Le restaurant du Haut-Allier

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Le bâtiment, aujourd’hui hôtel et restaurant luxueux de l’avenue de la gare à Pont d’Alleyras, abritait dans mon enfance et ma jeunesse un café, un débit de tabac, un point presse, une épicerie. Ce commerce était tenu par le maire d’Alleyras de l’époque, Raymond Cacaud qu’épaulaient son épouse, sa mère et son oncle Eugène.
Ce dernier était un copain de mon oncle André. Tous deux jouent à la pétanque le dimanche. Eugène venait régulièrement lui apporter une caisse de vin blanc Notre Dame des Neiges qu’il remorquait dans sa brouette de bois. Après les politesses d’usage, Il sortait de la boîte sa tondeuse à main pour couper les cheveux de mon oncle. Je me souviens que les branches de celle-ci faisaient un va-et-vient alternatif et rapide tandis que les cheveux tombaient.
Philippe Brun a épousé Michèle Cacaud et le couple a fait de l’ancien établissement un restaurant étoilé au guide Michelin et réputé dans la région.
Il cuisine la lentille verte du Puy, une légumineuse dont il fait ici la promotion.

http://www.francetvinfo.fr/culture/gastronomie/sante-les-bienfaits-des-legumineuses_1391567.html

Avril 2016

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L’arche de Néo

En effectuant des recherches sur le web, je tombe fortuitement sur ce projet qui me semble bien intéressant et que cet article reprend.

Afficher l'image d'originehttp://asso.permaculture.fr/2016/03/soutient-a-larche-de-neo/
Partenaire de l’Arche de Néo, projet porté par Terre Paille & Compagnie, l’Arche de Néo vous propose de soutenir ce projet de pépinière de conservatoire ! Retrouvez la sur ULULE !!
L’Arche de Néo a pour principal objectif la préservation, la multiplication et la distribution d’arbres ayant une forte valeur écologique et/ou un grand potentiel nourricier, bref, des essences toutes plus incroyablement utiles les unes que les autres. Tout cela avec pour objectif leur implantation dans des contextes aussi divers que possible : agroforesterie (céréalière ou maraîchère), jardins de particuliers, parcs communaux…
En outre, l’Arche de Néo souhaite encourager des créations de biotopes – milieux abritant une forte biodiversité et indispensables à l’existence des espèces de la faune et de la flore – avec ces arbres précieux. Les porteurs de projet accompagneront les volontaires dans le design de leur terrain, le choix des essences, la plantation et l’entretien des arbres.
La pépinière se doublera enfin d’un centre de recherche et de formation sur les techniques d’entretien et de multiplication écologique des arbres. Ils organiseront des stages de formation pour les acteurs de la filière – pépiniéristes, maraîchers, agriculteurs – et des stages de sensibilisation aux enjeux de la replantation de nos régions pour le grand public !!
Soutenez-les et tous ensemble aidons le monde de demain à prendre racine dès aujourd’hui !

Avril 2016

 

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Monoprix et les oeufs

J’ai  regardé la vidéo publiée par L 214 sur les conditions faites aux poules consacrées à la vente d’œufs que Monoprix proposait sur ses étals. La voici car il faut bien comparer avec aujourd’hui. Un consommateur et surtout un homme averti en vaut deux !

http://www.l214.com/poules-pondeuses-oeufs?gclid=CjwKEAjwi9K4BRCQzq7d1c6A_XASJABueAO2zVwDBvEwS-5j94WXMuS03OdeP5f5EUrRX-cM0c7FXBoCzEDw_wcB

