Dans le numéro 79 d’août-septembre 2015 de la revue Volcan, Christophe Colpaert , correspondant de ce magazine pour Alleyras, a écrit cet article particulièrement intéressant et captivant que je reproduis ici. Christophe est un artiste conteur d’Alleyras plus connu sous le nom « le beau Léon ». Si vous souhaitez, par exemple, faire une balade contée en sa compagnie, voici ses coordonnées :
Christophe COLPAERT
Pour le connaître avantage, je vous renvoie à ce lien : http://alleyras-capitale.info/spip.php?article120
« La fête d’Alleyras des 9 et 10 août 2014 vient de finir, c’est le signal du retour pour une une jeune fille venue passer 15 jours de vacances chez ses deux copines Melwine et Nolwenn Colpaert, mes propres filles. La petite habite Toulon et habituellement, je la ramène chez elle en voiture mais, après réflexion, je décide de le faire en train pour éviter de conduire sous les chaleurs de mois d’août et échapper du même coup à la sur-fréquentation automobile des routes du sud.
Première étape : acheter le billet par internet avec le Puy-en-Velay comme ville de départ. Suivant le jour et l’heure choisis, un aller pour deux vers Toulon me coûtera entre 121€ et 169€. « Fiuuu ! », je trouve ça un peu cher. A ce moment-là, l’idée me traverse l’esprit de regarder ce qui m’est proposé en partant de la gare d’Alleyras. Bien m’en a pris ! Il m’est offert la possibilité de partir chaque jour à 8h56 depuis Alleyras via Nîmes et Marseille pour arriver à Toulon à 16h09. Soit 7 heures de route (dont 1h30 de pause déjeuner à Nîmes) et pour un tatif de 84€. Oui, vous avez bien lu : PRENDRE LE TRAIN en GARE d’ALLEYRAS pour descendre vers le Sud vous coûtera moins cher qu’un départ du Puy !
L’occasion est trop belle de faire un petit reportage sur le tronçon Alleyras/Nîmes. Le voici :
Mardi matin 8h50 : nous arrivons sur le quai de la gare d’Alleyras où deux personnes y attendent le train comme nous. Renseignement pris, seule la fille s’en retourne vers Montpellier, le père, lui, finit sa semaine de location à Cap’vacances. Les deux sont d’accord pour affirmer le côté très pratique d’avoir une gare à moins d’un kilomètre de leur lieu de vacances.
Soudain, je me rends compte que la petite et moi n’avons rien mangé avant de partir. Stéfan, le gérant de la petite épicerie « Relais de la gare » juste en face de nous et, contre quelques pièces de monnaie, grand sourire aux lèvres, me fait passer deux croissants frais par dessus le grillage bordant le quai, le commerce de proximité dans toute sa noblesse !
Le train est maintenant là, nous nous engouffrons vite dedans car l’arrêt n’est ici que d’une seule minute et encore…
Notre train est un TER à deux wagons. Je compte 18 personnes dans celui où nous sommes montés. Dix minutes et quelques tunnels plus tard, nos yeux sont rivés sur l’extraordinaire paysage qui défile devant nous. La rivière Allier nous escorte très gentiment en ce début de voyage. C’est une agréable compagne aux bien jolies courbes. Le train roule lentement.
9h20 : court arrêt en gare de Chapeauroux, puis le train redémarre. Les voies sont bordées de feuillus tandis que les hauteurs sont garnies de pins, du caillou partout. Tout est relief ici, nos yeux ne s’ennuient jamais.
9h30 : l’allure augmente . Le paysage défile plus vite.
9h45 : nous voici en gare de Langogne. Elle est bien plus grande que toutes les autres que nous avons traversées jusqu’à maintenant. Sur le quai, il y a une bonne dizaine de personnes qui attendent : qui avec une valise de vacancier, qui juste avec un petit sac, deux ou trois simplement les mains dans poches. Un grand coup de sifflet et c’est reparti.
Le paysage devient moins accidenté. Un pêcheur, quelques vaches, un couple de chevaux viennent agrémenter ce décor toujours aussi agréable. Vraiment quel plaisir, quel repos pour les yeux, quel bienfait pour l’esprit et le moral !
10h05 : La Bastide St-Laurent les Bains.
Nous nous mettons à quai près d’un TER identique au notre, mais avec le nez dans l’autre sens. « Bon voyage Messieurs Dames ! Saluez Alleyras de ma part et surtout ouvrez vos yeux et profitez bien. »
L’allure augmente encore, le train ne se balade plus, il avance maintenant de façon déterminée. Le contrôleur passe. Il est en petite chemise, casquette SNCF et sourire aux lèvres. Il sait la chance qu’il a de travailler sur cette ligne. C’est très agréable d’être contrôlé de cette façon.
10h25 : petit arrêt en gare de Villefort. Nous sommes en Languedoc/Roussillon. Notre wagon avale quelques touristes lourdement chargés, puis quelques autochtones.
10h40 : trois minutes d’arrêt à Genolhac. Quelques personnes s’embrassent et se quittent avec émotion. Je trouve les adieux sur le quai d’une gare toujours plus émouvants qu’ailleurs, je ne saurais dire pourquoi.
11h05 : nous voici à La Grand Combe la Pise, département du Gard. Le vert du décor devient plus clair maintenant. Les feuillus semblent avoir négocié et obtenu le droit de coloniser les collines gardoises.
11h20 : arrêt en la grande gare d’Alès. Les choses changent. Les hameaux deviennent de petites villes. Le Massif Central nous offre encore quelques collines mais ce n’est qu’un baroud d’honneur. Dans quelques instants, la Provence nous ouvrira les bras.
Voilà, c’est fait. Nous entrons dans un nouveau monde. La ligne d’horizon devient une réalité. Quelques champs de tournesol et des parcelles de vigne commencent à apparaître. Le style des maisons et des toitures change. Notre train, lui, file à vive allure sur une deux voies. Dans la rame, 90% des sièges sont occupés.
Midi pile : nous entrons en gare de Nîmes. Mon récit s’achève ici. Je jette un coup d’œil sur les trains en partance et je vois des destinations comme Montpellier, Lyon, Marseille et même un TGV Lille-Flandres.
Une invitation à d’autres voyages, d’autres récits.
Nous avons 1 heure1/2 pour avaler un sandwich maison devant les grandes arènes de Nîmes avant de partir. La petite est ravie.
Vraiment, je ne regrette pas d’avoir choisi le train pour voyager et je vous encourage vivement à faire de même si l’occasion se présente. »
Septembre 2015