La maladie du frêne aux portes de la Haute-Loire

L’éveil  de la Haute-Loire vient de faire paraître cet article.
Le frêne, que l’on retrouve fréquemment au bord des rivières, risque de disparaître du paysage. - Photo L'Eveil
Le frêne, que l’on retrouve fréquemment au bord des rivières, risque de disparaître du paysage. – Photo L’éveil

Le chalara fraxinea est un champignon qui s’attaque aux frênes à travers l’Europe. Déjà présent dans le Puy-de-Dôme, la Loire et l’Ardèche, il devrait arriver en Haute-Loire l’an prochain.
Son nom compliqué à prononcer n’est pas encore familier aux propriétaires forestiers et aux amoureux des arbres altiligériens. Pourtant, le chalara fraxinea est indubitablement un ennemi avec lequel il va falloir composer dans les années à venir.
Ce champignon microscopique, ennemi mortel du frêne, se trouve aux portes du département et menace de contaminer les arbres altiligériens.
Apparue en 1992 en Pologne, la chalarose touche aujourd’hui 22 pays d’Europe, dont la France, où le premier cas a été recensé en 2008, en Haute-Saône. Depuis, la maladie progesse, au rythme de 50 km par an, touchant des régions entières : Alsace, Lorraine, Bourgogne et Nord. En 2013, c’était au tour du Puy-de-Dôme, de la Loire et de l’Ardèche de voir apparaître les premières atteintes du champignon. « Le Livradois, côté Puy-de-Dôme, est contaminé. Pour l’instant, les traces sont très discrètes, mais il faut s’attendre à ce que la maladie arrive l’année prochaine en Haute-Loire », confirme Olivier Baubet, responsable du pôle santé au Département de santé des forêts (DSF) du Massif Central.
Car le chalara se moque des barrières sanitaires qui sont mises en place. « Les milliards de spores ne peuvent être contenues, explique Olivier Baubet. L’été très humide a favorisé leur dissémination. » Une arrivée d’autant plus redoutée par les professionnels de la forêt que les frênes, qui ont souffert des conditions météo de l’année dernière, ont cette année une mauvaise feuillaison. Ce qui risque de les rendre encore plus sensibles au champignon.
Face à cette progression inexorable, le DSF recommande aux propriétaires forestiers et aux agriculteurs de suspendre les plantations de frênes. « Les semis sont plus vulnérables et la maladie avance beaucoup plus vite chez les jeunes sujets », indique Jean-Luc Parrel, responsable du centre de la propriété forestière de Haute-Loire. Le risque existe aussi d’implanter des arbres déjà contaminés, et donc de contribuer à la propagation de la maladie. Pour autant, il n’est pas question d’abattre tous les frênes de façon préventive. Le conseil numéro un donné par les spécialistes, c’est de bichonner les sujets existants, surtout s’ils sont âgés. « Mieux vaut ne pas tailler les branches, sauf si elles sont très atteintes. La taille risque de fragiliser l’arbre », prévient Jean-Luc Parrel. Finalement, le mieux, c’est d’être le moins interventionniste possible et de laisser les arbres se débrouiller face à une maladie pour laquelle il n’existe aucun traitement. Pour autant, il ne faut pas en conclure que tous les frênes sont condamnés. « Il se peut tout à fait qu’il y ait des arbres résistants, il est donc important de garder les frênes en bonne forme. »
Très présent dans les haies et en bordure des cours d’eau, le frêne est l’un des éléments caractéristiques du paysage de la Haute-Loire. L’essence est en revanche peu implantée dans les forêts altiligériennes, où les résineux, les chênes et les hêtres règnent en maître. La chalarose ne devrait donc pas avoir d’impact économique sur la filière bois.
Mais si les frênes ne sont pas menacés d’une disparition aussi foudroyante que les ormes, dévastés par la graphiose dans les années 1980, il n’en reste pas moins que leur raréfaction entraînerait des bouleversements en termes de biodiversité. Autre problème : le frêne est un arbre d’alignement ornemental. Les sujets malades risquent de voir leurs branches fragilisées se rompre, causant d’éventuels dégâts.
« Nous ne voulons pas faire de catastrophisme », insiste Jean-Luc Parrel, dont la tâche consiste surtout à informer les propriétaires. Mais toute la difficulté, pour le centre de la propriété forestière, consiste à toucher les agriculteurs, plutôt que les sylviculteurs. 

Septembre 2014

 

 

Cette entrée a été publiée dans La Haute-Loire, le Puy-en-Velay. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>