Gilbert B. : Cette nuit, papa

Cette nuit, papa
J’ai encore rêvé de toi
Au pied de ton mur tu étais
Avec ta gache*, tes pierres et ton mortier.

Toi, l’un des maçons de la commune,
Et mon souvenir s’embrume.
Encore ce soir, je prends ma plume
Tes murs se reflètent sous la lune.

Toi, le constructeur infatigable
L’homme travailleur et affable
Très à l’aise dans ton pays
Tu étais semblable à un érudit.

Papa, qu’en est-il aujourd’hui ?
Partout, tu as imprégné ta vie
Dans ta simple géographie
En y passant sans répit.

La terre de mon jardin cependant
Ressemble à celle de tes champs.
Je la cultive comme toi pourtant,
Elle te ressemble tellement !

Je la pétris comme un paysan
Elle nous unit encore en ce présent,
Elle est devenue notre lien,
Elle est l’amalgame qui nous prend.

Sur les bois de l’Estrade on entend
Encore la plainte des vents
Les Pragronds regorgent de tant de larmes,
Les prairies humides sans âmes.

Parle au temps, les saisons se souviennent.
Écoute les oiseaux, les forêts te comprennent,
Pleure le soleil et chante la pluie
Vive le jour et meurt la nuit.

Couleurs de Gilbert d’une pensée qui le suit

*gache: outil de maçon servant à étaler du plâtre ou de l’enduit.



 

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