Arrête de fumer

La cigarette électronique est entrée dans la vie de Serge le 21 janvier 2016. C’est Félix qui la lui a offerte. Au début, Serge avait choisi de la charger avec un liquide contenant de la nicotine. Relativement peu de temps après, il a rechargé son réservoir avec du liquide sans nicotine. Puis, ses deux e-cigarettes sont tombées en panne et il a cessé de vapoter définitivement.
Si certains vilipendent la cigarette électronique, on peut pourtant constater que c’est une grosse aide pour les ceux qui ont l’intention d’arrêter de fumer. Serge a commencé à fumer vers ses 14-15 ans et n’a jamais cessé depuis, ce qui lui fait de très nombreuses années de tabagie.
Il fumait des cigarettes qu’il roulait avec du tabac gris.

C’est dire que rien n’est impossible !
Alors, pose ta clope, pousse ton cendrier ou range ta cigarette électronique, aujourd’hui je te parle nicotine. Il y a plus d’un milliard de fumeurs sur terre, alors que les effets néfastes sont reconnus depuis presque deux siècles. Comment en est-on arrivé là ? Voici l’histoire du tabac.

La découverte des Amériques :
On estime que la culture du tabac a commencé il y a plus de 3000 ans sur le continent américain. Lors de l’arrivée des Européens sur les terres à partir de 1492, Christophe Colomb raconte que les locaux fument pour se soigner : « ils roulent des feuilles de petum  jusqu’à obtenir une sorte de grand cigare qu’ils appellent tabaco ». Ils « brûlent la plante avec du charbon et aspirent la fumée odorante, d’autres utilisent des bâtons creux remplis de feuilles hachées, d’autres encore chiquent ou respirent une sorte de poudre ».
De plus, les Amérindiens fument également le calumet, ils y font brûler des mélanges d’herbe, le plus souvent du tabac et du chanvre. Bartolome de la Casas explique que les locaux allument le bout des chalumeaux qu’ils appellent tabacos et aspirent par l’autre bout. Ça provoque soi-disant une sorte de torpeur et d’intoxication qui enlèvent la fatigue.
Tout ça, ça plaît bien aux Européens; lorsque Christophe Colomb rentre en Espagne, il fait découvrir le tabac à Charles Quint qui décide de faire pousser une culture à Cuba.
En Europe aussi on fume, mais pas du tabac. Les Grecs et les Romains sont de grands consommateurs de feuilles d’eucalyptus et de poirier qu’ils fument à la pipe. En Europe, comme aux Amériques, la fumée est utilisée pour soigner, mais aussi pour prier. Car la prière s’accroche à la fumée et monte au ciel, rejoindre les Dieux, ou Grands Esprits…

L’arrivée du tabac en Europe :
Charles Quint fait un peu le malin, genre : « j’ai découvert un nouveau continent et je vais vous le prouver. » Il fait venir des plants de tabac à la cour espagnole. Mais c’est une simple plante d’ornement, comme un ficus, ou un bonsaïLes choses vont changer au milieu du XVIème siècle; le médecin de Philippe veut suivre l’exemple des Indiens et utiliser le tabac comme remède universel. » T’as mal à la tête ? Fume. T’as de l’asthme ? Fume. T’as mal au ventre ? Chique. T’as mal nulle part ? La prévention au tabac, c’est le mieux. »
Dès les années 1520, les graines de tabac sont rapportées en nombre en Europe. On le cultive exclusivement au Portugal. Car il faut un climat adapté. Le Portugal, c’est pas mal.

En 1560, Jean Nicot, alors ambassadeur de France au Portugal, envoie de la poudre de tabac à la Reine Catherine de Médicis car François II a de terribles migraines. Nicot est persuadé que la solution est le tabac. Et en fait, ça marche plutôt bien. Ça calme François. Le tabac devient « l’herbe à la reine ». Pour remercier Jean Nicot de sa trouvaille, le tabac est alors appelé « Nicotiana Tabacum », ou encore « nicotiane » ou en hommage à la Reine « médicée » et « catherinaire ». Toute la cour de France va adopter le tabac. En plus, c’est comme pour les Noirs, ça fait exotique.

