Gilbert B. : Thoras 2000

 

Le clocher du bourg surveille sa foire
Papa, nous sommes à Thoras
Cette foire annuelle était ta passion
On y venait pour manger et boire
Acheter et remplir sa besace
Sept ans plus tard nous nous rencontrons

Depuis ta mort, je ne suis plus venu
Et parfois je me trouvais un peu perdu
J’ai longtemps parcouru les étals
Et même acheté des bonbons en bocal

Te devinant caché derrière les vaches
Pour surveiller discrètement une pache
Je suis allé à la buvette
Mais sans toi, c’était plus la fête

Je t’ai vu surgir derrière un camion
Avec un de tes sourires les plus bons
J’ai pris beaucoup de photos
Tous ces clichés que tu trouvais très beaux

Nous sommes en l’an 2000
Et je t’ai apporté ma présence
Même si tu rayonnais par ton absence
A ce marché qui tombait pile

Au petit resto, on sortait l’opinel
On buvait du Notre Dame des Neiges
Papa j’y pense souvent
A ces délicieux moments

Heureux dans ce monde agricole
Au pied d’une botte de paille
Un tonnelet de vin pour faire ripaille
Boire un verre et parfois au bol

Le peuple paysan s’était rassemblé
Pour ce grand jour de marché
Cette foire annuelle que tu adulais
Elle était ton espérance Papa

Aux alentours les vaches émaillent les prés
La race Aubrac que tu préférais
Les petits veaux que tu caressais
Tout cela te donnait de la gaieté

Les rencontres au hasard du marché
Que de conversations tu animais
En termes de vaches tu t’y connaissais
On te demandait et tu conseillais

Je suis passé près du grand frêne
Je lui ai confié ma peine
Il m’a répondu « à chacun son destin »
Dans la brume du petit matin

Le clocher égrène les heures
Et j’ai bien froid au cœur
Dans les débats je t’entendais
Parmi les vaches je te voyais

Le Panis serpente au pied de la place
L’ambiance est à son comble
Je suis instinctivement ton ombre
Moi aussi de cette foire je ne me lasse

Encerclé par les montagnes
Au creux d’une petite vallée
Le village est bien dans cette campagne
Cette foire est un spectacle à admirer

Thoras est là dans son écrin
Que l’on contemple du haut d’un chemin
J’ai rencontré le pastoureau de Donazac
Qui a 86 ans, c’est le père Trintignac

On comprend sa vie et son personnage
Bon pied, bon œil malgré son grand âge

J’ai rencontré ceux que nous trouvions
Et nous avons parlé un peu de toi
Avec tristesse, amertume, émotion
Ta présence me manque, oh toi, Papa

Cette foire nous rassemble
Même si nous ne sommes plus ensemble
Par ce poème que tu saurais apprécier
Toi mon père que jamais je ne reverrai.

Juin 2016

 

 

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