Je suis né de Geisha, une mère siamoise fort mâtinée de noir et de Jopplin, mon père siamois lui aussi, mais au pelage bien plus clair. Il parait que je ressemble comme une goutte d’eau à mon géniteur. C’est certainement vrai au nombre de personnes qui l’affirment avec une ferme certitude.
Robe pigmentée beige clair dégradé avec un masque taché de grosses éclaboussures noires, du noir encore sur mes pattes, ma queue et mes oreilles, poil ras, mat, fin, court, dru, soyeux, brillant, l’œil oblique couleur bleu-vert, je suis un chat snowshoe , arborant fièrement ce contraste net entre les zones de mon pelage qui me distingue des autres de ma race.
Un de mes plus vieux souvenirs remonte au jour où Lucie dans la maison de laquelle je naquis, m’amena dans une demeure où je rencontrai, venant vers moi -on m’avait enfermé dans un panier à chat-, un jeune homme et une femme plus âgée dans une pièce plutôt encombrée. Une grosse chatte douairière, très poilue et qui me parut grasse soufflait et grondait. Quelque chose d’inexplicable me poussa à me cacher… je me retrouvé acculé dans un piège au milieu d’inconnus peut-être animés de mauvaises intentions. il fallait impérativement que je m’esquive et disparaisse d’ici.
Je me réfugiai dans une cachette, derrière un meuble, et y restai au moins une journée, je ne me souviens plus très bien… J’entendis qu’on me cherchait mais je ne me manifestai pas. Le lendemain, la faim me tenailla et je fis en sorte de me montrer au jeune homme ; il avait l’air aimable et me montrait patte blanche. J’appris guère plus tard qu’il se prénommait Félix. C’est bizarre quand même ! S’appeler comme mes croquettes préférées, quelle coïncidence, vous ne trouvez-pas ?
Je pris possession de la pièce où j’avais atterri dans mon échappée, puis de la maison, pleine de recoins où je pourrais me cacher si d’aventure la grosse chatte en colère revenait.
Félix s’avéra aussi bon que mes croquettes, me parlant affectueusement, me caressant, jouant avec moi : il tenait un objet métallique qui envoyait un faisceau laser se matérialisant par la projection d’un point rouge. Celui-ci se posait sur le sol, sur les murs, sur les meubles à une rapidité vertigineuse. J’avais beau courir très vite, impossible de l’attraper. Inévitablement, il échappait à ma célérité. Je sautais du canapé à la chaise, du sol aux lambris des murs, en haut, en bas, à droite et à gauche, suivant le petit point rouge qui m’échappait sans cesse. Nous jouions ensemble le soir des parties endiablées dans sa chambre. J’appris ainsi à le connaître…
Je l’entendais parler de moi avec la femme plus âgée dont j’appris qu’elle portait le nom de Juliette. Etait-ce sa mère ? Je déduisis leur lien familial aux rapports chaleureux et attentionnés qu’ils se manifestaient réciproquement.
Je sus, à leurs caresses et à leurs dialogues, que je comptais pour eux ; ils me qualifiaient d’ « hyper » : hyper actif, hyper attachant, hyper bavard, hyper gentil, hyper chat. Mais c’est à lui que j’étais le plus attaché.
Un soir où j’étais à la poursuite d’un papillon, je montai facilement mais témérairement sur un sumac de Virginie, un arbuste assez haut pour ma taille, croyant saisir l’insecte volant mais il m’échappa et poursuivit son voyage aérien. Comment redescendre de là-haut ? Le vide m’empêcha de dégringoler et la peur de sauter sur la terre ferme. Je m’agrippai aux branches tout en regardant le sol, tétanisé de trouille et dans une situation inextricable : rester sur l’arbre, isolé et esseulé, sauter de plusieurs mètres de hauteur et certainement me blesser, dilemme insoluble.
C’est ainsi que je m’égarai pour la première fois. Cette « évasion » involontaire reste pour moi une image confuse. N’avais-je pas plutôt voulu grimper sur un rayon de lune ? Poursuivre une étoile ? Puis décidé de me claustrer derrière mes paupières cadenassées par la peur du vide, il ne me resta plus qu’à appeler à l’aide. Mon seul recours fut de miauler de manière insistante et récurrente. C’est ainsi que je m’époumonai à en perdre haleine. « miaou, miaou, miaouou… » Pourvu qu’on vienne à mon secours !