Le business du tabac :
Durant le règne de Louis XIV, Colbert décrète le « privilège de fabrication et de vente » .
D’abord on sous-traite un peu partout, et puis finalement la compagnie des Indes obtient le privilège du monopole ! Évidemment, nationaliser la tabaculture, c’est s’offrir la possibilité de taxer à gogo pour se faire des couilles en or. Enfin, l’État quoi… Enfin… bref. En 1719, la culture du tabac est interdite en France, et si quelqu’un s’amuse à faire pousser quelques plants, la sanction peut être sévère. Trois exceptions existent : la Franche-Comté, la Flandre et l’Alsace. Ces régions ont de grandes productions exportatrices, alors ça fait du business qu’on peut pas rompre si facilement. Mais en 1791, il n’y a plus d’exception.
Fumeurs

Au XVIIIème siècle, les premiers accros à la pipe vont faire leur apparition, c’est le cas de Molière qui, dans une de ses pièces, il fait dire à un personnage : « Qui vit sans tabac est indigne de vivre ! »…Et devinez de quelle époque date la chanson : j’ai du bon tabac dans ma tabatière ? Dans le mille, du XVIIIème siècle ! C’est l’abbé Gabriel-Charles de Lattaignant qui l’a écrite en 1760.
Si le tabac ne soigne pas les maux de tête de tous les enfants royaux, il connaît un engouement partout en Europe. Et partout ailleurs (Maroc, Corée, Japon, Chine…) dès la fin du XVIème siècle.

La première cigarette :
La première cigarette a été inventée en 1843 mais il faudra encore attendre un demi siècle pour la voir s’imposer comme un produit de consommation courante. En 1926, l’État crée le Service d’Exploitation Industrielle des Tabacs et Allumettes (SEITA) pour gérer le monopole de la tabaculture. Tous les bénéfices sont reversés à une caisse autonome pour rembourser les emprunts de l’État. Du coup, ça arrange bien la France que la population fume, en plus la sécurité sociale n’existe pas encore totalement, donc si une personne chope un cancer qu’on sait pas encore diagnostiquer, tant pis, il meurt et puis c’est tout. Les publicités sont partout, pour les cigarettes, pour les pipes, le tabac, le papier à rouler…
Il faut savoir que pendant les deux guerres mondiales, il se mettait en place la distribution de cigarettes gratuites pour les soldats. La fin de la seconde guerre mondiale va alors généraliser la consommation de cigarette. Celui  qui a fumé pendant plusieurs années, subissant la pression de la guerre, la peur, la dalle, le froid, une fois chez lui, il a envie de se fumer sa clope, seul réconfort pendant la guerre.
En 1939, la production dépasse les 2700 millions de tonnes. Donc en gros, ça fait… beaucoup.
En 1932, il existe un Congrès des fumeurs. Une sorte de réunion des dépendants à la nicotine qui viennent élire le plus beau geste. Voici en photo la gagnante : Suzy Pernin.
congrès des fumeurs

 

Les premières cigarettes industrielles sont apparues en Espagne vers 1830. On les appelle les cigarrillos car ça ressemble à des cigales, par la forme et la taille. En France, on le francise en cigarette.
En 1845, la France instaure le monopole étatique de la fabrication de cigarettes. Mais la pipe reste le mode de consommation préféré des Français jusqu’en 1870.
A coté de la cigarette, se développe le fume cigarette. Un accessoire de mode, en forme de tube légèrement évasé dans lequel on met la cigarette. Ainsi, les lèvres ne sont pas en contact avec le papier, et on ne se brûle pas la moustache ! Dans un premier temps, le fume cigarette est fabriqué en argent, en or ou en ivoire, puis avec la mode du plastique, il se généralise. C’est beaucoup moins cher. Les femmes aiment utiliser cet accessoire dans les années 1910, les hommes ne l’acceptent qu’en 1930.
La cigarette filtre telle qu’on la connaît est inventée dans les années 1930 en Suisse, mais elle n’arrive dans les foyers qu’en 1950. Elle se compose de tabac, de papier et de colle. En 1982, on produit plus de 4 600 milliards de cigarettes. Ça fait quelques cartouches d’avance. Quelques cancers et autres affections tabagiques graves aussi… Eh oui. Le développement exponentiel de la cigarette coïncide avec le développement des cancers du poumon et d’autres maladies graves. En effet, la fumée de cigarette contient de nombreuses substances toxiques. Il y en a au moins 50 qui sont reconnues comme cancérigènes, à savoir, le goudron, l’arsenic, l’ammoniac…
A ce jour, plus d’un milliard de personnes dans le monde consomment du tabac et environ quatre millions par an décèdent du tabagisme. Mais bon, continuez, ça fait de belles photos pour illustrer les articles.
En 1976, est apparue sur les paquets de cigarettes et de tabac, la mention « abus dangereux ». De même, dans un souci de santé publique, il est interdit de fumer dans les lieux publics. C’est en 2008 que cette interdiction est étendue aux restaurants, bars, discothèques.
Ce qui nous semblait une révolution est en fait très vite entré dans les habitudes.

http://www.lcp.fr/emissions/etat-de-sante/274678-cigarette-electronique-faut-il-sen-mefier

Juin 2016

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