, y empilait des bûches rigoureusement sciées, y déposait la meule à affûter les couteaux, y mettait les divers outils indispensables aux champs et à la maison, les jerricans, les produits chimiques, les instruments variés pour couper, scier, jardiner, bricoler…
A l’extérieur, ne pile de bûches s’adosse sur une des parois de la remise qu’abrite un débord de la toiture, la protégeant ainsi de la pluie.
Au-dessus domine la grande maison blanche que Victorine Archer avait fait construire : on voit la cour qui conduit à la porte d’entrée. A sa droite, la fenêtre de la cuisine; à sa gauche, celle de l’épicerie.
La petite extension surmontée d’un toit terrasse abritait la boucherie de ma grand-mère. En passant sur ce toit sur lequel Victorine posait des pots de fleurs, nous rejoignions « le charnier » qui renfermait des sacs de grain pour la volaille.
Au premier étage, une fenêtre de sa chambre à droite est ouverte.
Entre la maison et la remise, une route descend vers l’Allier et le four de la Planche. Elle rencontre d’abord sur la droite la clôture blanche ouvragée bordant la maison à façade claire des Chanal.
Toujours en suivant cette route, on aperçoit sur la gauche un morceau de  la maison de pierres de la  Thérèse puis de Rosa et Marcel Joussouys et enfin de leur fils Élie. Françoise Avit qui en a hérité essaie de finir actuellement sa restauration.
Entre cette dernière et la route, on voit l’écurie surmontée de la grange de Victorine dont le toit, faute d’entretien, s’est écroulé il y a quelques années. Comme un pan de façade menaçait de s’effondrer sur la route, mes cousins ont décidé la démolition de cette grange. Bien que le bâtiment d’autrefois ait disparu, les souvenirs sont restés : l’écurie où je suivais la mémé et l’oncle André, où je rendais visite aux trois vaches et à leurs veaux, où je leur passais longuement l’étrille* sur la peau des vaches, le « cabistou » où je coupais les betteraves fourragères en morceaux dont se délectaient nos vaches.
Au loin, on voit la falaise rocheuse abrupte. Au bas de celle-ci, s’échelonnent une suite de maisons le long de la route de Vabres et un peu au-dessus.
Les souvenirs affluent…

* chèvre : (menuiserie) Outil composé de deux croix de Saint-André, sur lesquelles on pose des morceaux de bois pour les scier.
* étrille :
Instrument muni d’un manche court et portant des rangées de petites lames dentelées disposées parallèlement sur une plaque de métal, avec lequel on nettoie la robe de certains animaux (cheval, mulet…). Donner un coup d’étrille à une vache.

Avril 2017

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Une réponse à La maison de Victorine (vers 1950 ?)

  1. Alice dit :

    Dommage que la photo ait été prise de si loin, parce qu’on a l’impression qu’elle date d’hier, mais je suis sûre qu’on verrait que non avec plus de détails. A part la remise et le toit de la grange, oui, il devait aussi y avoir la route qui ne devait pas être goudronnée, les abords qui devaient être plus entretenus que maintenant… je sais pas, j’ai pas trouvé tant de différences avec ce que je connais, pourtant de l’eau est passé dans le Malaval en presque 70 ans.

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