Juliette m’entendit et suivit le son de mes plaintes. Mais, comme elle était très loin de posséder des yeux de chat, elle ne me vit pas mais devina seulement ma présence marquée par mes appels de désespoir. Elle alla aussitôt prévenir Félix dont la vue était presque aussi bonne que la mienne. Des yeux de chat ! Il arriva après ce qui me parut un siècle et me trouva enfin, accroché au sumac, y grimpa, me décrocha de ses branches et redescendit avec moi. Comme je fus soulagé de retrouver la terre ferme et mes compagnons humains !
Et puis, quelques mois plus tard, Lucie qui me rendait visite de temps en temps, est revenue me chercher pour me ramener chez elle.
Là, il y avait d’autres animaux, des congénères de mon espèce et d’autres dont deux furets et des bernard-l’ermite. Les furets sentaient vraiment très fort pour mon odorat délicat !
Lucie habitait un petit appartement au troisième étage d’un immeuble d’Espaly-Saint-Marcel. Une fenêtre donnait sur une avenue hostile où roulaient continuellement des flopées de véhicules pressés. L’autre fenêtre donnait sur une cour à peine moins menaçante mais dont la hauteur me parut telle que j’en éprouvai un intense vertige. C‘était infiniment plus démesuré que ma position acrobatique sur le sumac de Virginie.
Prisonnier dans cette geôle sans sortie au péril de sauter dans le vide et de m’écraser sur le sol bétonné, une seule issue m’apparut : celle de manifester verbalement et gestuellement ma détresse, ça avait marché quand j’étais prisonnier sur le sumac, pourquoi pas encore dans ce cas ci : je me mis à griffer les vitres, à tourner en rond comme un ours en cage, à m’agiter avec fureur, à me montrer sous mon mauvais jour aux habitants du lieu, à faire la grève de la faim. Ah, ils verraient ! Je devenais insupportable aux yeux de tous.
Excédée, Lucie téléphona à Juliette et Félix, leur fit part de cette situation intenable dont ses compagnons et elle faisaient les frais. Elle leur proposa de m’adopter définitivement, moi siamois épris d’air et de lumière, de liberté et d’horizons ouverts. Elle déplorait la situation d’enfermement que je refusais par mes manifestations criantes.
Juliette et Félix, qui s’étaient très attachés à ma personne le temps que j’avais séjourné chez eux, acceptèrent le deal avec joie. Je restai donc dans leur maison équipée d’une petite cour, de verdure, d’une plate-bande de plantes, d’un nichoir à oiseaux, de pots de fleurs. Je pouvais y attraper des lézards, mulots, souris et même des oiseaux. Juliette et Félix détestaient quand je revenais avec une petite boule de plumes morte dans la gueule. Ils m’ont donc mis autour du cou un collier rouge muni d’un tube qui renfermait mon numéro de téléphone au cas où… et d’une clochette. Celle-ci avertissait l’oiseau suicidaire de ma présence dès que je bougeais. Par contre, ce dispositif ne modifia en rien mes chasses aux souris dans lesquelles je passai maître.
Comme j’adore m’aventurer hors de la maison et découvrir des horizons connus de moi et même étrangers, ils m’ont installé une trappe à chat, petit dispositif faisant office de porte à greffier. Je peux ainsi que Félix m’a montré son mécanisme, à savoir actionner porte pour sortir et entrer librement quand bon me semble. C’est génial : même si la grosse douairière et moi restons seuls à la maison, nous pouvons aisément vaquer entre l‘extérieur et l’intérieur, ce que nous ne nous privions pas de faire plusieurs fois par jour.
Quelques mois plus tard, comme j’aime vagabonder dans les environs et les explorer, je me suis retrouvé, après plusieurs escalades, deux maisons plus loin. Que se passa-t-il ? Ai-je eu peur du gros labrador, seigneur régnant sur le lieu ? M’a-t-on délibérément enfermé dans cette maison ? Je ne sais plus.