La politique de Monoprix a changé : depuis lundi 11 avril 2016, la nouvelle est officielle : Monoprix a définitivement supprimé tous les œufs de poules en cages de son rayon “œufs”.
Cette enseigne s’était déjà engagée depuis 2013 à ne plus vendre d’œufs de poules en cages sur sa marque propre. Cette avancée, alors unique en France, faisait suite à une campagne de L214 menée pendant un an auprès du siège et de la clientèle des magasins de l’enseigne.
Il restait alors des œufs de poules en cage vendus sous grandes marques nationales, comme Matines, ou en marque “premier prix”.
Désormais, Monoprix va donc plus loin dans son engagement en supprimant tout œuf de code “3” de son rayon œufs frais. Et c’est l’équivalent de 75 000 poules qui ne vivront plus l’enfer des cages.
Si Monoprix est la première des grandes enseignes nationales à se prononcer contre la vente d’œufs de poules en cages, deux autres enseignes présentes en France ont aussi tourné le dos aux œufs de batterie l’an dernier : le groupe Schiever (Atac) et les magasins Colruyt.
Reçue lundi matin au siège de l’enseigne, L214 a pu s’entretenir avec Monoprix et inciter l’enseigne à continuer avec d’autres engagements favorables aux animaux. Dès qu’elle contribue à soulager effectivement une part des souffrances qui leurs sont infligées, chaque mesure tenant davantage compte des animaux est un pas dans la bonne direction.
Les poules en cages, en quoi leur vie diffère des poules en plein air ? Quels points communs entre tous les modes d’élevage ? Vous le découvrirez dans ce tableau de synthèse :
tableau codes oeufs mode d'élevage 0 1 2 3

Avril 2016

 

 

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Mado et le franc or

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Je n’étais pas allée à Pont d’Alleyras depuis mi décembre, il faisait froid et nous cherchions une nouvelle voiture  roulant au G.P.L.  Les choses ont changé : le printemps et la douceur sont de retour, nous avons acheté une Volvo, notre véhicule favori. Je n’avais donc pas pu consulter le courrier dans notre boîte aux lettres. En l’ouvrant, Volcan n° 81 s’y trouvait… Christophe Colpaert qui a quitté Alleyras pour d’autres cieux, y signe un nouvel article que je reprends sur ces pages puisqu’il parle de Madeleine Rodde ou plutôt Mado que j’apprécie beaucoup. Je cède la parole à Christophe et à son talent de conteur.

