Dans mes archives de prof de français, j’ai retrouvé des cours que je faisais lorsque j’étais en activité. Celui-ci est assez amusant pour que je le mentionne. Ma classe travaillait sur une séquence centrée sur l’argumentation, classe de texte typique de la dissertation. Plus simplement, une idée est énoncée qu’on développe en trouvant des arguments illustrés d’exemples. Le tout est articulé par des connecteurs logiques et s’enchaîne harmonieusement.
Ici, j’avais créé une séquence pédagogique dont le thème portait sur l’automobile. Ce cours débutait par le premier texte tiré d’un magazine pour les jeunes. J’ai écrit le second. Mes élèves avaient une série de consignes portant sur les textes argumentatifs.
Les voici…
Texte 1 :
En 1955, Citroën présente la DS 19 au salon de l’auto qui se tient à Paris. Je reçois un choc : cette luxueuse berline est tout à fait révolutionnaire !
En effet, la DS porte bien son nom; ses formes sont étourdissantes. Je ne me lasse pas de regarder sa superbe ligne effilée; sa silhouette d’avant-garde conquiert le public. Vous pouvez voir l’avant de sa carrosserie profilé comme un jet.
De plus, la suspension hydropneumatique de la DS est unique au monde et procure un confort sublime. C’est ainsi qu’on croirait rouler sur un tapis de mousse.
En outre, la hauteur du châssis est réglable; vous pouvez à votre gré corriger la hauteur de garde au sol de cette voiture. Par exemple, il est possible de la relever sur un chemin forestier plein d’ornières.
Enfin, la DS n’a aucune concurrente sur le marché et connaît déjà un grand succès. Elle a conquis le général de Gaulle.
J’espère que vous serez l’heureux possesseur d’une telle merveille !
Henri Larnaque, d’après Sciences et Vie Junior n°97,
1997, l’automobile, un siècle d’inventions
Texte 2 :
Pierre Pigeon Nîmes, le 3 mars 2001
6, rue de la Source
30 000-Nîmes
à,
Monsieur Henri Larnaque
2, rue Blanche
75000 -Paris
Monsieur,
Suite à votre article paru dans la presse, je tiens à m’insurger contre vos propos mensongers.
En effet, j’ai été le possesseur d’une DS 19, non pas heureux mais au contraire, très malheureux ! Cette voiture a bien été pour moi révolutionnaire mais pas de la façon dont vous l’entendez.
Ma fiancée a d’abord été très jalouse quand je lui ai vanté les lignes de mon véhicule en me rétorquant que je lui préférais ma DS et que je réservais mes compliments à un tas de ferraille ambulant.
Ensuite, la suspension hydropneumatique la rendait malade et, à chaque sortie, elle vomissait si bien que j’ai passé une grande partie de mon temps à nettoyer les sièges salis.
Enfin, le châssis a refusé de se relever un jour où nous roulions dans un chemin détrempé par la boue à tel point que nous nous sommes enlisés. Ma fiancé a dû patauger dans ce bourbier pour sortir et elle est partie en faisant de l’auto-stop, me laissant seul.
Peu de temps après, elle s’est mariée avec un homme qui possédait une vieille 2 CV.
C’est pourquoi je proteste contre vos déclarations fallacieuses dans la mesure où je ne suis pas d’accord avec vos affirmations.
En espérant que vous écrirez un texte rectificatif dans la revue, je vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
Pierre Pigeon
Juin 2015