Assis sur la branche d’un grand chêne majestueux
Un pas peu fier écureuil admire son existence :
Que n’a-t-il point œuvré pour en faire des envieux ?
Une réserve de glands lui assurant bombance ?
Le plus beaux des abris à cent lieux ?
Il éprouve même, malgré sa suffisance,
Quelque pitié furtive pour ceux qu’on nomme gueux.
Il va offrir conseil afin de donner chance
A un lapin quelque peu oublié des dieux :
« Mais l’ami ? Que faites-vous de votre vie ?
Des projets d’avenir, je ne vois pont. »
« Ola ! Ne vous faites de souci ! Pour moi, l’avenir est bien loin,
Et ma vie est remplie de bonheur du présent :
Je batifole à souhait, je joue avec mes enfants,
Regarde la vie passer, y trouve grand apaisement.
Je n’ai besoin de plus : ma vie est un présent ! »
« Mais l’ami ! Vous pourriez avoir une plus belle vie !
Par exemple, en ramassant comme moi des glands,
Vous pourriez vous offrir un pré, à vie !
Vous y creuseriez terriers louables en glands ! »
« Oui ? Et alors ? » – « Alors, les glands ainsi gagnés
Vous permettraient d’avoir des lapins qui creuseraient
Les terriers à votre place : quelle fatigue épargnée ! »
« Oui ? Et alors ? » - »Alors, contre glands vous loueriez
A ces mêmes lapins les terriers de votre pré.
Il vous faudrait alors un autre pré
Que ces mêmes lapins creuseraient , à l’infini, voyez ?! »
« Oui ? Et alors ? » – « Alors ? Quand toute terre alentours
Par vous sera acquise, gérée d’un main de maître
Par vos fidèles seconds, alors viendra le jour
Béni, ma foi, où sonnera l’heure de votre retraite ! »
« Oui ? Et alors ? » – « Alors ? Vous n’en voyez pas le bout ? »
« Non. » – « Comment non ? Mais vous aurez enfin le temps !
De remplir votre vie de bonheur du présent !
Batifoler à souhait, jouer avec vos enfants
Et même voir la vie passer, y trouver apaisement… »
Septembre 2015