L’impact psychologique d’une perte de la vision

Impossible de s’adapter immédiatement à une déficience visuelle ! Il faut du temps pour vivre avec … Et encore, on n’accepte jamais vraiment cette anormalité. Simplement, elle colle à nous comme la vérole se jette sur le bas clergé.
Alors que le malvoyant auquel on vient d’annoncer sa déficience sensorielle a compris son diagnostic mais ne l’a pas encore assimilé, son entourage l’a intégré, lui : la personne ne voit plus bien et ne pourra plus voir normalement. Il lui demande alors de « se secouer », de réagir, de suivre des séances d’orthoptie, de choisir du matériel optique adéquat, de penser à l’aménagement de sa maison, de faire un dossier auprès de la maison départementale du handicap…
Mais le malvoyant n’est pour le moment pas capable de se dire qu’il ne verra plus jamais comme avant, qu’il devra mettre en place des stratégies compensatoires. Il lui faut du temps… Un affrontement de deux réactions différentes…
Pour le handicapé, il ne s’agit pas de neutraliser sa vision qui a baissé, mais de rejeter l’évidence qu’il ne peut pas assumer. Refus évident : comment accepter facilement ce handicap ? Pour la personne concernée, ce travail de deuil est lent. Car il s’agit d’un deuil : une part de soi est morte et l’ensemble dysfonctionne. Ce processus de deuil permet de réaliser ce qui arrive, de comprendre ce qui est perdu. Il est très difficile d’accepter une perte comme celle de la vue.
Plutôt qu’accepter, il faudrait préférer le terme « comprendre » qui signifie « prendre avec soi », intégrer une réalité, admettre et assimiler ce qui ne sera plus jamais.

Le déni :
Ce deuil de la vision passe par différentes étapes; la première est la dénégation : « Non, ce n’est pas vrai« . On trouve un tas de raisons, on court chez les médecins, on cherche sur internet, on est avide de témoignages, on tait son problème aux autres…
C’est normal : on refuse d’accepter cette perte, on rejette la réalité. On essaie même de surcompenser  On s’essaie aussi à des activités à risques pour prouver que le diagnostic est erroné. On accuse l’éclairage, la fatigue…

La dépression :
Deuxième étape, l’évidence s’impose : je n’y arrive plus ! La dépression avec la difficulté à voir le futur, les troubles du sommeil, de l’alimentation, une tristesse, un désinvestissement, une sensation d’étouffement… Mais on sait pourquoi on a cette réaction, on est abattu parce que notre vision antérieure a disparu. Cet effet a un caractère exagératif, à l’image de l’expression « un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». On se juge ainsi plus bon à rien. Et pourtant, quel rapport ? Bien sûr, on rencontre des difficultés à lire et à écrire, mais on reste dans le fond toujours aussi compétent qu’avant. On en devient davantage impacté par son état psychique que par sa perte visuelle. On se dit alors que sa vie est terminée.

Le réinvestissement
Après le rejet puis l’exagération, on se rend compte de ceux-ci. On ne se croyait plus capable et finalement, on se rend compte qu’on l’est. Un réinvestissement progressif va alors s’opérer, avec des stratégies compensatoires. Ce troisième temps est celui de la recherche de solutions et de la représentation d’un avenir avec sa déficience visuelle. Pourtant, il aura fallu passer par toutes ces étapes.

Juillet 2017

 

Cette entrée a été publiée dans Santé et malvoyance. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>