« C’est au bourg d’Alleyras, en 1952, que se déroule l’anecdote que je vais vous conter.
Imaginez-vous une belle journée, un beau ciel, un joli soleil. Comme aujourd’hui est un jour sans école, la petite Madeleine, huit ans, décide d’accompagner son père qui doit labourer un bout de champ situé à l’entrée du village. Comme encore bon nombre de petits paysans de cette époque, l’homme n’a pas de tracteur. Ce sont donc les deux vaches de la ferme, répondant aux doux noms de Dragonne et Fauvette, qui se retrouvent attelées à une charrue et qui serviront de force motrice. C’est au pas tranquille de l’attelage que tout notre petit monde part pour la terre à travailler. La fillette et le père mettent à profit ce laps de temps pour se parler. Ils discutent de tout, de rien, les deux apprécient beaucoup ce moment de partage. Arrivés au champ, l’homme et ses vaches commencent leur labeur, leur labour. La petite Madeleine que presque tout le monde surnomme Mado s’amuse quant à elle dans les sillons fraîchement tracés. Quand on a huit ans et de l’imagination, n’importe quel bout de terrain se transforme vite en véritable royaume.
L’esprit tout occupé à son jeu, les yeux de Mado sont soudainement attirés par une brillance qui provient de la terre remontée d’une raie de labour. Elle s’en approche pour voir ce que c’est et découvre une rondelle. Elle la prend dans ses mains et, la regardant mieux, comprend qu’elle vient de ramasser un sou. La monnaie a du relief et elle peut y lire : 20 FRANCS. « La belle affaire que voilà ! » pense-t-elle. Car en petite gourmande qu’elle est, Mado convertit immédiatement sa subite richesse en bonbon chewing-gum : « puisqu’un chewing-gum coûte 10 francs, je vais pouvoir m’en acheter deux« . Et pour éviter d’avoir à partager avec  quiconque ce futur délice, elle glisse très rapidement la pièce dans la poche de son tablier. Pour assouvir son envie gourmande, Mado n’a pas à aller bien loin puisqu’au bourg d’Alleyras se trouve une épicerie tenue par la mère Bonhomme que tout le monde surnomme « la boulangère ».
Ce petit commerce, maintenant disparu, se trouvait au centre du village, juste devant l’église et la fontaine. On peut encore apercevoir, à l’extérieur de la vieille devanture, une barre de fer avec des crochets où étaient pendues les couronnes de pain. Mado se souvient qu’on y trouvait, entre autres, du chocolat Kholer et du chocolat Pupier, mais son péché mignon du moment, c’était la gomme à mâcher.
La petite fille en salive déjà. Pourtant une chose la tracasse. C’est que la pièce de 20 francs lui semble un peu étrange. Elle n’est pas comme les autres. Elle la scrute de nouveau et peut y lire : « Dieu protège la France« . « Et si elle était fausse ? Et si la mère Bonhomme me refusait cette pièce ? » s’inquiète la gamine. C’est avec sagesse que Mado décide finalement de montrer sa trouvaille au paternel, qui la voyant, écarquille les yeux et lui lance « mais c’est une pièce d’or ! »
Qu’on ait 8 ans ou 88, le mot OR résonne immédiatement aux oreilles de tous avec la même magie. Le petit sou d’une valeur de deux chewing-gums vient de se transformer en véritable trésor pour notre gamine. Vite, elle récupère sa monnaie en or et part la montrer toute fière à qui veut bien la regarder : à son frère, à ses amis, aux voisins, aux gens du bourg, à tout le monde… C’était un Napoléon 20 francs OR.
Mado ne m’a pas dit ce qu’il était advenu de sa pièce, et je ne le lui ai pas demandé. J’aime à imaginer qu’elle la possède encore et qu’un matin, poussée par sa gourmandise, elle ira chez l’épicier du coin pour la convertir en chewing-gums.
Aussi, pour toi Mado, et parce que je te sais lectrice du journal « Volcan », je souhaite t’informer qu’au cours actuel du Napoléon OR, et en les prenant au détail, tu pourras t’offrir 814 « dubble gum » et autres « malabar » chez ton épicier préféré.
Cet article est entièrement issu des souvenirs et des dires de Mado qui habite encore dans la ferme familiale rénovée en maison d’habitation. Un grand merci à elle pour ce partage. »

Avril 2016

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L’antique voie Bolène passe à Alleyras


Incroyable mais pourtant vrai ! Allez-voir le site de Marko Gouttebroze !
http://alleyras-capitale.info/?329-coup-de-theatre-les-authentiques

http://alleyras-capitale.info/?368-l-antique-voie-bolene-lyon

 

 

 

 

 

 

 

 

La suite de l’article dans Alleyras Capitale tenu par Marko ici : http://alleyras-capitale.info/?368-l-antique-voie-bolene-lyon

Et pour finir, la rencontre avec l’historien : https://www.youtube.com/watch?v=mF-hf-BwALc

 

Avril 2016

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Marie Barnier, la Vabraise

Dans le numéro 82 de février-mars 2016, Fanny Gimenez  fait le portrait de cette dame originaire de notre pays. La voici à gauche à l’age de 13 ans

