- C’était il y a longtemps… Autour des années 1970, peut-être un peu avant. Des gens du village de Pont d’Alleyras possédaient des parcelles de terrain à La Varenne, terres très fertiles, planes, facilement cultivables. Mon oncle André Archer cultivait un champ de légumes, de betteraves fourragères, de pommes de terre et un grand espace de luzerne.
Ma tante Marie Neyraval née Archer, dite « La Loustette* » allait journellement, son outil sur l’épaule, soigner ses cultures.
Mais, la municipalité de l’époque avait décidé d’équiper le village d’un village de vacances et de le faire construire au bord de l’Allier. Elle résolut donc d’acheter ces terrains de La Varenne ou de procéder à leur expropriation si nécessaire. Une décision d’utilité publique fut décrétée. C’est ainsi que mon oncle André, la tante Marie perdirent leurs terrains si fertiles.
Je me souviens de cette tante qui tempêtait contre ces empêcheurs de tourner en rond que représentaient pour elle le maire et la SAFER; elle les appelaient « les grands seigneurs de la Baume », puisqu’ils décidaient de chasser les petits propriétaires de leurs arpents de terre qu’ils chérissaient.
En souvenir surtout de ce petit bout de femme qu’était la tante Marie, qui a tant défendu son morceau de terrain contre « les envahisseurs », une petite composition pour l’honorer et saluer sa résistance alors que tous capitulaient.
« Fais ta valise, ma vieille, fais ta valise.
La terre où tu naquis n’est plus à toi.
Fais ta valise, ma vieille, fais ta valise.
Le fruit de ta sueur n’est plus à toi.
Ta raison de vivre n’est plus à toi.
Fais ta valise, ma vieille, fais ta valise.
Comme un vol de corbeaux encravatés,
Les beaux messieurs s’abattent sur ton champ.
Arpentent le sol à pas mesurés,
Sous l’œil étonné de la vieille paysanne,
Qui se demande si la route du progrès
Doit passer à travers son champ.
Refrain
Avec des gestes froids de chirurgien,
Ils ont tout jaugé et pesé en silence,
Lancé les arguments qu’elle n’entend point,
Au front buté de Marie qui se balance.
Et en vérité, ne voit pas très bien
Qui peut du progrès arrêter l’avance.
Refrain
Ils ont mis leurs sourires compassés,
Quand Marie a tremblé sur ses racines.
Mais personne ne la verra tomber.
Déjà sur elle l’avenir se dessine;
La route future déjà se repait
Du vieux terrain broyé par la machine.
Fais ta valise, ma vieille, fais ta valise.
La terre où tu naquis n’est plus à toi.
Fais ta valise, ma vieille, fais ta valise.
Le fruit de ta sueur n’est plus à toi.
Fais ta valise, ma vieille, fais ta valise.
Ta raison de vivre n’est plus à toi.
Fais ta valise, ma vieille, fais ta valise.
* « la Loustette » : la femme de Louis
Je viens de retrouver un bulletin municipal de 2005 qui retrace un rappel historique.
Le village de vacances de Pont d’Alleyras a été construit en 1969-1970. Comme suite à l’arrêt de l’exploitation par l’Association Vacances promotion, propriétaire, c’est l’Association Cap Vacances qui a assuré la gestion et l’exploitation du village, d’abord à titre précaire de 1990 à 1993.
La commune d’Alleyras a acquis le village de vacances à Vacances Promotion en 1994 pour 1 400 000 F. Elle a décidé à) l’époque d’engager, avec le concours du SMAT du Haut-Allier, la mise en œuvre d’un premier programme de requalification, rénovation et extension du village de vacances et d’en confier l’exploitation à long terme à l’Association Cap Vacances…
Mai 2017