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Cette photo est ma préférée. Elle me prend aux tripes; je n’en connais pas de plus représentative de cet homme.
Elle symbolise pour moi mon oncle André tel que mon cœur l’a conservé.
Elle m’évoque Pont d’Alleyras, l’enfance que j’ai quittée pour toujours, le temps passé sur lequel on ne revient pas, les pans de vie qui s’écroulent, la fuite inexorable des années, les morts qu’on laisse dans son sillage, le regret de celui qui représenta tant pour moi et celui qui personnifia la richesse affective qui nous lia.
Il est ici dans son élément, son activité, son domaine de compétence et de prédilection : le bois.
Ses père, frère et lui même exploitants forestiers, tous consacrèrent une grande place à la forêt et à ses arbres.
On le voit ici au bord de la route, attendant la prise de mon cliché, le dos tourné aux grumes soigneusement apprêtées pour être sciées en bûches qui alimenteront le foyer du fourneau domestique.
Il était quotidiennement vêtu d’un pantalon solide et d’une veste en moleskine en coton noir renforcé, les deux noirs, inusables et signés Adolphe Lafont.
Il regarde l’objectif de ma caméra, le regard abrité par son éternelle casquette, toujours vissée sur son crâne.
Il était mon idole, ma référence.
Juillet 2020