C’est le 24 février 1925 que Marie pointe le bout de son nez dans le petit village de Vabres, célèbre autrefois pour la qualité de ses poteries.
Revenons à Marie Barnier bien connue des gens du village; c’est une fille du pays issue d’une fratrie de sept enfants; elle a grandi à Vabres, y a fait ses études, puis est partie travailler ailleurs comme d’autres. Mais son cœur n’a jamais quitté ces hautes collines entourant son village natal. Tout ça, elle me le raconte modestement avec, entre chaque anecdote, des rires, quelques hésitations et encore des rires.
Elle se souvient du Vabres d’antan, la « viagua », la « crosetta », « lo fond di haut » et « lo caïre »; elle ne connaît pas vraiment l’origine de ces noms, elle les a toujours entendus; peut-être avaient-ils été donnés à l’époque médiévale, nous dit Marie, ce qui permettait de situer différents lieux dans le hameau, en quelque sorte des quartiers.
« A l’époque, il y avait beaucoup de monde » nous confie-t-elle. On y trouvait trois cafés, une épicerie, une école, une église et divers corps de métier. Chacun un peu paysan et potier à sa manière, il y avait de tout à Vabres. Pas loin de 80 habitants uniquement dans ce bourg, la vie était alors bien rythmée, grâce aussi aux nombreux enfants qui couraient et jouaient entre les rues du village et la rivière.
La maîtresse n’avait pas le temps de s’ennuyer avec la vingtaine de bambins qui occupaient la salle de classe. Marie se rappelle de cette institutrice, qu’elle a connue pendant toute sa scolarité; du haut de ses 90 ans elle garde encore un grand respect pour celle-ci; elle semble en avoir 12 quand elle me parle d’elle. Cette Mlle Jeanne Brugeiroux devenue Mme Pascual, avait épousé un espagnol. « Gare aux mains sales ou aux oublis de politesse comme bonjour, cela ne lui échappait jamais et aussitôt elle nous reprenait« . Son mari avait fabriqué pour les élèves un filet pour pouvoir jouer au ballon, ce qui avait fait leur bonheur ! C’est cette même maîtresse qui ferma l’école de Vabres vers 1943. Les petits villageois durent aller à l’école des sœurs ou à l’école laïque d’Alleyras. Marie avait déjà fini sa scolarité à cette époque mais connaissait cependant bien cette école des religieuses car tous les jeudis, elle allait au catéchisme et au cours d’enseignement ménager.
A partir de 14 ans, Marie commence les travaux saisonniers : vendanges, cueillette des fraises à Carpentras, Monteux…elle aimait beaucoup ça.
Pour ce faire, une dame rassemblait les jeunes du village, formait ainsi « la cola » en prévision du départ.
A 16 ans, Marie quitte Vabres pour assumer sa vie professionnelle qui l’amène à Saint-Privas d’Allier; pendant quatre années, elle apprend le métier chez un boulanger, puis à Nîmes, toujours comme mitron. Sa tante la contacte ensuite pour venir à Hyères dans le Var, et là encore elle travaille pour un boulanger, je commence à croire que Marie avait du nez ou plutôt un goût certain pour les viennoiseries et le bon pain.
Mais la suite de sa carrière prend un tournant : elle part à Retournac dans une usine de tissage dénommée Dufour, maintenant fermée. Elle y travaille pendant dix ans, puis entre au lycée Simone Weil en tant qu’agent de lycée où elle est titularisée. Par la suite, elle va au lycée Jean Monnet où elle finit sa carrière.
Malgré de nombreuses années passées loin de Vabres, elle y retourne régulièrement et se souvient de l’arrivée de l’électricité et de l’eau au robinet, à la fin des années 50. Ce fut un confort certain, qui avait ses avantages et aussi ses inconvénients car avec l’installation progressive des abreuvoirs automatiques, il n’était plus nécessaire de sortir les vaches : « quand nous étions jeunes, nous les amenions au champ, c’était l’occasion de profiter quelques instants de la rivière« . Il y avait beaucoup de pêcheurs, l’Allier regorgeait de truites, les femmes du village y venaient aussi pour rincer leur linge. Elle me parle aussi de la passerelle qui permettait de relier Vabres à Alleyras. A une époque plus lointaine, elle desservait le Gévaudan au Velay qui avait pour frontière l’Allier; c’était le passage principal pour accéder à Alleyras. Maintenant cette passerelle n’existe plus, elle fut détruite lors de la crue de 1973; seul un câble est aujourd’hui encore visible. Ce petit bout de femme assume l’entretien de deux résidences, un appartement au Puy et sa maison de Vabres; du haut de ses 89 ans, elle ne semble pas fatiguée, elle va même chercher du bois dans la forêt et le scie en bûches.
Elle est souriante et accueillante, merci à elle pour ce beau moment.