Le soir, j’entendis les appels de Juliette et Félix jusque tard dans la nuit. Mais, fermé dans une pièce, il me fut impossible de m’échapper. Le second jour de mon absence, Juliette toujours à ma recherche, fit le tour du pâté de maisons et m’aperçut au bord d’une fenêtre du deuxième étage. Elle sonna en vain à la porte de ces habitants qui ne lui ouvrirent pas. Avaient-ils voulu me kidnapper ? Peut-être… En tout cas, je les évite dorénavant. Méfiance, méfiance… Chat échaudé craint l’eau froide !
Je décidai pour finir de descendre en m’agrippant à tout ce que je trouverai sur ma route : aspérités du mur, branchages, treille… Une désescalade dont je m’enorgueillis toujours aujourd’hui ! Les deux murs franchis, je réintégrai ma chère cour ensoleillée et son ombre bienfaisante.
J’appris plus tard que mes maîtres, très inquiets de mon absence et supposant le pire (par exemple une voiture meurtrière sous les roues de laquelle un chauffard m’aurait écrasé, les véhicules étant les ennemis des chats urbains épris de grands espaces) avaient posé alentour des affiches avec ma photo. Depuis, j’ai acquis une relative célébrité dans le quartier auprès des gens qui se préoccupent des animaux et de leur sort.
Cette mésaventure m’est arrivée maintenant il y a un an.
Depuis, je reste sur mes gardes.
Il a fait très chaud en ce mois de juin 2017. La grosse chatte de la maison se traînait, cherchant la fraîcheur qui l’apaiserait. Elle est tellement « enveloppée » qu’elle ne parvient plus à sauter. Comme je la plains !
En revanche, je suis jeune et leste, ce qui m’a été très utile en ces jours de canicule. Dans la cour et au nord, est rangée une bétonnière qui garde la fraîcheur de l’ombre. J’y saute d’un bond et m’y installe, m’endormant dans cette douce léthargie de l’été.
Je passe mes nuits estivales en vagabondages et je rentre, dès potron-minet. Je déjeune et vais me coucher dans le lit, à côté de Juliette qui me caresse. Chouette vie, n’est-ce pas ?
Léo
Je suis né de Geisha, une mère siamoise fort mâtinée de noir et de Jopplin, mon père siamois lui aussi, mais au pelage bien plus clair. Il parait que je ressemble comme une goutte d’eau à mon géniteur. C’est certainement vrai au nombre de personnes qui l’affirment avec une ferme certitude.
Robe pigmentée beige clair dégradé avec un masque taché de grosses éclaboussures noires, du noir encore sur mes pattes, ma queue et mes oreilles, poil ras, mat, fin, court, dru, soyeux, brillant, l’œil oblique couleur bleu-vert, je suis un vrai chat siamois, arborant fièrement ce contraste net entre les zones de mon pelage qui me distingue des autres de ma race.
Un de mes plus vieux souvenirs remonte au jour où Lucie dans la maison de laquelle je naquis, m’amena dans une demeure où je rencontrai, venant vers moi -on m’avait enfermé dans un panier à chat-, un jeune homme et une femme plus âgée dans une pièce plutôt encombrée. Une grosse chatte douairière, très poilue et qui me parut grasse soufflait et grondait. Quelque chose d’inexplicable me poussa à me cacher… je me retrouvé acculé dans un piège au milieu d’inconnus peut-être animés de mauvaises intentions. il fallait impérativement que je m’esquive et disparaisse d’ici.
Je me réfugiai dans une cachette, derrière un meuble, et y restai au moins une journée, je ne me souviens plus très bien… J’entendis qu’on me cherchait mais je ne me manifestai pas. Le lendemain, la faim me tenailla et je fis en sorte de me montrer au jeune homme ; il avait l’air aimable et me montrait patte blanche. J’appris guère plus tard qu’il se prénommait Félix. C’est bizarre quand même ! S’appeler comme mes croquettes préférées, quelle coïncidence, vous ne trouvez-pas ?
Je pris possession de la pièce où j’avais atterri dans mon échappée, puis de la maison, pleine de recoins où je pourrais me cacher si d’aventure la grosse chatte en colère revenait.
