Equinoxe d’automne

L’auteur, aujourd’hui décédé et que je connaissais était un journaliste local. A l’occasion d’une de mes visites, jl m’avait donné ce poème…

Vos reins décharnés, Cévennes,
Saillent dans les ouragans
Comme d’écrasantes peines,
Vos profils extravagants
Étonnent.

Quand l’equinoxe claironne,
Allongés sous le ciel noir,
Les monts semblent des fantômes
Rencontrés au long des soirs
Funèbres.

Oh ! le vent quand les ténèbres
Encombrent les hauts plateaux !
Oh ! le vent sur mes vertèbres
Comme le fil de couteaux
Atroces !

Quels ébouriffants carrosses
Avec les pins pour cochers !
Quels hippocampes féroces
En route vers les rochers
Sans vie !

Pauvre tête endolorie !
Coque vide sur les vents
Qui te battent, te charrient,
Le rictus entre les dents !
Pauvre homme !

Battez ce front de vos psaumes,
Spectres pâles du ciel noir !
Quelles voix beuglent des psaumes,
Ou quels vents ? Allez-y voir
Vous-même.

Ah ! lutter sans un blasphème
Contre les souffles pervers,
Tenir tête, le cœur blême
Comme un roc, sous les hivers,
Inerte !

Vent des crépuscules, certes,
Vents des enfers sur mon front,
Qui broyez les feuilles vertes,
Mes yeux rouges pleureront
Sans doute.

Ah ! tout est rouge ! la route,
Le ciel, l’azur, les forêts,
Tandis que tressaille toute
Ma peur aux maigres jarrets,
La folle !

Pesons d’une ferme épaule,
Toujours, contre ces vents lourds
Qui sans trêve caracolent
Au ciel, comme des vautours.

Autour des basses chaumières
Tristes au déclin des jours,
Qui de leurs pâles lumières
Tressaillent aux carrefours…

Jean Chervalier

 

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