Avril 2016

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Les cyclones que j’ai connus

Iles de la Société

La première saison de mon suis arrivée à Raiatea a connu trois cyclones qui m’ont mise dans le bain météorologique d’une île tropicale. Au cours de cette saison cyclonique 1997-98, ces îles de la Société ont  connu d’intenses épisodes climatiques.
En novembre 1997, les trois atolls de Manuae, Mopelia et Bellingshausen ou Motu One  (où une famille entière fut emportée) furent balayés par le cyclone Martin.
Maupiti se trouva dans l’œil du cyclone Osea le 25 novembre 1997 puis dans celui d’Alan en avril 1998 où de violentes rafales détruisirent  embarcations, habitations, bâtiments publics et commerciaux.  L’épisode de 1997-98 fut de forte intensité et de nombreux auteurs le comparent à celui de 1982-83, cependant on ne peut ainsi dire que l’un l’emporte sur l’autre. La seule conclusion est qu’une succession à seulement quatorze ans d’intervalle de deux épisodes classés tous deux dans la catégorie de force exceptionnelle pose le problème de l’origine de cet excès d’énergie .
Les dommages enregistrés sur les îles hautes de la Société dont celle de Raiatea où j’habitais ne furent pas causés par la mer, mais associés aux effets induits des vents et des fortes précipitations. En effet, si la plaine côtière est vulnérable aux submersions marines, la barrière corallienne et le lagon jouent un rôle protecteur primordial en amortissant les houles. Les destructions importantes sur les îles hautes proviennent ainsi moins de la mer que des vents et des précipitations entraînant des crues et des glissements de terrain dus aux ruissellements des pluies de convection sur les reliefs. Ce furent surtout les conditions orographiques qui entraînent des effets secondaires accompagnant ou suivant des précipitations diluviennes. Les précipitations purent notamment causer de grands glissements de terrain, tels ceux engendrés par Alan aux Îles sous le Vent les 24 et 25 avril 1998 (ils feront six morts sur l’île de Tahaa).
Cependant, les cyclones les plus forts qui ont affecté, en 1982-83 et 1997-98, les îles hautes de la Société, et particulièrement Tahiti, n’ont pas engendré de crues exceptionnelles. La Papenoo, principale rivière tahitienne, a habituellement un débit moyen annuel de 11 m3/s. Les crues observées au cours de la saison 1996-97 n’ont, quant à elles, pas dépassé les 250 m3/s et n’ont induit que des débordements mineurs. Cent soixante cinq maisons furent ainsi endommagées à Papeete, 124 à Moorea et plus d’une quarantaine à Huahine, Raiatea et Tahaa. Les vents sont amplifiés par les reliefs, s’engouffrent dans les vallées et dévalent les pentes

Le récit qui suit relate des événements vécus dans l’œil du cyclone par un témoin digne de foi qui a subi le déchaînement des éléments naturels.
« Les vents de secteur est-nord-est commencent à se renforcer à partir de 14h30 et deviennent violents aux environs de 16h. Puis, vers 16h30, alors que l’on devine des trous de ciel bleu au travers d’un voile de cirrus, le vent faiblit brutalement.
Après une accalmie de quelques dizaines de minutes, le scénario infernal reprend. Le vent se renforce aussi rapidement qu’il avait faibli. Il souffle alors pendant une vingtaine de minutes avec une violence inouïe, venant cette fois du secteur ouest-nord-ouest. A ce moment, les rafales dépassent probablement 200 km/h! Des objets de toutes sortes sont soulevés et projetés au loin : feuilles et branches d’arbres, palmes de cocotiers, tôles métalliques, planches et autres projectiles de toutes sortes.

La violence des précipitations auxquelles il faut ajouter les embruns s’échappant d’un lagon déchaîné nous empêchent d’y voir à plus de quelques mètres. Le bruit est impressionnant.
Puis, progressivement, le vent s’atténue tout en s’orientant au sud-ouest. En mer, des vagues énormes déferlent le long du récif et submergent le platier avant de venir s’échouer sur les galets. Le spectacle que l’on observe alors est impressionnant : les arbres sont complètement dénudés, nombre de cocotiers ont perdu leur palmes, d’autres sont déracinés ou cassés par le milieu. Les noix de coco sont hérissées de toutes sortes de débris projetés par le vent! Des citernes d’eau, des appareils ménagers, des bateaux de plaisance sont déplacés sur des dizaines de mètres et enchevêtrés les uns dans les autres. Dans les hauts fonds du lagon qui relie l’île à un motu, une longue tranchée de plusieurs mètres de large est apparue. »

Sur l’île, une route côtière faisait le tour sur une soixantaine de kilomètres. Elle sépare les adresses et les lieux en côté mer et côté montagne. 

https://www.youtube.com/watch?v=r0myNT44vKg

https://www.youtube.com/watch?v=OWHf4Ol7Dk0

Avril 2016

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Handicap visuel = handicap invisible !