Félix s’avéra aussi bon que mes croquettes, me parlant affectueusement, me caressant, jouant avec moi : il tenait un objet métallique qui envoyait un faisceau laser se matérialisant par la projection d’un point rouge. Celui-ci se posait sur le sol, sur les murs, sur les meubles à une rapidité vertigineuse. J’avais beau courir très vite, impossible de l’attraper. Inévitablement, il échappait à ma célérité. Je sautais du canapé à la chaise, du sol aux lambris des murs, en haut, en bas, à droite et à gauche, suivant le petit point rouge qui m’échappait sans cesse. Nous jouions ensemble le soir des parties endiablées dans sa chambre. J’appris ainsi à le connaître…
Je l’entendais parler de moi avec la femme plus âgée dont j’appris qu’elle portait le nom de Juliette. Etait-ce sa mère ? Je déduisis leur lien familial aux rapports chaleureux et attentionnés qu’ils se manifestaient réciproquement.
Je sus, à leurs caresses et à leurs dialogues, que je comptais pour eux ; ils me qualifiaient d’ « hyper » : hyper actif, hyper attachant, hyper bavard, hyper gentil, hyper chat. Mais c’est à lui que j’étais le plus attaché.
Un soir où j’étais à la poursuite d’un papillon, je montai facilement mais témérairement sur un sumac de Virginie, un arbuste assez haut pour ma taille, croyant saisir l’insecte volant mais il m’échappa et poursuivit son voyage aérien. Comment redescendre de là-haut ? Le vide m’empêcha de dégringoler et la peur de sauter sur la terre ferme. Je m’agrippai aux branches tout en regardant le sol, tétanisé de trouille et dans une situation inextricable : rester sur l’arbre, isolé et esseulé, sauter de plusieurs mètres de hauteur et certainement me blesser, dilemme insoluble.
C’est ainsi que je m’égarai pour la première fois. Cette « évasion » involontaire reste pour moi une image confuse. N’avais-je pas plutôt voulu grimper sur un rayon de lune ? Poursuivre une étoile ? Puis décidé de me claustrer derrière mes paupières cadenassées par la peur du vide, il ne me resta plus qu’à appeler à l’aide. Mon seul recours fut de miauler de manière insistante et récurrente. C’est ainsi que je m’époumonai à en perdre haleine. « miaou, miaou, miaouou… » Pourvu qu’on vienne à mon secours !
Juliette m’entendit et suivit le son de mes plaintes. Mais, comme elle était très loin de posséder des yeux de chat, elle ne me vit pas mais devina seulement ma présence marquée par mes appels de désespoir. Elle alla aussitôt prévenir Félix dont la vue était presque aussi bonne que la mienne. Des yeux de chat ! Il arriva après ce qui me parut un siècle et me trouva enfin, accroché au sumac, y grimpa, me décrocha de ses branches et redescendit avec moi. Comme je fus soulagé de retrouver la terre ferme et mes compagnons humains !
Et puis, quelques mois plus tard, Lucie qui me rendait visite de temps en temps, est revenue me chercher pour me ramener chez elle.
Là, il y avait d’autres animaux, des congénères de mon espèce et d’autres dont deux furets et des bernard-l’ermite. Les furets sentaient vraiment très fort pour mon odorat délicat !
Lucie habitait un petit appartement au troisième étage d’un immeuble d’Espaly-Saint-Marcel. Une fenêtre donnait sur une avenue hostile où roulaient continuellement des flopées de véhicules pressés. L’autre fenêtre donnait sur une cour à peine moins menaçante mais dont la hauteur me parut telle que j’en éprouvai un intense vertige. C‘était infiniment plus démesuré que ma position acrobatique sur le sumac de Virginie.
Prisonnier dans cette geôle sans sortie au péril de sauter dans le vide et de m’écraser sur le sol bétonné, une seule issue m’apparut : celle de manifester verbalement et gestuellement ma détresse, ça avait marché quand j’étais prisonnier sur le sumac, pourquoi pas encore dans ce cas ci : je me mis à griffer les vitres, à tourner en rond comme un ours en cage, à m’agiter avec fureur, à me montrer sous mon mauvais jour aux habitants du lieu, à faire la grève de la faim. Ah, ils verraient ! Je devenais insupportable aux yeux de tous.