 

Cela semble a priori un avantage: il est quasi impossible de voir qu’une personne souffre d’un handicap visuel.
Alors que l’on constate vite celui moteur d’une personne sur une chaise roulante, la malvoyance ne se perçoit guère. Ce n’est pas pour rien que le panneau Handicap ne présente pas le cas de handicapés sensoriels (voir le panneau suivant par exemple, il représente un handicapé en chaise roulante alors que ceux-ci ne constituent qu’une partie des handicapés).
Ainsi, la discrimination au premier regard (possible voire certaine face à une chaise roulante et une canne blanche) n’a pas lieu sauf quand les atteintes deviennent plus perceptibles…
Cela comporte tout de même un revers important : il est parfois difficile de faire comprendre aux autres que l’apparence, en quelque sorte « normale » que peuvent présenter les personnes atteintes de pathologies oculaires est très trompeuse. Cette absence de perception de la maladie est souvent source d’incompréhension, parfois même de la part des personnes les plus proches. C’est particulièrement vrai dans un monde aux interprétations binaires (voyant versus aveugle) alors que la malvoyance existe à divers degrés.
Cela revient très souvent à un « renversement de la charge de la preuve » pour utiliser une analogie juridique. Ainsi, la personne handicapée visuelle doit souvent se justifier du fait de s’être mise à l’écart, de limiter ses activités, d’éviter certains lieux et situations susceptibles d’aggraver son état.   Elle devient victime de stigmatisation. Par exemple, je ne peux pas jouer correctement à la balle ou au ballon parce que mon cerveau n’est pas capable de suivre un objet rapide…. Mais je me fonds dans la masse… Cela est d’autant plus difficile dans les situations courantes de la vie avec des personnes que l’on ne connaît pas comme dans la rue, au restaurant ou dans les transports. C’est encore vrai dans le milieu professionnel ou simplement à l’intérieur de bâtiments où le seul fait de porter des lunettes de soleil sera plutôt interprété comme une provocation « à l’aspect touriste ou de star » alors que c’est le seul moyen de limiter la photophobie pour beaucoup d’entre les malvoyants.
Ce sont des pathologies qui rendent les personnes asociales, bien malgré elles, à plusieurs titres. La méconnaissance de ces pathologies dans la société fait le reste et conduit à la culpabilisation des malades pour couronner le tout. « Tu ne peux pas faire comme tout le monde ! »
Même dans le milieu médical ou face aux ophtalmologistes et services sociaux, cela peut s’avérer compliqué de faire état de la portée réelle de son handicap visuel. Cela s’explique assez aisément sachant que ni le handicap ni sa gêne ni la photophobie sont objectivement mesurables.
Pour ceux qui souffrent de ce type de pathologie oculaire, il est difficilement compréhensible que la fatigue qu’elle induit, les efforts  lourds et constants qu’elle impose, ne soient pas mieux reconnus alors que les yeux sont impliqués dans 80% de nos activités quotidiennes et qu’ils sont une des composantes humaines les plus sensibles. 
Se sont-ils seulement imaginés ce que pouvaient être ces sensations à longueur de journée, toute l’année depuis très longtemps de notre vie voire le restant de celle-ci ? Ce sont-ils seulement demandés ce que l’on ressent du fait d’un champ visuel largement amputé à longueur de journée ? Pourquoi ? 
Il n’y a pas de réponse à cette question mais quelques pistes intéressantes dont l’incapacité de certains individus à ressentir l’empathie : ce sentiment qui permet de comprendre (ou du moins essayer), voire d’imaginer ce que l’autre peut ressentir face à une situation difficile sans en avoir fait l’expérience soi-même. Notre société est de plus en plus souvent dénuée de véritable empathie, exceptées certaines formes d’empathie collective, il n’y a aucune raison pour qu’il n’en soit pas de même pour notre cas. Considérons cela comme un handicap émotionnel qu’il faut accepter et pour lequel nous devons regarder avec un peu d’empathie comme une forme d’incapacité intellectuelle!!! D’autre part, il est parfois plus facile pour certaines personnes de nier le handicap, évitant ainsi de se confronter à certaines obligations qui pourraient en découler, voire de se remettre en cause face à certains comportements. Les sujets liés à la souffrance et au handicap restent souvent des tabous car ils renvoient à des comportements coupables de certains d’entre nous (indifférence, malaise, préjugés, absence de solidarité, discrimination pour n’en citer que quelques-uns).
En tous cas, il est certain que l’on supporte d’autant mieux le malheur d’autrui dès lors qu’il ne nous affecte pas! Tout en s’assurant que l’on ne met pas nos propres comportements en cause! Ainsi quoi de plus facile et simple que de culpabiliser le malade de ne pouvoir surpasser les conséquences de sa maladie ! Il faut admettre aussi que les porteurs de ces pathologies peuvent être agressifs comme toutes les personnes soumises à la souffrance. Beaucoup de personnes ont du mal aussi à exprimer leurs émotions et leur volonté d’aider, certes, mais il y a toujours un moyen de le faire… pour ceux qui n’abandonnent pas à la première difficulté (ce qui n’est pas une caractéristique fréquente à notre époque).
Tout cela montre le défi auquel nous sommes confrontés pour faire reconnaître un handicap invisible.

Avril 2016

Publié dans Santé et malvoyance | 3 commentaires

La chanson du bigleux

Pour mes compagnons d’infortune, la voici, chantée par Xavier Mérand qui  est atteint d’une maladie dégénérative de la rétine. D’abord les paroles :

À ceux qui croient que j’ai beaucoup trop bu,
Qui se demandent ce qui va pas chez moi,
Car quand j’ me prends une poubelle dans la rue
Je lui dis « Oh pardon, excusez-moi ! »
À ceux qui se demandent ce que j’ai fumé
Pour arriver à m’ payer ce poteau
Y en avait qu’un, mais moi j’me l’suis mangé
Je dirai qu’ j’ai pris un coup au judo

{Refrain :}
Ça vous étonne un peu que j’ sois bigleux
J’y vois pas, ça se voit pas forcément
Si j’avais des lunettes ça serait pas mieux !
Mais vous me croirez forcément
Le jour où j’vais vous rentrer dedans !

À ceux qui pensent que je suis malpoli
Qui commencent à me mater de travers
Parce que j’ai pas dit bonjour aujourd’hui
Aux gens que l’on m’a présenté hier
À ceux qui croient que je suis un timide
Car je ne vais pas parler avec eux
Disons que j’aime pas trop me prendre un bide
En disant salut Patrick à Matthieu

{au Refrain}

À tout ceux qui me croient homosexuel
Ceux que j’entends glousser comme des bouffons
Car pour me promener dans les ruelles
J’ai pas de chien au bras mais un garçon
À ceux qui croient que j’veux les agresser
Ceux qui disent que j’ai d’la merde dans les yeux
Qui trouvent que j’aurais dû mieux regarder
Je pense que pour se cogner on est deux

{au Refrain}

À ceux qui croient que j’mange comme un cochon
Ceux qui sentent comme un petit malaise
Quand pour attraper un bout d’ saucisson
Je mets la main, merde… dans la mayonnaise !
À ceux qui me trouveraient bien mal élevé
Quand pour écraser une cigarette
Plutôt que de viser le cendrier…
Je l’éteins dans une bonne tartelette…

Puis l’interprétation :

https://www.youtube.com/watch?v=rzaxhbAD9z4

Avril 2016

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Kinsankimpur, air connu

Luc Ladiesse qui fut d’abord un de mes collège puis devint mon inspecteur de l’Éducation Nationale, il m’a marquée par son aura et sa grande compétence. J’ai souvent travaillé avec lui et pour lui. Malheureusement, la mort l’a emporté prématurément. Grâce à lui, j’ai connu le livre  qui fait l’objet de cet article.