Excédée, Lucie téléphona à Juliette et Félix, leur fit part de cette situation intenable dont ses compagnons et elle faisaient les frais. Elle leur proposa de m’adopter définitivement, moi siamois épris d’air et de lumière, de liberté et d’horizons ouverts. Elle déplorait la situation d’enfermement que je refusais par mes manifestations criantes.
Juliette et Félix, qui s’étaient très attachés à ma personne le temps que j’avais séjourné chez eux, acceptèrent le deal avec joie. Je restai donc dans leur maison équipée d’une petite cour, de verdure, d’une plate-bande de plantes, d’un nichoir à oiseaux, de pots de fleurs. Je pouvais y attraper des lézards, mulots, souris et même des oiseaux. Juliette et Félix détestaient quand je revenais avec une petite boule de plumes morte dans la gueule. Ils m’ont donc mis autour du cou un collier rouge muni d’un tube qui renfermait mon numéro de téléphone au cas où… et d’une clochette. Celle-ci avertissait l’oiseau suicidaire de ma présence dès que je bougeais. Par contre, ce dispositif ne modifia en rien mes chasses aux souris dans lesquelles je passai maître.
Comme j’adore m’aventurer hors de la maison et découvrir des horizons connus de moi et même étrangers, ils m’ont installé une trappe à chat, petit dispositif faisant office de porte à greffier. Je peux ainsi que Félix m’a montré son mécanisme, à savoir actionner porte pour sortir et entrer librement quand bon me semble. C’est génial : même si la grosse douairière et moi restons seuls à la maison, nous pouvons aisément vaquer entre l‘extérieur et l’intérieur, ce que nous ne nous privions pas de faire plusieurs fois par jour.
Quelques mois plus tard, comme j’aime vagabonder dans les environs et les explorer, je me suis retrouvé, après plusieurs escalades, deux maisons plus loin. Que se passa-t-il ? Ai-je eu peur du gros labrador, seigneur régnant sur le lieu ? M’a-t-on délibérément enfermé dans cette maison ? Je ne sais plus.
Le soir, j’entendis les appels de Juliette et Félix jusque tard dans la nuit. Mais, fermé dans une pièce, il me fut impossible de m’échapper. Le second jour de mon absence, Juliette toujours à ma recherche, fit le tour du pâté de maisons et m’aperçut au bord d’une fenêtre du deuxième étage. Elle sonna en vain à la porte de ces habitants qui ne lui ouvrirent pas. Avaient-ils voulu me kidnapper ? Peut-être… En tout cas, je les évite dorénavant. Méfiance, méfiance… Chat échaudé craint l’eau froide !
Je décidai pour finir de descendre en m’agrippant à tout ce que je trouverai sur ma route : aspérités du mur, branchages, treille… Une désescalade dont je m’enorgueillis toujours aujourd’hui ! Les deux murs franchis, je réintégrai ma chère cour ensoleillée et son ombre bienfaisante.
J’appris plus tard que mes maîtres, très inquiets de mon absence et supposant le pire (par exemple une voiture meurtrière sous les roues de laquelle un chauffard m’aurait écrasé, les véhicules étant les ennemis des chats urbains épris de grands espaces) avaient posé alentour des affiches avec ma photo. Depuis, j’ai acquis une relative célébrité dans le quartier auprès des gens qui se préoccupent des animaux et de leur sort.
Cette mésaventure m’est arrivée maintenant il y a un an.
Depuis, je reste sur mes gardes.
Il a fait très chaud en ce mois de juin 2017. La grosse chatte de la maison se traînait, cherchant la fraîcheur qui l’apaiserait. Elle est tellement « enveloppée » qu’elle ne parvient plus à sauter. Comme je la plains !
En revanche, je suis jeune et leste, ce qui m’a été très utile en ces jours de canicule. Dans la cour et au nord, est rangée une bétonnière qui garde la fraîcheur de l’ombre. J’y saute d’un bond et m’y installe, m’endormant dans cette douce léthargie de l’été.
Je passe mes nuits estivales en vagabondages et je rentre, dès potron-minet. Je déjeune et vais me coucher dans le lit, à côté de Juliette qui me caresse. Chouette vie, n’est-ce pas ?
Janvier 2020