Afficher l'image d'origineDans son recueil de nouvelles, Didier Daeninckx trace des portraits tendres ou ironiques avec une plume sans complaisance et dotée d’un œil sûr.

Le blason de la famille ornait depuis huit siècles la façade du manoir : deux faisans en turlupinade contre-cloisonnés de lions  gerbant sur fond d’azur mitonné à empanachage estourbi. La devise des Haymeries de Saint-Eustache s’inscrivait en vaguelettes sur oriflamme flottante :
 » Sang pur et sans reproches. »
Le comte Deunoyes Haymeries de Saint-Eustache, vingt-huitième du nom, planta sa canne dans l’herbe du jardin, cambra les reins et admira la bâtisse que dorait le soleil de septembre. Il aspira l’air tiède, longuement, se replaça prestement l’entrejambe puis se dirigea résolument vers l’aile droite de la demeure familiale qui abritait la bibliothèque et les archives de ses ancêtres. Il s’installa devant son écritoire de chêne et, en moins d’une heure, régla les dossiers municipaux en attente, parapha les demandes de permis de construire, les autorisations d’aide sociale aux nationaux. La famille n’avait été écartée de la gestion de la commune d’Haymeries qu’une dizaine d’années en tout, au plus fort des différentes tourmentes révolutionnaires, mais même lors de cette décennie éparpillée sur deux siècles, un Haymeries tirait quelques ficelles bien dissimulées… La populace en avait décapité un, en 1792, un autre s’était malencontreusement trouvé en villégiature à Paris, en avril 1871 : les communards ne lui avaient pas fait de cadeau… Le dernier en date à avoir subi les assauts de la vermine était son propre père, Aymar Haymeries de Saint-Eustache, compagnon du Maréchal, abattu en avril 1944, au cours d’une partie de chasse, par des maquisards qui l’avaient pris pour un soldat allemand alors qu’il rappelait à son chien Siegfried.
Le comte Deunoyes Haymeries de Saint-Eustache signa sa lettre de démission du Front national puis débarrassa son plan de travail afin de dérouler le parchemin sur lequel, depuis quinze années, il reportait les résultats de ses recherches sur la généalogie familiale. Des centaines de croix  précédaient des centaines de noms inscrits dans les cases-cercueils disséminées sur les branches, dans le feuillage. Une seule case restait libre, tout en haut, celle de la femme qui avait donné naissance à la dynastie en se mariant avec le croisé Godefroy Haymeries de Saint-Eustache, au retour de la Grande Croisade de 1270. Le comte Deunoyes Haymeries de Saint-Eustache trempa sa plume d’oie dans l’encrier et approcha en tremblant la pointe noircie du rectangle vierge. Les lettres gothiques s’enchaînèrent pour former le nom de Yasmina Lâabi-Chamnar’el Anaza.
Il avait découvert le secret par hasard, la veille, en déchiffrant les notes portées dans la marge d’un Coran antique que tout le monde, depuis des siècles, considérait comme un vulgaire souvenir de campagne. A la nuit tombée, il appuya une échelle sur la façade du manoir et effaça la devise des Haymeries à la ponceuse Black et Decker. Le lendemain, le comte Deunoyes fit son marché en djellaba, saluant ses concitoyens, en se touchant la poitrine, à hauteur du cou, et en murmurant deux syllabes qui ressemblaient à « l’abesse ». Il fut battu aux élections municipales suivantes, la liste du Front islamique du salut qu’il conduisait ne recueillant que trois voix, la sienne et celles d’un couple de commerçants marocains, une grosse majorité se portant sur le nouveau candidat de son ancien parti, un entrepreneur d’origine italienne qui n’avait qu’un slogan pour programme : « Les bougnoules dehors, Haymeries aux Haymeriens. »

 

Avril 2016

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